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Critiques de Laetitia Coryn (179)
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Sex story

Mais qu'est ce que SEXE, euh qu' est ce que C'EST que ce livre?

Désolé, ma langue a fourché, en bavant sur les dessins...

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le Sexe, des origines à la libération sexuelle, en passant par Ovide, Henri IV et la reine Victoria...



Les auteurs vont mettre le doigt, voire tout le reste ( pardon!) pour pénétrer l'histoire du sexe...



Le premier sex-toy de l'histoire est apparu... il y a 28 000 ans. Réalisé en pierre (ponce? Pierre issue de roches volcaniques en fusion), il mesure 20 centimètres et a été découvert en 2005 dans une grotte allemande.



Ici, les auteurs parlent du vibro (Oh, My Gode!) de Cléopatre:

- Tu l'as essayé? Demande l'auteur Philippe Brunot à Leatitia Coryn sa dessinatrice

C'était un cornet de papyrus enroulé, comme un cornet de frites rempli d'abeilles, que la Reine glissait entre ses cuisses, dans son propre ...cornet!



Tandis que ses soldats utilisaient des vessies ...de porc, comme préservatif. Ah, les hommes sont vraiment des cochons, avec leur queue en tire-bouchon?

"Cléopâtre avait un surnom: "Cléopâtre cheillon" ("grosses lèvres") en exerçant son talent fellatoire sur une centaine de gardes."



"Au Moyen Age la prostitution est plutôt bien admise.

« Jouir en payant, c'est jouir sans pécher », dit-on alors.

Car les prostituées ont le mérite de protéger les honnêtes femmes des ardeurs brutales de leurs maris."



On y parle aussi de masturbation, de pédérastie (Vas te faire voir chez les Grecs:)... et du Prince Albert.

" Je suis pour l'égalité des sexes et je prendrai moi même les mesures." fit le Luron, Thierry le Luron.



Il y a un 2ème tome, mais on sent un net ... durcissement des histoires, car n'oubliez pas qu...queeuh c'est de la BD, de la bande...dessinée.

Ah, cachez ces dessins que je ne saurais voir?
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Paroles d'honneur

"Une récente Fatwa a interdit aux femmes de toucher aux bananes et aux concombres ( Ah les C...combres! ) parce qu'ils ressemblent au sexe masculin."

- Mais la carotte, j'ai le droit?" Demande Leila Slimani l'auteure de "Dans le jardin de l'ogre."



Au Maroc en 2015, lors d'une dédicace, Leïla rencontre une lectrice qui lui parle de la pression sociale des Traditionalistes islamiques sur le Maroc et surtout sur les...Femmes!



"...Dans les premiers temps de l'Islam, le sexe était loin d'être condamnable". La sexualité était même considérée comme une source d'épanouissement.



"Mais aujourd'hui, chacun utilise la religion pour justifier tel ou tel interdit..."

-La femme est "Fitna: tentation.

-La femme est "Awra : illicite au regard

( Vous comprenez , la femme est un bijou, un joyau ou un...bonbon qu'il faut enrober pour le préserver des regards concupiscents!...)

On peut..l'enfermer, l'emprisonner, c'est toujours pour son bien."



Le film "Much Loved" sur des amies prostituées à Marrakech déclenche d'emblée une polémique violente ( beaucoup de femmes se prostituent pour pouvoir survivre, mais ça, personne ne veut l'entendre... Alors que le roi Mohammed VI a une fortune de 6 milliards selon le magazine Forbes, évaluation de 2015, et ce sans compter les rentrées occultes d'argent!)



Quelques semaines plus tard, c'est la tenue de Jennifer Lopez au festival Mawazine qui enflamme les gens. Certains marocains appellent à jeter dehors ce suppôt de Satan.

Et 2 femmes marocaines sont prises à partie par toute une foule, à cause de leur tenue jugée provocante... Et inculpées ( en plus! ) pour outrage public à la pudeur / article 483...



La société Marocaine ( refoulée et hypocrite) insiste sur le comportement vestimentaire, ou le corps.de la femme. Mais le Coran n'a jamais parlé de la femme de cette façon."
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Paroles d'honneur

Après la publication de son roman "Le jardin de l'ogre", Leïla Slimani se trouve au Maroc et rencontre une jeune femme, Nour dans les salons de son hôtel.

Elle a ensuite recueilli d'autres confidences des femmes marocaines opprimées dans leurs choix de vies de femmes.

On découvre des femmes aussi libérées dans leurs pensées que les femmes occidentales.

Soit, elles décident de vivre leur liberté et ce n'est pas simple, soit elles se plient et deviennent des personnes à la pensée duale, de vraies personnalités doubles comme la dame dessinée à la page 24 , avec un double visage, deux pensées ( pour moi, la plus belle illustration de l'album).

Ce reportage à travers le Maroc donnera ce roman graphique illustré par Laetitia Coryn et écrit par Leïla Slimani.

J'ai aimé les paysages, les vues de villes et villages, les personnages dans l'ensemble mais j'ai moins aimé les visages. L'ensemble donne une vision distante.

Les paroles et les textes manquent légèrement d'âme.

Certes, le ton est donné et nous annonce qu'il s'agit d'un reportage.



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Paroles d'honneur

Parlez-moi d'amour ♪♫

et dites-moi des choses tendres. ♪♫

Parlez-moi de sexe, ô femmes marocaines

et dites-moi des choses dures...

à entendre.



Leïla Slimani, auteur notamment de 'Chanson douce' et du 'Jardin de l'Ogre' a recueilli en 2015 des témoignages de Marocaines sur leur place dans la société, leurs rapports aux hommes, leur sexualité.

Ce travail a fait l'objet d'un essai, 'Sexe et mensonges', adapté en BD - cet album intitulé 'Paroles d'honneur'.



Avant de connaître l'origine de ce roman graphique, je me suis interrogée sur l'intérêt d'un tel support, puisqu'on y trouve essentiellement des dialogues et de longs textes, et qu'on s'y perd dans les personnages, trop ressemblants. Cela dit, une telle présentation a le mérite de toucher davantage de lecteurs : on lit plus volontiers une BD qu'un essai…



Comme dans 'Broderies', de Marjane Satrapi (Iran), les témoignages recueillis révèlent l'hypocrisie autour de la sexualité, dans certains pays musulmans, ou ailleurs - quand les dieux et leurs émissaires prétendent avoir un droit de regard sur l'intimité féminine (désir, plaisir, contraception, avortement…), en étant beaucoup moins sévères avec les hommes (sauf pour l'homosexualité).



Poids de la religion, de la tradition ? Quoi qu'il en soit, la « loi telle qu'elle existe et la morale telle qu'elle est transmise » au Maroc pèsent sur les femmes.



La virginité DES FEMMES au mariage reste importante (y compris aux yeux des hommes élevés 'à l'occidentale') :

• « Même s'ils souffrent aussi de cette situation, eux, au moins, ils ont un menu et peuvent faire un choix 'à la carte'. Pas vierges : celles avec qui ils baisent. Vierges : celles qu'ils épousent. »



Le célibat au féminin est suspect et découragé. La 'vertu' des femmes est un principe.

• « Quand tu vois ta femme comme une machine à procréer, qui n'est pas censée éprouver de plaisir, et dont le corps est quasiment ta propriété, comment veux-tu avoir un rapport sain à la sexualité ? »

• « Avant d'être un individu, une femme est une mère, une soeur, une épouse, une fille, garante de l'honneur familial, et, pire encore, de l'identité nationale, sa vertu est un enjeu public. »

Et une femme 'qui couche' risque davantage d'être violée.



En conclusion, pour espérer que les mentalités changent :

« Nous ne pouvons plus nous permettre d'ignorer la réalité sous prétexte qu'elle n'est pas conforme à la religion, à la loi, ou tout simplement à l'image que nous voudrions donner de nous-mêmes. »



Instructif et forcément révoltant.
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Paroles d'honneur

Dans ce roman graphique Leila Slimani et Laetitia Coryn parlent sans tabou d'un sujet parfois épineux : la sexualité de la femme, au Maroc.

A travers différents témoignages, elles livrent sans fard le témoignage et le vécu de ces femmes. Elles parlent des pressions et des conventions sociales et politiques qui déterminent leurs destins qui comme dans beaucoup d'autres pays. Les auteurs dénoncent ainsi la condition sexuelle des femmes où les tabous, les traditions et la religion font foi en dépit du désir et du droit d'aimer.

Une BD qui fait reflechir sur les droits de la femme et qui démontre que le chemin pour une égalité de traitement n'est pas terminé.

Un roman graphique engagé qui traite avec intelligence du sujet et donne envie d'avancer.
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Paroles d'honneur

Il existerait un pays où, en apparence, personne ne couche avec personne – hors des liens sacrés du mariage bien sûr.

Dans ce pays les amoureux sont parfaitement chastes, aucune femme n'avorte et l'homosexualité n'existe pas.

Dit comme ça, ça semble étrange ; mais c'est pourtant ainsi que se présente la société marocaine.

Parce que si vous avez des relations homosexuelles, ou hétéro hors mariage, vous allez en prison. C'est la religion et c'est la loi.

Enfin... si ça se sait.

C'est pourquoi la population entière vit dans le secret et le mensonge.

Et c'est insupportable.

Aussi, lorsque Leïla Slimani commence à recueillir des témoignages de femmes marocaines, la parole se libère, se déverse, se bouscule.

Ces bouleversantes confidences sont mises en images avec talent et sensibilité par Laetitia Coryn.



Challenge Bande dessinée 2024

Challenge Solidaire 2024

Club de lecture avril 2024 : "Un livre offert ou emprunté"
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Sex story

Voyage à travers les millénaires pour observer comment nos ancêtres vivaient leur sexualité, et comment nous et nos cousins primates la vivons aujourd'hui en Occident.

L'exposé est riche, grâce à la présentation de quelques civilisations, d'histoires issues des mythologies égyptienne, gréco-romaine, chrétienne, et de personnages célèbres.

Les dessins restent sobres, et les textes sont pleins d'humour (notamment dans les dialogues, avec clins d'oeil amusants et anachronismes), ce qui me fait penser que l'on peut proposer cette 'Histoire de la sexualité en BD' aux jeunes adolescents, dès 12-14 ans.

Cette lecture me semble même indispensable : elle montre à quel point notre mode de vie (sexualité, mariage, famille, droits des femmes) est lié à notre société et soumis à ses lois, à ses progrès et à ses retours en arrière - quid de nos choix ?

On peut être pris d'un sentiment de vertige, il semble difficile de s'y repérer, notamment face à la pratique de la pédérastie* dans la Grèce antique ("nos" hommes - père, frère, compagnon, fils - joueraient-ils avec des petits garçons, aussi, si la société le permettait ? au secours !).

La conclusion, reformulée plusieurs fois dans les dernières pages de l'ouvrage, est là pour rappeler que TOUT est autorisé en matière de sexe entre ADULTES CONSENTANTS.



Les auteurs sont sévères à l'égard de la religion catholique. Ce parti pris ne m'a pas gênée, puisque je déplore aussi les dégâts sur la sexualité générés par les discours et répressions religieux depuis quelque 2 000 ans (interdiction de la masturbation, de l'homosexualité, du plaisir féminin, de toute méthode anti-conceptionnelle, etc.).



J'ai beaucoup aimé cet album, il m'a fallu dix jours pour le lire - lecture très découpée, non pas pour passer aux exercices pratiques (le ton est plus pédagogique et drôle qu'érotique), mais parce que le texte est dense et les informations riches...

_________________________



* à ne pas confondre avec l'homosexualité :

« La pédérastie est, à Athènes, une relation pédagogique entre un jeune époux, un citoyen d'Athènes, qui va initier un jeune prépubère à la vie sociale et à l'intimité amoureuse pour en faire un 'citoyen'. Il s'agit en quelque sorte d'un rite initiatique de passage à l'âge adulte et à la qualité de citoyen. [...] L'amant (l'éraste) est un homme jeune d'une trentaine d'années. Il choisit son aimé (l'éromène) pour sa beauté et sa jeunesse. L'aimé a environ douze ans mais surtout il est imberbe. C'est l'absence de pilosité qui guide l'attirance. »

Autrement dit, en d'autres temps, d'autres lieux, M. Jack***, W. All**, le petit-fils de Fr***, quelques prêtres, éducateurs, etc. auraient agi en toute impunité ! Ah pardon, ils ONT agi en toute impunité...
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Paroles d'honneur

Ce roman graphique est l'adaptation en dessins d'un essai écrit par Leïla Slimani, « Sexe et mensonges », sur le rapport très complexe qu'entretient la société marocaine avec la question du corps et de la sexualité hors mariage.

A la façon d'un reportage, l'auteur a recueilli les confidences de plusieurs femmes, anonymes, féministes, sociologues, intellectuelles, homosexuelles, mais aussi les témoignages d'hommes qui souhaitent faire évoluer les mentalités et la loi marocaine.



Au fil des entretiens où les femmes n'hésitent pas à partager leur vie intime, leurs désirs, leurs blessures et leurs peurs liées à la pression sociale, législative et religieuse, on découvre combien le Maroc demeure enserré dans un carcan de vertu hypocrite. Soit comparée à un bijou, soit considérée comme une simple génitrice, la femme n'a pas droit au plaisir et n'a pas droit de féminité. Il s'ensuit un rapport à la sexualité complètement faussé et rétrograde où les jeunes femmes, comme les jeunes hommes, ne trouvent pas le bonheur. Tout ce qui a trait au désir est rejeté, parce qu'on a appris aux gens à les diaboliser. Prostitution et pornographie restent alors le seul échappatoire – réel mais caché – pour assouvir des fantasmes considérés comme honteux et criminels. Les femmes dites « libérées » en paient alors le prix… Certains témoignages sont bouleversants et glaçants.

La condition sexuelle féminine est un véritable drame au Maroc où l'islam, religion d'Etat interprétée sous un angle misogyne et incorrect, condamne le désir et la liberté d'aimer des femmes.



Le chemin est encore long à parcourir pour que les femmes obtiennent des droits fondamentaux. Des auteurs comme Leïla Slimani, heureusement, oeuvrent à cette lutte essentielle.

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Paroles d'honneur

Voici une bande dessinée biographique pertinente qui mérite les critiques élogieuses que l’on peut trouver sur les sites littéraires, la blogosphère et les médias ! En effet, les deux auteures touchent avec justesse, réalisme et brio des thématiques d’actualité. Avec un style fin, épuré et très agréable, Laëtitia Coryn retrace le témoignage de plusieurs femmes maghrébines au passé douloureux. Leïla Slimani y aborde la sexualité de la Femme malheureusement opprimée par la pression sociale, la famille, le conservatisme, la loi et la religion. De l’enfance au statut de mère, les personnages vont toucher aux thématiques du viol, de l’avortement, de l’homosexualité, de la vie de famille et de la violence dans le couple.



Même si l’on a l’impression d’être face à un reportage souhaitant montrer un maximum d’éléments liés à la sexualité, cette BD a l’avantage d’informer et dénoncer. On donne enfin la parole à ces femmes marocaines que la pression sociale, la honte et le secret ont longtemps muselées. Ce roman graphique pousse vraiment à la réflexion. Hélas, on constate qu’il y a encore un long chemin avant de voir l’émancipation de la Femme partout… Certains récits sont tellement durs, révoltants, injustes et atroces ! Il est important d’ouvrir les yeux sur cette réalité…



Malgré l’importance du sujet, je reconnais cependant ne pas avoir été autant conquise que je l’aurais souhaité… J’ai trouvé certains récits un peu décousus, tandis que d’autres auraient mérité d’être un peu plus détaillés… Il y a également quelques répétitions. Bien évidemment, c’est un simple regret personnel qui n’enlève rien au poids de cette lutte qu’on mené les deux auteures ! Une bande dessinée engagée à découvrir.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Paroles d'honneur

Reportage de Leïla Slimani illustré par Laetitia Coryn sur tous les tabous qui entourent la sexualité et étouffent beaucoup de personnes au Maroc, en particulier les femmes.



Au-delà de la dimension purement informative de la BD, j'ai trouvé ces témoignages très poignant. Sans misérabilisme et sans propos malsains ou crus mal placés, l'auteure interroge plusieurs personnes qu'elles soient d'anciennes victimes, des femmes libres qui décident de vivre selon leurs convictions, prostituées, lesbienne, sociologues ou des hommes !

Ce qui est décrit est pour un lectorat occidental assez terrible et nous amène à relativiser un peu sur ce qui se passe chez nous. Toutefois, le fait de lire la problématique sous un autre angle et dans un pays où conservateurs et progressistes s'opposent met aussi en perspective certains discours rétrogrades qui peuvent se multiplier chez nous aussi.



Comme le répètent certaines associations (certes, elles aussi pour précher pour leur paroisse) : un objet utilisé comme instrument de soumission dans un pays ne saurait être un instrument de libération dans un autre.



De quoi donner matière à réfléchir en tout cas, c'est indéniable.
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Paroles d'honneur

L'émancipation est d'abord conscientisation.

-

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Le -premier tirage date de 2021. Il a été réalisé par Leïla Slimani pour le scénario, et Laetitia Coryn pour les dessins et les couleurs. L'ouvrage comporte 99 pages de bande dessinée.



En mai 2015 à Rabat, Leïla est en train de savourer un thé glacé dans une cafeteria, après avoir présenté son livre Dans le Jardin de l'Ogre (2014) en public. Elle est abordée par Nour qui lui demande si elle peut s'assoir à sa table, tout en s'excusant d'être arrivée en retard à sa présentation. Elle lui dit qu'elle a beaucoup aimé le livre, et lui demande si le débat s'est bien passé. L'autrice répond que femmes venues la voir lors de la dédicace ont fini par lui raconter leur vie intime, ce à quoi elle ne s'attendait pas du tout. Nour lui demande si les réactions sont les mêmes en France. Elle répond que non, que les lecteurs sont surtout étonnés qu'une maghrébine puisse aborder aussi crûment la thématique de l'addiction à la sexualité. De par ses origines, elle aurait dû faire preuve de plus de pudeur et se contenter d'écrire un livre érotique aux accents orientalistes. Nour ironise : en digne descendante de Shéhérazade. La discussion s'engage et Leïla lui demande si elle a des enfants. Elle lui répond que non, qu'elle est célibataire, et qu'elle ne voit pas beaucoup sa famille. Son frère s'est installé en France où il s'est marié. Elle rend visite à ses parents de temps en temps, mais ils sont un peu trop traditionnalistes pour elle. Par exemple, pour ses parents, elle sera vierge le jour de son mariage. À presque quarante ans, ils doivent se douter qu'elle a déjà eu des histoires, mais ils n'en parlent jamais.



La conversation se poursuit : Nour raconte son enfance, avec sa mère qui s'est mariée à 18 ans et a arrêté ses études pour faire femme au foyer, et son père assez souple quand elle était petite, mais restant marocain. Il prêtait une attention particulière au regard des gens, mais sa fille avait le droit de faire plus de choses que d'autres filles de la famille. Il n'y a que le sport dont il lui a interdit la pratique. Toute sa vie, Nour a vécu un combat intérieur entre la volonté de se libérer de la tyrannie du groupe, et la crainte que cela n'entraîne l'effondrement des structures traditionnelles à partir desquelles elle s'était construite. Comme la plupart des Marocains en fait. La Hchouma est un concept que l'on inculque dès l'enfance. Être bien élevé, être un bon citoyen, c'est aussi avoir honte. Rester vierge était une injonction très forte dans sa famille et elle a eu beaucoup de mal à s'en défaire. Hors de question de transgresser cette règle, même quand elle s'est sentie attirée par un autre garçon pour la première fois. Un jour elle flirtait avec un garçon dans sa voiture, et ils ont été surpris par un policier. Ça s'est réglé avec cent dirhams, mais elle en est restée bloquée pendant longtemps. Elle évoque la fois où un cousin lui avait des attouchements, la libération quand elle en a parlé à des copines, les cours de sexualité qui aborde la reproduction de manière froide et scientifique, sans parler de désir, les femmes mariées jeunes qui divorcent deux ans plus tard.



D'une certaine manière, cette bande dessinée est une adaptation de l'essai de l'autrice : Sexe et mensonges paru la même année en 2017, une transposition de manière plus vivante sous la forme de témoignages. Les autrices font donc œuvre de reconstitution des échanges que Slimani a eu avec plusieurs femmes marocaines sur le sujet de leur sexualité, de leur rapport au corps, du regard de la société sur leurs pratiques sexuelles. Le premier témoignage, celui de Nour, pose tout de suite la dialectique : une forme d'opposition entre une pensée traditionnaliste, et une volonté d'émancipation des femmes. La narration visuelle rend cette femme beaucoup plus proche du lecteur, beaucoup plus vivante. Elle permet également de montrer les émotions et les coutumes. Il voit ainsi les deux copines de Nour choquées et en colère par l'histoire des attouchements du cousin sur elle, ainsi que la mariée apprêtée avec la coiffe traditionnelle. Il sourit quand Nour prend une pose de sainte pour souligner sa décision d'être une fille bien qui n'aurait pas de relation charnelle avant le mariage. L'artiste sait donner vie à toutes les femmes qui témoignent, leur donnant une apparence normale, avec des vêtements en cohérence avec leur âge et leur statut social, le temps qu'il fait et leur occupation. Les tenues décontractées des jeunes avec des sweatshirts à capuche, les vêtements plus stricts des adultes, et bien sûr les foulards et les robes longues. Chaque femme qui témoigne présente une personnalité visuelle différente : détendue pour Nour, plus sérieuse pour la théologienne Asma Lambaret quand elle explique différentes interprétations d'une sourate, désenchantée pour la prostituée, accablée pour la jeune homosexuelle.



En surface, le lecteur peut avoir une première impression de dessins un peu simplifiés pour une apparence peut-être naïve, avec des couleurs un peu douce. Mais dès qu'il commence à lire, il se rend compte de l'expressivité naturelle des visages, des états d'esprit qui transparaissent au travers des postures et du langage corporel, de la justesse des représentations. Il voit bien l'âge de Jamila la maîtresse de maison en page 53 dans sa façon de se tenir, et la jeunesse de l'homosexuelle dans ses gestes. Effectivement les autrices mettent à profit les spécificités de la bande dessinée pour restituer les témoignages : à la fois en donnant corps aux femmes qui racontent, à la fois dans les différents lieux. La représentation de ces derniers est tout aussi soignée que celle des individus : l'hôtel de Rabat avec sa piscine dans un dessin en pleine page, la salle de classe avec une partie des élèves portant le foulard, le cabinet de consultation d'une docteure dans un hôpital à la campagne, la salle d'attente d'un médecin pratiquant des interruptions volontaires de grossesse, une rue piétonne en escalier, une bibliothèque municipale, des intérieurs banals d'appartement et de maison, la plage, l'esplanade de la tour Hassan à Rabat, une grande artère de Casablanca, le front de mer, un jardin public, etc. Laetitia Coryn ne représente pas ces lieux comme s'il s'agissait de tourisme, mais bien comme des lieux de vie, où évoluent des individus normaux dans leur quotidien. Le lecteur peut ainsi se projeter dans chaque endroit, s'imaginer dans ces lieux de vie comme un habitant.



La narration visuelle prend une forme naturaliste, recréant ainsi les conversations comme si elles étaient prises sur le vif, avec l'environnement dans lequel elles se déroulent, et des êtres humains normaux pour lesquels il est possible de se faire une idée de leur état d'esprit en les regardant comme dans la vie de tous les jours avec un interlocuteur. Évidemment le lecteur a conscience qu'il ne s’agit pas de la retranscription exacte des conversations, que le récit est construit et qu'il y a une progression. Leïla Slimani commence par le témoignage d'une femme ayant pris ses distances avec la tradition, pouvant évoquer en quoi celle-ci pèse sur le quotidien des femmes marocaines, totalement intégrées à la société, puis comment elle pèse implicitement sur celles qui ne s'y conforme pas parfaitement. Par la suite, les témoignages vont évoquer les violences sexuelles faites aux femmes sous différents formes et la honte qui pèse sur elle (Hchouma), la question de la virginité pour le mariage, les articles de loi relatifs à l'avortement (449, 454, 455), les mariages arrangés de mineures, la réalité des textes du Coran et leurs interprétations, les événements du fol été 2015 (le film Much Loved du réalisateur Nabil Ayouch, le concert de Jennifer Lopez, le baiser de deux femens sur l'esplanade de la tour Hassan à Rabat, l'agression d'une femme portant une tenue jugée provocante), la réalité de la prostitution, l'impossibilité de vivre publiquement son homosexualité. De même, l'autrice ne fait aucun secret de sa prise de position.



Leïla Slimani met en lumière le poids de la tradition sur la condition féminine, l'impossibilité de la virginité des mariées, le poids du regard des autres et de la honte, une culture institutionnalisée du mensonge, de l'hypocrisie. Elle représente la position de la femme comme suit : Avant d'être un individu, une femme est une mère, une sœur, une épouse, une fille, garante de l'honneur familial, et, pire encore, de l'identité nationale. Sa vertu est un enjeu public. C'est donc un exposé à charge contre cette culture. De temps à autre, elle laisse la parole aux hommes, ceux qui estiment que cette place donnée aux femmes est nocive pour les femmes, mais aussi pour les hommes car les rapports entre les deux s'en trouvent faussés. Elle relaie également la position des hommes respectables qui perçoivent la remise en cause comme étant le fait d'occidentaux. L'un d'eux demande : Les philosophies permissives, nées en Europe, ont-elles amélioré les relations sociales et familiales sur ce continent ? Plus loin une femme constate que la misogynie est inhérente à l'humanité. Elle n'est pas spécifique à l'Islam. Elle s'étonne d'ailleurs qu'on ait encore ce type de lecture anthropologique. À ses yeux, toutes les religions se valent en matière de sexualité. En outre, ce ne sont que certains hommes qui ne comprennent pas la différence entre faire le choix d'avoir une sexualité et consentir à un acte sexuel. Il n'y a donc pas de diabolisation de la gent masculine, ni condamnation d'un bloc de la religion : la théologienne estime qu'il est possible d'enseigner la religion comme une éthique de libération, d'émancipation, plutôt que comme une morale rigoriste et sans nuances. Il faut parvenir à sortir d'une dichotomie manichéenne qui voudrait qu'il n'y ait pas d'intermédiaire entre la femme vertueuse et la prostituée. En fonction de sa sensibilité et de sa culture, le lecteur peut également s'interroger sur l'histoire personnelle de l'autrice, sa double nationalité, sa classe sociale, la manière dont cela a façonné son regard et ses positions.



Assurément, cette lecture interpelle. L'écrivaine propose une vision construite, intelligente et analytique de la sexualité féminine d'un point de vue sociale au Maroc. La narration visuelle est à la fois douce et dense, donnant l'impression au lecteur de se trouver aux côtés de Leïla écoutant ces confidences, dans chaque lieu correspondant. Même s'il ressent qu'il s’agit d'un récit composé à partir de témoignages recueillis et présentés de façon structurée, pas d'un reportage sur le vif, que l'autrice a un parti pris affiché, il n'en demeure pas moins une réflexion sur l'image à laquelle la femme doit se conformer dans la société marocaine, ou ce qu'elle doit se préparer à affronter si elle ne souhaite pas s'y conformer.
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Sex story

Voilà un excellent album de BD initié par le psychiatre et anthropologue Philippe Brenot et qui se propose de nous faire une étude mi sérieuse mi rigolarde, mais toujours passionnante sur l'histoire sexuelle de l'humanité.



De la préhistoire à nos jours, on apprend tout ce qu'il faut savoir sur le sexe à travers les cultures et les époques.c'est l'apparition du sentiment amoureux, du sexisme et de l'apprentissage ou non de la tolérance qui se déroule devant vos yeux!



Et on s'aperçoit que l'histoire n'est faite que de haut et de bas, les périodes de forte repression sexuelle succédant à des périodes de liberté...



La BD s’ouvre sur notre ancêtre Homo habilis, apparu il y a deux millions d’années et nous montre comment peu à peu la domination masculine a pris son emprise dans les relations sexuelles - à la différence des chimpanzés - et se termine dans le futur où la vision fantasmée par les auteurs de la sexualité de nos congénères vaut son pesant d'or!!



On en apprend beaucoup et on s'amuse énormément pendant la lecture de cette BD tant les bulles parfois osées et explicites de Leatitia Coryn sont très souvent hilarantes!



BD Sex Story, encyclopédie particulièrement documentée et référencée évoque avec malice et humour tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander,
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Paroles d'honneur

Lorsque Leïla Slimani sort son premier roman en 2014 (« Dans le jardin de l'ogre »), elle rencontre une jeune compatriote qui se met à lui raconter les difficultés qu'elle rencontre au quotidien en tant que femme marocaine. L'auteure y puise l'inspiration pour un essai intitulé « Sexe et mensonge » qui dénonce l'hypocrisie de la société marocaine vis à vis de la sexualité et son rapport complexe avec le corps féminin. C'est cet essai qui est ici adapté en roman graphique par Leïla Slimani et Laeticia Coryn dont l'objectif est simple mais pourtant difficile à atteindre : libérer la parole des femmes. Un thème qui fait évidemment échos à l'actualité, et pas seulement au Maroc, après les révélations de l'affaire Wellenstein ou encore la profusion des hashtags « balance ton porc » et « me too ». L'ouvrage est organisé en trois parties dont la première consiste essentiellement à recueillir cette parole des Marocaines afin de donner au lecteur un aperçu du paysage sur place. Et ce qu'on entend à de quoi révolter. On découvre l'histoire d'une fillette mariée de force et cherchant à plaire à son mari qui ne veut pas la toucher. Une autre raconte ses deux mariages catastrophiques, avec viols, coups et humiliations à la clé. Une autre encore raconte son mal être en tant que lesbienne dans un pays où l'homosexualité est puni d'emprisonnement. Le premier constat qui saute aux yeux, c'est évidemment cette violence quotidienne que subissent les femmes. Les coups, enfants, parce qu'elles osent dirent qu'un « garçon est amoureux d'une fille » et que ça ne se fait pas. Les viols à l'adolescence parce que les garçons sont persuadés que de toute façon elles n'étaient déjà plus vierges. Les insultes (« pute », « salope ») dès toute petite, juste parce qu'elles s'épilent les sourcils ou portent une jupe jugée trop courte.



La seconde chose que l'on remarque, c'est cette espèce de schizophrénie des hommes marocains qui, d'un côté, ne se gênent pas pour sortir et coucher avec des femmes en dehors des liens du mariage, et de l'autre estime tout à fait normal d'attendre de leur épouse qu'elle soit vierge au moment de la nuit de noce. La virginité revêt ainsi une importance totalement démesurée, au point qu'une loi permet d'ailleurs aujourd'hui encore de punir « d'un mois à un an d'emprisonnement toutes personnes de sexes différents qui, n'étant pas unis par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ». Ce tabou oblige évidemment les femmes à tenir un double discours et les met souvent dans des situations humiliantes, voire dangereuse lorsqu'il est question d'avortements qui, évidement, doivent se faire de manière clandestine (on compterait jusqu'à 600 interruptions de grossesse pratiquées chaque jour au Maroc, dont des centaines qui entraînent des risques dramatiques pour la femme). Le bilan est accablant et on prend pleinement conscience de l'importance pour les Marocaines de briser le silence qu'on leur impose et de prendre conscience qu'elles ne sont pas seules. La seconde partie du roman graphique, très courte, fait office d'intermède et relate les événements révélateurs qui se sont déroulés au Maroc lors de l'été 2015. Il y eut d'abord la polémique suscitée par le film Much Loved ; puis les concerts de Jennifer Lopez et Placebo qui ont fait scandale (la première parce qu'elle était trop dénudée, le second parce qu'il s'était peint sur le torse le numéro 489 barré pour dénoncer l'article de loi qui pénalise l'homosexualité au Maroc) ; et enfin il y a eu ces lynchages d'homosexuels dans la rue et une agression particulièrement marquante de deux jeunes filles à cause de leur tenue.



La troisième et dernière partie propose des éléments d'analyse pour tenter de comprendre ces mécanismes précédemment décrits. Pour ce faire, l'auteur met en scène un certain nombre d'intellectuels et militants défendant la cause des femmes et apportant un regard critique vis à vis du rapport des Marocains à la sexualité. C'est le cas par exemple de la journaliste Mona Eltahawi qui dénonce dans ses écrits la misogynie du monde arabe, mais aussi de la théologienne Asma Lamrabet, qui se bat pour une réécriture des textes sacrées du Coran à partir d'une perspective plus féministe, ou encore du réalisateur du fameux film « Much Loved », Nabil Ayouch. Tous ont pour point commun de dénoncer le rapport malsain que les hommes marocains entretiennent avec la sexualité et la stigmatisation des femmes qui cherchent à s'émanciper. Ce qui compte avant tout, en fin de compte, c'est le regard de l'autre et la honte que l'on fait systématiquement rejaillir sur les femmes. Ce portrait sombre et déprimant de la société marocaine d’aujourd’hui est fort heureusement nuancé par l'auteur qui insiste tout de même sur les évolutions positives de ces dernières années. Leïla Slimani rapporte par exemple quelques témoignages d'hommes qui veulent eux aussi que les choses changent et n'acceptent pas la façon dont sont traitées les femmes dans leur pays. L'auteur montre aussi que les résistances à la libération des Marocaines ne viennent pas toujours de ceux qu'on croit. Ainsi, des islamistes peuvent être pour une ouverture du droit à l'avortement, tandis que des femmes vont s'y opposer. En dépit de la dureté des témoignages recueillis, la plupart des femmes et des hommes interrogés ici s'accordent tout de même pour dire que, peu à peu, la parole commence à se libérer, permettant aux femmes de sortir de leur isolement et de lutter plus efficacement pour une plus grande égalité avec les hommes.



Leïla Slimani et Laetitia Coryn signent un très bel ouvrage qui permet aux Marocaines de parler des violences et des injustices dont elles sont victimes dans leur pays, tout en analysant le comportement masculin et les tabous relatifs à la sexualité et au corps féminin. A lire !
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Paroles d'honneur

Leïla Slimani nous le dit en préface, c'est lors d'une tournée de dédicace pour son roman "dans le jardin de l'ogre" qu'elle a rencontré des marocaines ayant le désir de s'exprimer sur leur sexualité, sujet tabou dans leur culture. L'auteur a eu envie de recueillir ses témoignages, et de les dévoiler au public sous forme d'une BD. Une manière pour elle de dédiaboliser le sujet et de faire avancer les mentalités.



Cela donne un joli roman graphique, mis en image par Laetitia Coryn qui a su, grâce à un dessin simple, faire ressortir les témoignages de ces femmes marocaines. On s'attend au contenu, on s'attend même souvent à pire, mais je trouve que c'est dit que manière très neutre, sans à priori et sans jugement de valeur. Tout en dénonçant l'hypocrisie des traditions et des lois marocaines, et en poussant gentiment les femmes à s'émanciper.

Un recueil de témoignages donc, sur un sujet d'actualité, encore trop tabou dans certains pays. Après j'ai parfois trouvé la lecture décousue, certains passages plus ennuyant que d'autre. J'aurais aimé, pour parler de ce sujet délicat mais au combien important, une histoire plus tangible.

Néanmoins je salue bien bas ce genre d'ouvrages qui j'espère est un moyen pour faire avancer les choses. En parler c'est déjà ouvrir les esprits!
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Une histoire du sexe

Édité il y a un an sous le titre Sex Story, cet ouvrage reparaît aujourd'hui en format souple dans une version augmentée en noir et blanc avec une jaquette poste!



Voilà un excellent album de BD initié par le psychiatre et anthropologue Philippe Brenot et qui se propose de nous faire une étude mi sérieuse mi rigolarde, mais toujours passionnante sur l'histoire sexuelle de l'humanité.



De la préhistoire à nos jours, on apprend tout ce qu'il faut savoir sur le sexe à travers les cultures et les époques.



C'est l'apparition du sentiment amoureux, du sexisme et de l'apprentissage ou non de la tolérance qui se déroule devant vos yeux!



Et on s'aperçoit que l'histoire n'est faite que de haut et de bas, les périodes de forte repression sexuelle succédant à des périodes de liberté...



La BD s’ouvre sur notre ancêtre Homo habilis, apparu il y a deux millions d’années et nous montre comment peu à peu la domination masculine a pris son emprise dans les relations sexuelles - à la différence des chimpanzés - et se termine dans le futur où la vision fantasmée par les auteurs de la sexualité de nos congénères vaut son pesant d'or!!



On en apprend beaucoup et on s'amuse énormément pendant la lecture de cette BD tant les bulles parfois osées et explicites de Leatitia Coryn sont très souvent hilarantes!



Cette encyclopédie particulièrement documentée et référencée évoque avec malice et humour tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander, encore plus que dans le film du même nom de Monsieur Woody!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Paroles d'honneur

Alors qu'elle présentait son dernier roman au Maroc, Leïla Slimani a rencontré de nombreuses femmes qui se sont confiées sur leur vie intime. Cela a donné l'essai Sexe et mensonge, ici adapté en bande dessinée. Sur la base de ces rencontres, de ces échanges et de ces témoignages, l'autrice fait émerger une parole vraie et brute. « J'ai découvert à quel point la législation sur la sexualité et, de manière générale, la pression sociale exercée sur le corps pouvaient rendre difficile l'émancipation des femmes dans mon pays. » (p. 5) La dessinatrice a donné des visages à des femmes anonymes et l'autrice a fait entendre leur voix. Dans un pays où la hchouma (la honte) pèse sur toute chose, ce sont des générations qui s'accommodent comme elles le peuvent des interdits et du désir de transgression. « Tout le monde baise. L'important, c'est de le faire discrètement. » (p. 24)



Outre l'homophobie explicite et l'obsession hypocrite pour la virginité féminine avant le mariage, Leïla Slimani pointe la façon dont le message premier du Coran a été dévoyé, à force de traductions et d'interprétations patriarcales. Exit la sensualité du texte, bonjour la condamnation violente et dogmatique de l'avortement, de l'adultère et de la prostitution. « Être bien élevé, être un bon citoyen, c'est aussi avoir honte. » (p. 13) La culture de viol est omniprésente : l'agresseur n'est jamais en tort tandis que la victime porte tout le blâme. Le désir et le plaisir sont diabolisés, autant pour l'homme que pour la femme. « Je suis fatiguée d'entendre comparer la femme à un bijou, à un joyau ou à un bonbon qu'il faudrait enrober pour la préserver des regards concupiscents. On peut l'enfermer, l'emprisonner, c'est toujours pour son bien, toujours pour la protéger. » (p. 48)



Heureusement, Leïla Slimani note aussi que le Maroc change. Les jeunes générations se cachent moins, prennent ouvertement la parole et revendiquent des droits et des espaces nouveaux. « Si les femmes n'ont pas pris la pleine mesure de l'état d'infériorité dans lequel elles sont maintenues, malheureusement elles ne feront que le perpétuer, encore et encore. Alors il faut en parler. Le plus possible. » (p. 57) L'évidence est martelée : l'honneur n'est pas dans la honte, mais dans le respect de soi et des autres. Avec cette bande dessinée reportage, l'autrice appelle à l'ouverture des esprits et à l'assouplissement de la morale. L'objectif est clair : la libération de la femme et, avec elle, celle de l'homme qui est contraint par un modèle patriarcal. « Il reste à inventer la femme qui ne serait à personne, qui n'aurait à répondre de ses actes qu'en tant que citoyen lambda et pas en fonction de son sexe. » (p. 101)



Cette lecture rejoint évidemment mon étagère de lectures féministes ! De l'autrice, je vous recommande le roman Chanson douce.
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Paroles d'honneur

Voici une BD intéressante et bien nécessaire sur la sexualité au Maroc, et plus précisément la sexualité des femmes au Maroc.

Leïla Slimani nous brosse le portrait de jeunes femmes qui sont aux prises avec la rigueur et l'hypocrisie de leur pays.

On ne peut rester indifférent au tragique de certaines situations et à l'hypocrisie dans laquelle vivent de nombreuses personnes-hommes et femmes- de ce pays (mais il faut reconnaître que ce n'est pas endémique de cette nation. De nombreuses cultures/sociétés/classes sociales/religion imposent les mêmes diktats à leurs membres, et surtout aux femmes).

Comment s'épanouir dans un carcan si rigide alors que via les médias on sait que c'est différent ailleurs. Comment être soi tout en voulant rester dans un pays qui veut vous imposer ce qu'il voudrait que vous soyez? Comment accepter de n'être qu'une propriété de son mari quand on voudrait tant pouvoir être soi-même?

Telles sont les questions-oh combien intéressantes- posées par l'auteur.

Malheureusement, les réponses n'existent pas encore.

Cette BD m'est donc apparue plus comme étant un constat qu'une oeuvre militante mais elle a le mérite d'exister et c'est tant mieux.

Le dessin est très doux et illustre admirablement et pudiquement le propos.



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Dénonciation de l’hypocrisie cachée sous un voile. Lors d’une séance de dédicace, une femme va se confier à l’auteur et déclencher cette BD. De beaux témoignages de femmes marocaines, même si l’ensemble manque de fluidité. Un joli graphisme aux couleurs chaudes. Un bel ouvrage, mais peut-il faire changer les choses ?
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J'avais vu Leïla Slimani sur le plateau de LGL à propos de cette BD, et cela m'avait donné très envie de le lire. Alors quand je vois que ma petite Médiathèque a investi dessus, je me suis précipitée..... Mais.....

Ce livre m'a beaucoup fait penser à Love Story à l'iranienne.

Même format pour des propos similaires : le schizophrénie de la société musulmane (ici marocaine) par rapport à la vie sexuelle de ses individus.

Cette BD étant une adaptation, d'un essai du même auteur, je pense que je vais ajouter à ma PAL ce autre livre... qui à mon avis correspondra beaucoup mieux au récit qui est fait.

Décidément la BD ne peut pas tout raconter
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Leïla Slimani nous livre les histoires confiées par de nombreuses femmes rencontrées au Maroc, sur leur vie amoureuse, sexuelle, dévoilant l'hypocrisie et la domination d'un système patriarcal qui les oppresse.

Un témoignage nécessaire , comme le dit si bien Mona Eltahawi dans la BD :"si les femmes n'ont pas pris le pleine mesure de l'état d'infériorité dans lequel elles sont maintenues, malheureusement elles ne feront que le perpétuer encore et encore. Alors il faut en parler".
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