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3.25/5 (sur 22 notes)

Né(e) à : Roubaix , 1964
Biographie :

Né en 1964 à Roubaix, Lakhdar Belaïd est le fils d’immigrés algériens. Maman s’occupe de ses neuf marmots. Papa fait bouillir la marmite en éreintant les machines de la Redoute. Après quelques années en fac d’anglais, le jeune homme (22 ans) s’expatrie en Irlande. Douze mois géniaux à Belfast. Entre musique folk, pubs surchauffés et émeutes vitaminées.

En 1989, premier stage chez Nord-Eclair. En 1990, deuxième passage dans la principale feuille de chou locale pour Roubaix-Tourcoing. A partir de 1992, période parisienne.

Reporter à France-Soir, il a connu la Bosnie, l’Algérie, la Serbie et différents quartiers chaleureux de l’hexagone. A, à ce jour, écrit deux romans parus à la série noire : Sérail Killer et Takfir sentinelle.



Source : http://www.bibliosurf.com
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"FICHÉ S" de Lakhdar Belaïd - Interview par France Bleu Nord


Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Désormais blottie contre mon torse, ma jolie Kenza, mon clone féminin de vingt-cinq mois, observe son assistante maternelle du coin de l’œil.

– Ah oui, eh bien parlons-en de tes belles manières ! je ricane. À la maison, c’est Allah akbar par-ci, Allah akbar par-là. Attention ! On n’est pas contre du tout ! Mais, hier encore, Kenza a voulu... « prier » dans la cuisine. Difficile de mesurer son élan. Contre le carrelage, sa grosse tête a fait baoum.

Comme si elle ressentait elle-même la douleur, Nana Aïcha inonde immédiatement de baisers le front de mon bébé :

– Oh, ya zina, pardonne-moi ! elle implore.

– Ah, laisse ! je souris. Maintenant, elle connaît la différence de confort entre le grès de la cuisine et le parquet du salon.

D’un coup de menton, je désigne les copains de ma fillette :

– Et ceux-là, leurs parents, ils apprécient ce genre d’échange culturel ?

Tout en m’adressant un regard de travers, Nana Aïcha s’essuie les paumes sur sa longue robe. Puis, essayant de dominer un très visible embarras, elle triture le nœud du hidjab lui couvrant totalement la tête. Enfin, elle se lance, rougissante :

– La semaine dernière, la maman de Valérie et de Ludovic leur a proposé une sortie au zoo. Le p’tit, il a deux ans. Tu sais ce qu’il a fait, cet ange ? Vivic a apporté un foulard à sa maman. Elle était pas contente du tout.

L’assistance maternelle baisse les yeux vers le poupon :

– Tu sais, Valérie et Ludo, y z’aiment bien ma maison. Ils préfèrent dormir chez moi...

J’observe Ludovic frotter sa joue contre le dos de la main de Nana Aïcha.

– C’est sûr, ces mômes ne manquent pas d’amour ici. On se sent bien chez toi. J’espère juste qu’ils ont des parents intelligents. À leur âge, c’est normal d’imiter les grands. Moi, quand j’étais à l’école primaire, je voulais boire de la bière. Celle qu’on emballait dans des bouteilles brunes d’un litre et qui ressemblait à de la pisse de cheval. Et, tout ça, c’était juste pour imiter les durs de l’école.

Je caresse le visage potelé de ma petite chérie :

– Allez bébé, on va voir tonton Bensalem. Direction, le bunker !
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Le lieutenant Bensalem est d’humeur mutine aujourd’hui. Devant son commissariat hyper-fortifié, mon vieux copain, flic de choc de son état, colle son nez busqué, son bec de lièvre, sa tignasse crépue et son grand sourire contre la vitre de ma bagnole. Le schmid est pourtant encombré. Il a un tonfa bien serré dans une main et un pauvre ado au visage tuméfié dans le prolongement de l’autre bras.

– Oh, brigadier Maréchal, débarrasse-moi de ce ballot ! interpelle le lieutenant.

– Fais gaffe, Rebeucop ! je rigole en descendant de voiture. À jouer les clowns dans la rue, tu vas casser ton image de gros dur.

– Ah ouais, t’as raison, mon pote, réagit immédiatement mon ancien camarade de classe. Je rattrape le coup tout de suite.

Rebeucop presse soudain le pas. Son prisonnier n’a pas encore passé la lourde porte d’entrée du commissariat. Devant cinq passants, le lieutenant administre à son gibier un coup de pied au derrière à déboîter le bassin d’un bourricot.

– Zobi ! lâche l’infortuné en s’écrasant contre la rampe de l’escalier extérieur.

Bensalem se tourne vers moi :

– Et là, je deviens toujours une poule mouillée ?

– Eh, Rebeucop !
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Elle lève la tête, me sourit, avant de me tendre les mains :

– Tu pèses combien, Khodja ? T’as l’air bien fort...

– Je représente au moins quatre-vingt-cinq kilos, je rigole. Surtout du gras et des os.

– Alors, aide-moi à me lever ! J’ai des problèmes.

Le regard soudain malicieux, elle me lance, endossant le sabir des fatmas coloniales :

– C’i l’asiatique, moun fils...

– L’asiatique ? je m’étonne en emprisonnant deux grosses mains calleuses dans mes poings.

– Anaam, l’asiatique, récidive la nounou.

Debout, elle s’appuie sur l’une de mes épaules voûtées avant de plaquer son autre paume sur sa fesse gauche.

– Ah, la sciatique, je rigole.

La mamie lève le regard au ciel, se construit un faciès mi-défaitiste, mi-courroucé :

– Bravo ! ironise Nana Aïcha. Monsieur Karim Khodja, le journaliste de Nord-Info, est polyglotte. Il saisit le dialecte des vieux du bled. On voit qu’il a une femme professeur de langues. Et, votre fille, elle va être une vraie muslim. Et grâce à moi. Kenza, elle sera fière de Mohamed et de l’Algérie.
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Sous le vasistas télévisuel squatté par le ministre, un marine hystérique bêche du sable sur le corps en flammes de l’un de ses camarades.

– Mais c’est le troisième attentat majeur subi par vos troupes en quelques heures, rappelle la journaliste française au ministre. Vos hommes sont attaqués tous les jours. En 2003, Paris avait justifié son opposition à une guerre en Irak en mettant en avant le risque d’enlisement...

– Votre gouvernement est composé de pleutres ! explose le membre du gouvernement américain dans son œil-de-bœuf. Il est le talon d’Achille de l’Occident. Si Chirac s’était montré aussi docile que Tony Blair, nos ennemis n’auraient pas le sentiment de jouir d’une oreille amicale en terre chrétienne...

– Mais, enfin, monsieur le ministre, soyons sérieux, tente la présentatrice. Malgré l’arrestation de Saddam Hussein...

– Taisez-vous ! s’étrangle le responsable politique en agitant les poings. Nous apporterons la démocratie aux Irakiens. Que cela leur plaise ou non...
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Derrière Bensalem, les sirènes à deux tons sont de plus en plus assourdissantes. Enfin, des feulements de limousine.

– Ah, la caravane passe devant le commissariat, note mon pote. On va bientôt être peinards.

De la rue, une voix connue se rappelle d’un seul coup à notre bon souvenir :

– Shlomo, Shlomo, je suis là pour te serrer dans mes bras ! braille Tarik. Attends !

Quelques coups de sifflets furibards, puis... une formidable déflagration. Le bureau de Bensalem est secoué de frissons. L’espace d’une seconde, j’ai le sentiment d’être sous un Airbus en plein décollage.

Interloqué par la détonation et l’onde de choc, Bensalem s’arc-boute sur ses accoudoirs. Un objet vaguement rond vient heurter la fenêtre, puis dégringole dans la rue.

L’espace d’une seconde, Bensalem oublie l’étrange situation.

– On aurait dit un ballon, remarque le policier.

Blême, je ne réponds pas. Le « ballon », je l’ai vu. J’ai même parfaitement reconnu la tête du fameux Tarik.
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Juste avant de me raccompagner à la porte, Nana Aïcha allume son téléviseur. Pour rien au monde, elle ne manquerait les informations. D’un coup de pouce sur sa télécommande, la vieille nounou nous propulse dans les faubourgs de Bagdad. Sur l’écran, une boule de feu a pris la place d’une ancienne école. Logeant des marines américains, le bâtiment a été la cible d’un kamikaze. Au volant d’un pick-up gavé de roquettes et de napalm artisanal, un jeune chiite a harponné l’établissement scolaire de son enfance. Tableau de chasse du suicide-bomber : au minimum dix-huit soldats US.

Un médaillon vient s’incruster dans un coin du tube cathodique. Visiblement à l’étroit dans cette lucarne, le ministre américain de la Défense s’agite, éructe.

– Non, glapit l’officiel en duplex depuis Washington. Notre armée ne s’enlise pas en Irak. Elle y apporte la liberté, la démocratie. Nos valeurs fondamentali... euh, fondamentales.
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Agitées de légers soubresauts, les échines occupent tout le passage. Je n’ai pas le choix, il faut attendre. De toute façon, celle que je viens récupérer est très occupée. Un soupir. Un coup de hanche. La meneuse du groupe est enfin debout. De nouveau, c’est cette bizarre position. Je l’avais presque oubliée. Mi-couchée, mi-quatre pattes, le front vissé au parquet. Enfin, Nana Aïcha se relève de nouveau, murmurant ses « Allah akbar1» d’une voix fatiguée. Derrière son arrière-train de vache normande, trois minuscules popotins tentent de suivre le rythme. À genoux, accroupis, à la fois debout et penchés en avant, trois marmots essaient désespérément d’imiter la brave matrone.
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Depuis la naissance de Kenza, Roubaix n’a plus le même visage. Je regarde cette ville avec des yeux plus sages. Cité du textile, à la fois architecturalement radieuse et économiquement meurtrie. Pourtant, je sais que des excités ne demandent qu’à régulièrement ramener la guerre d’Algérie chez nous. Roubaix, la principale ville musulmane de France avec ses Algériens, ses Marocains, ses Africains, ses harkis. Roubaix, le Kosovo du XXIe siècle d’après Bruno Mégret. Roubaix, territoire occupé ! hurle Jean-Marie Le Pen. Roubaix, la cité de France où, avec la nouvelle Intifada et l’invasion de l’Irak par les États-Unis, la solidarité proarabe ne faiblit pas.
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Immobile sur son trottoir, Tarik affiche un air imperturbable, presque absent. La caravane de véhicules banalisés ou badigeonnés Police, le bourdonnement des motos d’escorte semblent l’hypnotiser. De l’autre côté de la rue, un 4 × 4 remonte lentement l’allée d’un parking. Le lourd véhicule se range face au jeune barbu. À peine surpris, Tarik toise le fourgon.

– Tu es venu vérifier, hein, soliloque le Roubaisien. J’ai du cran mon pote. Tu vas voir...

Au coin du boulevard, une Mercedes sombre et aux ailes décorées de drapeaux israéliens apparaît entre deux minivans.

– Je vais te montrer ! hurle Tarik en prenant son élan.
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... A ma gauche, l'accès à la voie rapide ressemble à une entrée de toboggan. J'ai devancé les secours. J'en perçois les sirènes de plus en plus distinctes dans le paysage sonore. Je capte également des cris, avant de réellement déchiffrer le chaos qui m'accueille. Une voiture sur le toit. Une autre, le flanc à même le sol. Deux jeunes types aux vêtements déchirés affalés, à moitié groggys, contre le mur antibruit. Et cette silhouette inerte autour de laquelle le bitume semble bouillonner. Je m'approche. Un pas, deux pas. L'asphalte n'est pas en ébullition...
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Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

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