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Citation de Charybde2


Nom de Dieu ! Cette expédition est vraiment maudite.
Elle regarda derrière elle. Elle allait trop vite, à nouveau. Derrière elle, Carlos tirait l’autre traîneau banane, suivi par X et Wade, puis Ta Shu, qui faisait quelques pas, un tour sur lui-même et repartait en parlant toujours à son public éloigné ou, plus probablement, en enregistrant son commentaire. Venaient ensuite Jorge et Elspeth, manifestement épuisés. Jim fermait la marche avec Jack, qui soutenait son coude droit avec sa main gauche. Ils avançaient tous les huit au ralenti, pour autant que Val puisse en juger. Le vent soufflait par rafales, maintenant, des coups sournois alternant avec des plages de calme. Pour un peu, elle aurait eu pitié de Jack. C’était un enfoiré, d’accord, mais sa clavicule brisée devait le faire horriblement souffrir à chaque faux pas sur la glace. Il n’avait pas pardonné à Val de l’avoir harcelé, dans le bassin de Mohn. Et il n’était pas le seul. X lui aussi lui en voulait, à cause de leur histoire. Forcément. Cette expédition était vraiment maudite.
Wade tenait son poignet devant sa bouche et hurlait. Sans doute une nouvelle tentative infructueuse de communiquer avec le monde. À moins qu’il n’ait entendu une sonnerie et tenté de répondre. Il glissa et se hâta de reprendre son bâton de ski. De toute façon, qu’il réussisse à rétablir le contact ou non, ils n’avaient plus rien à attendre du dehors, maintenant. Val repartit, transie mais soulagée de ne plus faire face au vent. Le glacier était presque plat, à cet endroit. Il descendait juste à peine vers le bas. La glace bleue était crevassée, comme d’habitude, mais à part ça, la marche n’était pas difficile. Ils longeaient une ligne de moraine noire et rouille, sur leur gauche. Les falaises noires qui encadraient le glacier des deux côtés avaient été de toute évidence abrasées par des versions antérieures du glacier, qui devait être plus haut d’au moins trois cents mètres, à l’époque, car les parois étaient rayées sur cette hauteur, au pied des remparts qui devenaient ensuite des pics et partaient à l’assaut du ciel, tout là-haut. Le canyon n’était pas étroit et profond comme l’Axel Heiberg, mais sa largeur avait quelque chose d’encore plus impressionnant, les réduisait à l’état de fourmis. Tout était énorme. Le camp de base de Shackleton était à près de trente kilomètres de là, au confluent du glacier McGregor et du Shackleton, sous le mont Wade. Mais rien de tout ça n’était visible sous l’amas de nuages qui montaient du canyon, à part le mont Wade qui les dominait de toute sa hauteur, neige blanche sur fond de nuages blancs. Une tempête approchait.
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