AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Laura Pariani (13)


Elle s'évente : c'est une heure de feu, le ciel blanc à quarante degrés et un soleil jaune sans rayons. La forêt, les rochers de basalte, le sable rouge, tout réverbère de façon aveuglante ; l'air vibre de tous les côtés, damnant la vie. La terre des yerbales exhale des vapeurs de four et toute chose sous le soleil à pic semble se déformer en une ferveur tremblante qui engourdit les yeux.
Commenter  J’apprécie          100
Que pouvait-il savoir Pepa, de sa femme, de ce que Dalgisa avait dû supporter seule pendant des années, à élever trois fillettes ? Les hommes, ils croient qu'il n'y a qu'eux qui souffrent : ils se servent à la fiasque posée sur la table tandis que la fame et les filles vont à l'étable pour l'ouvrajhe de tous les soirs. Eux sont libres de courir le monde, car il n'y a que les montagnes pour rester à la même place. Les montagnes et nous, les femmes, ; toujours ici à attendre, à ne pas demander, à ne pas prétendre, à ne pas déranger ; il faut en passer par là ou par la fenêtre...
Commenter  J’apprécie          90
C'était l'époque où le massacre des indios touchait à sa fin, les ingénieurs payaient tant par scalp aux "chasseurs" qui éliminaient ces Mapuches entêtés, qui refusaient de quitter la vallée des barrages. Au début, tant par paire d'oreilles ; plus tard, ils avaient réclamé les yeux, pour être sûrs que la région serait complètement débarrassée des indios. "Matanza"... la carte de géographie est pleine de villages et de rivières auxquels ce nom terrible est resté.
Commenter  J’apprécie          80
Nous habitions un petit bourg dans la pampa. Une atmosphère effrayante, les rues silencieuses : partout où on se tournait, on voyait des individus armés, venus du chef-lieu de province pour empêcher les opposants d'aller voter ; et en revanche, des estancias les plus éloignées, des camions de pauvres bougres embarqués de force pour cocher le nom d'un certain candidat en échange d'une demi-litre de vin et dix cigarettes.
Commenter  J’apprécie          70
C'est terrible, Ambrogio : on dirait que notre Amérique est la terre d'une lignée uniquement féminine, comme si nous nous reproduisions toutes seules...
Commenter  J’apprécie          70
En un éclair, elle imagina les gifles, les coups de pied, les insultes -parle putain, où est Emilio ? où est cachée Cora ? qui les a aidés à s'enfuir ? -, la maison dévastée, les menaces, les livres jetés par terre, la frayeur de son père... Mais pourquoi devraient-ils l'arrêter ? Pour chercher quoi ? Elle ne possédait rien à part ses livres, elle n'avait rien fait. Et alors ? Les autres, ceux qui avaient été arrêtés, les morts, les desaparecidos avaient fait quelque chose peut-être, étaient coupables de quelque chose ?
Commenter  J’apprécie          60
Moi qui venais d'arriver d'Europe, avec mon espagnol hésitant et approximatif ; terrorisée, mes jambes se dérobaient sous moi quand ces individus dans la rue m'insultaient : Judia sucia ! car en ce temps-là, nous les juives, surtout polonaises, nous finissions toutes dans les bordels. Une polonaise vaut quatre Francesas, entendait-on dire.
Commenter  J’apprécie          60
Bien sûr, Pidrö était fasciste, comme tous les Italiens de l'aldea, avec la camisa negra et le bras levé. Et il avait des photos du Duce à la maison, découpées dans le journal : torse nu à la moisson, ou au balcon, les deux pugnos en el cinturon. Mais c'était obligé. C'était la Sociedad italiana qui imposait ça à tout le monde.
Commenter  J’apprécie          60
Quand nous étions petits, le soir après dîner, les hommes s'asseyaient sur le banc dans le patio du conventillo, en mâchant une prise de tabac, et ils se racontaient les uns les autres, moitié en patois moitié en espagnol, les raisons qui avaient poussé chacun d'entre eux à quitter l'Italie.
Commenter  J’apprécie          60
A midi, la señora Luisa faisait hisser sur le toit une espèce de drapeau pour signaler aux voyageurs qui passeraient éventuellement par là qu'ils pouvaient s'arrêter pour le repas ; c'était le seul moment où on voyait quelqu'un : un peon, le pantalon roulé au-dessus du genou, des gars bizarres qui traversaient la pampa en quête d'embauche temporaire.
Commenter  J’apprécie          60
Parce que tu vois, Teresa, je ne deviendra jamais argentine. Une personne peut changer de vie, de maison, d'amour, mais il reste quelque chose en elle, même si on la dépouille de tout, qui est là depuis qu'elle a appris à se souvenir, c'est-à-dire bien avant d'avoir l'âge de raison : la moelle d'une autre façon de vivre.
Commenter  J’apprécie          50
A la fin des années quarante, sur les murs était écrite cette phrase d'Evita : "Celui qui ne se sent pas péroniste ne pas se dire argentin." J'étais institutrice. Les manuels donnaient la phrase "Evita m'aime" comme exemple de conjugaison du verbe aimer à la troisième personne du singulier.
Commenter  J’apprécie          40
Tu penses trop, me dit Gabriel, y cuando te pones a pensar, tu deviens laide, Nelida, ça te donne des rides. Les femmes ne sont pas faites pour penser.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Laura Pariani (12)Voir plus

Quiz Voir plus

Un couple : un chef d'oeuvre et son musée (n°2/2)

"Impression, soleil levant" de Monet

Musée d'Orsay à Paris
Musée Marmottan-Monet à Paris

10 questions
93 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , art , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}