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Citation de sagesse66


C’est seulement à ce moment-là que j’ai saisi l’amour de cette mère assise en face de moi dans la cale de notre bateau, tenant dans ses bras un bébé dont la tête était couverte de croûtes de gale puantes.
La petite ampoule suspendue au bout d’un fil retenu par un clou rouillé diffusant dans la cale une faible lumière, toujours la même.
Au fond de ce bateau, le jour ne se distinguait plus de la nuit.
La constance de cet éclairage nous protégeait de l’immensité de la mer et du ciel qui nous entouraient.
Les gens assis sur le pont nous racontaient qu’il n’y avait plus de ligne de démarcation entre le bleu du ciel et le bleu de la mer. On ne savait donc pas si on se dirigeait vers le ciel ou si on s’enfonçait dans les profondeurs de l’eau.
Le paradis et l’enfer s’étaient enlacés dans le ventre de notre bateau.
Le paradis promettait un tournant dans notre vie, un nouvel avenir, une nouvelle histoire.
L’enfer lui, étalait nos peurs : peur des pirates, peur de mourir de faim, peur de s’intoxiquer avec les biscottes imbibées d’huile à moteur, peur de manquer d’eau, peur de ne pouvoir se remettre de bout, peur de devoir uriner dans ce pot rouge qui passait d’une main à l’autre, peur que cette tête d’enfant ne soir contagieuse, peur de ne plus jamais fouler la terre ferme, peur de ne plus revoir le visage de ses parents assis quelque part dans la pénombre au milieu de ces deux cents personnes.
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