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Citation de Cielvariable


ais, en fait, je me moque de savoir pourquoi il est là. Je remonte.

C’est alors que l’inconnu sur le canapé leva une main et se mit à agiter les doigts. Il se tourna à moitié. Pas assez pour apercevoir Mary-Lynnette, mais suffisamment pour lui faire comprendre qu’il s’adressait à quelqu’un derrière lui. Elle voyait à présent son profil dans le miroir.

— Bonjour, lâcha-t-il.

— Mary-Lynnette, c’est toi ? appela Claudine.

— Oui.

Se hâtant d’aller ouvrir le frigo, elle fit exprès de faire le plus de bruit possible.

— Je me sers un peu de jus de fruit avant de partir, lança-t-elle.

Son cœur battait comme jamais – d’énervement et de gêne à la fois. D’accord, il avait dû l’apercevoir dans le miroir. À voir son expression, il pensait sans doute qu’elle le regardait ; comme le faisaient sans doute tous ceux qui le croisaient. Aucun intérêt, donc. Autant s’en aller.

— Attends, ne pars pas tout de suite, résonna la voix de Claudine. Viens parler avec nous un instant.

Non. Mary-Lynnette savait sa réaction stupide et enfantine, mais c’était plus fort qu’elle. Elle cogna délibérément un jus d’abricot contre une bouteille d’eau pétillante.

— Viens, que je te présente le neveu de Mme Burdock, insista Claudine.

À ce nom, Mary-Lynnette se figea.

Debout devant le frigo ouvert, elle regarda sans la voir la température remonter à vue d’œil. Puis elle reposa la bouteille de jus d’abricot et, d’un geste automatique, extirpa une cannette de Coca de son emballage de plastique.

Quel neveu ? Jamais elle ne ma parlé d’un neveu.

Mais elle n’avait entendu qu’une seule fois Mme Burdock parler de ses nièces, elle n’évoquait d’ailleurs que rarement sa famille.

Ainsi, ce type était son neveu. Voilà pourquoi il posait des questions sur elle. Mais, est-ce qu’il savait ? Avait-il tout manigancé avec ces filles ? Ou alors était-il à leur poursuite ? Ou…

De plus en plus confuse, elle finit pas les rejoindre au salon.

— Mary-Lynnette, je te présente Ash, déclara Claudine. Il est venu rendre visite à sa tante et à ses sœurs. Ash, voici Mary-Lynnette, celle qui s’entend si bien avec ta tante.

Ash se leva, d’un bond souple et gracieux.

— Salut, articula-t-il en lui tendant la main.

Mary-Lynnette le toucha de ses doigts humides et froids, le regarda droit dans les yeux et répondit :

— Salut…

Sauf que leur premier contact fut loin d’être aussi simple.

Voici ce qui se passa, en fait : Mary-Lynnette avait les yeux sur le tapis quand elle entra, ce qui lui permit de voir nettement ses tennis Nike et les genoux troués de son jean. Lorsqu’il se leva du canapé, elle observa son tee-shirt orné d’un mystérieux dessin – une fleur noire sur fond blanc ; sans doute l’emblème d’un groupe de rock. Et, lorsque sa main se trouva dans son champ de vision, elle lui tendit automatiquement la sienne, en marmonnant un vague bonjour et en le regardant d’un air détaché. Et…

Vint alors l’instant le plus difficile à décrire.

Le contact.

Quelque chose de très étrange se passa.

On se connaît, non ?

Non, elle ne le connaissait pas. C’était là le mystère. Elle ne le connaissait pas mais avait le sentiment de le connaître… et l’impression qu’on lui avait touché l’épine dorsale avec du fil électrique. Une sensation extrêmement désagréable. La pièce autour d’elle prit une teinte vaguement rose. Sa gorge se mit à gonfler si fort qu’elle sentit son cœur y battre. Tout aussi désagréable. Mais, d’une certaine manière, prises toutes ensemble, ces émotions l’étourdissaient plus qu’autre chose…

Un peu comme ce qu’elle avait ressenti en observant la nébuleuse du Lagon. Ou en imaginant des galaxies rassemblées en amas et super amas, de plus en plus gros, jusqu’à ce que leur taille n’ait plus aucun sens et qu’elle-même se sente vaciller.

Elle tombait, à présent. Elle ne voyait plus rien, que ses yeux. Des yeux étranges, des prismes qui changeaient de couleur comme une étoile aperçue à travers une épaisse atmosphère. Bleue, puis dorée, puis violette.
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