- Aruman, vois au moins les colonnes de fumée au dessus des hauts fourneaux de leurs fonderies de cuivre. Va te promener dans leur désert de sel en quoi ils ont transformé leurs terres, et essaie de trouver sur ces cinq mille milles carrés ne serait-ce qu'un brin d'herbe verte. Mais tâche de ne pas t'y trouver un jour de grand vent, quand la poussière de sel, comme un mur, balaie la plaine du Khargatsar (Mordor) et étouffe toute vie... Et tout cela, remarque bien, ils ont pu le faire à peine sortis du berceau ; qui sait ce qu'ils pourront inventer ensuite ?
- Voyons, Grondelf ! Un enfant dans la maison, c'est toujours le chaos : il souille ses langes, casse ses jouets, et que dire quand il est plus grand... Une maison sans enfant, c'est une vraie merveille : ordre, propreté ! Mais en général cela ne fait pas le bonheur de ses occupants, d'autant moins quand ils vieillissent.
Pour beaucoup de lecteur, le Seigneur des anneaux est resté une variation des films d'action américain : un commando de "gentils" va bousiller les "méchants", qui ne sont "méchants" que parce qu'ils sont dans le camp d'en face. En fait, ce n'est pas tout à fait vrai, mais c'est une opinion très répandue. Alors, quand j'ai commencé à disposer mes pions, je me suis donné la règle suivante : d'accord, il y aura des blancs et des noirs (c'est la règle du jeu) ; par contre la frontière entre eux ne sera pas tracé par le fleuve Anduin mais de façon beaucoup moins rectiligne - comme dans la vrai vie...
(Préface du livre)