Je rejoindrai aussi souvent que je le veux
Mon bien-aimé dans mes rêves
Où je ne m'attirerai pas de blâme.
La pluie du printemps
Tombe d'abondance dans les marais
Sans aucun bruit.
Ainsi ne sont connues de mon aimé
Les larmes dont j'inonde ma manche.
La couleur de la fleur
S’est évanouie,
Tandis que je contemplais
Vainement
Le passage de ma personne en ce monde.
Le monde de l’amour devrait-il
finir dans l’ombre,
sans que l’on aperçoive
le clair de lune emplir le ciel
entre les nuages ?
Ono no Komachi (834? - ?)
( Sora o iku / tsuki no hikari o / kumoi yori /
mide ya yami nite / yo wa hatenu beki )
Parce qu'en pensant à lui
Je m'étais endormie
Sans doute il m'apparut.
Si j'avais su que c'était un rêve,
Je ne me serais certes pas réveillée.
Ainsi c'en est fait -
mon corps aux ondées d'automne
tant s'est défraîchi
que vos mots, feuilles flétries,
ailleurs se sont dispersés
Dans ce monde-ci
Les fleurs des cœurs des hommes
Se fanent sous nos yeux
Alors même que les contemplons
Et nous repaissons de leurs couleurs
Ainsi c'en est fait -
mon corps aux ondées d'automne
tant s'est défraîchi
que vos mots, feuilles flétries,
ailleurs se sont dispersés
Les nuits d’automne
Ont la réputation d’être longues
Mais quand on les passe avec une personne aimée,
Avant qu’on ne s’en doute
L’aurore est déjà là.
Au cours du XIe siècle, le mythe allait de plus en plus se développer et commencer à se cristalliser, de sorte que la Komachi réelle du Kokinshû et la Komachi fictive, née de l'imaginaire du Tamatsukuri, ne formaient plus qu'une seule et même personne.