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Citation de Cielvariable


Tomek prit une large inspiration. De toutes les choses difficiles qu'il avait eu à faire ce jour-là, c'était certainement la plus pénible. Il appuya sur le bouton rouge de la sonnette. La porte s'ouvrit aussitôt.
- Je t'attendais, murmura une voix douce.
Une vieille femme, à l'épaisse chevelure blanche nouée en un chignon qui encadrait majestueusement son visage, l'invita à entrer dans un appartement sombre. Bien que le soleil fût levé depuis longtemps, tous les rideaux étaient tirés. Seules quelques bougies éclairaient avec parcimonie une grande pièce qui servait à la fois de chambre, de cuisine et de salon.
Tomek entra. Ses narines furent envahies par une délicieuse odeur de beignets à la rose.
- Il faut que tu prennes des forces pour ton voyage... Il ne trouva rien à répondre. Toute la semaine, il s'était demandé comment il lui annoncerait son départ. Et elle le savait déjà !
Il saisit un de ses gâteaux préférés et le croqua avec l'avidité de celui qui se doute qu'il n'en mangera plus avant longtemps. Puis il se dirigea vers un grand fauteuil en velours vert élimé. Son fauteuil. Là où il aimait s'asseoir pendant des heures depuis que Mira avait emménagé dans son immeuble. Il y avait un an. Quelques jours après ce que toute la cité appelait, en chuchotant, surtout devant un membre de la famille Parniewski, «l'Accident». Et elle était devenue sa Baba une grand-mère personnelle, choisie et secrète.
Baba Mira commençait toujours par préparer le café. Elle mettait une petite casserole en cuivre sur le feu. Et, pendant cinq minutes, elle veillait, muette et concentrée, à ce que la boisson ne bouille pas. Tomek écoutait les tintements de la cuillère contre les parois du récipient et observait l'épaule de la vieille femme qui s'agitait. Puis Mira éteignait la gazinière, et servait le café brûlant et mousseux avec cérémonie. Il avait droit au même café qu'elle, dense et sucré. Une boisson d'adulte qui laissait une fine pellicule granuleuse sur les lèvres. Mira s'asseyait en face de lui et l'écoutait. Elle ne prenait jamais l'air désolé. À elle, il pouvait tout dire. Elle était la seule à laquelle il se confiait.
Son moment préféré, c'était quand il avait terminé son café. Il posait alors sa tasse à l'envers sur la soucoupe. Baba Mira haussait les sourcils en plissant son front ridé pour signifier que la suite des événements la dépassait. Puis ils attendaient dans le silence. Enfin, elle soulevait la tasse refroidie et scrutait attentivement les dessins qui s'étaient formés avec le marc. Elle y lisait l'avenir de Tomek. Ce n'était jamais le même. Ça les faisait rire.
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