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Critiques de Laure Fagnart (1)
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Léonard de Vinci à la cour de France

La rentrée sera léonardesque ou ne sera pas : après le musée d’Amboise qui a démythifié la mort de Léonard et ses représentations « troubadour » ; après le musée Condé de Chantilly où fut exposée l’énigmatique « Joconde nue », le Louvre ouvre prochainement une rétrospective célébrant le cinquième centenaire de la mort de l’artiste. C’est évidemment une opportunité pour l’édition ou la réédition d’une flopée d’ouvrages, de l’excellent Léonard de Vinci de Daniel Arasse, publié pour la première fois en 1997, au livret du CD Leonardo da Vinci. La musique secrète chez Alpha-Classics, qui vient tout juste de paraître. Des textes passionnants de Denis Raisin Dadre et de Vincent Delieuvin expliquent l’importance de la musique et de ses rapports avec le sfumato dans l’art de celui qui jouait de la lira da braccio à la cour de Ludovic Sforza. Léonard ne fut pas en effet ce génie solitaire que la période romantique a voulu dépeindre. Il s’imposa aussi comme artiste de cour, à Milan, à Florence et en France, où il fut prisé par plusieurs rois : Louis XII tout d’abord, au temps des conquêtes dans le Milanais ; François Ier ensuite, qui l’accueillit en 1516 au manoir du Clos Lucé.



C’est précisément à cette période « française » que s’intéresse Laure Fagnart. On aurait pu croire le sujet rebattu, ou peu riche (après tout, l’artiste ne vécut que trois ans en France). Il est au contraire très varié et essentiel : c’est à partir du testament de Léonard et des inventaires (lacunaires) de la Couronne que l’on peut restituer l’histoire des achats royaux, de la provenance des tableaux et des répliques et copies des oeuvres du peintre. Or cette reconstitution n’est pas simple : l’histoire des rapports avec Louis XII, avant même le départ en France, est assez nébuleuse. Il en ressort que le roi et la reine, Anne de Bretagne, ne peuvent être les commanditaires de la Sainte Anne avec la Vierge et l’Enfant Jésus du Louvre, alors que l’on a longtemps cru l’inverse. Les années françaises ne sont guère plus faciles à étudier, même si l’on peut affirmer que Léonard arriva avec plusieurs tableaux, dont la fameuse Joconde. François Ier la lui acheta en 1518, avec un lot qui forma plus tard l’exceptionnel noyau du Louvre.



Le livre ne s’arrête cependant pas seulement aux traces de provenance : il traite encore avec bonheur de la fortune critique de Léonard à travers les accrochages de ses oeuvres dans les palais royaux français. On apprend avec quelque étonnement que c’est Henri IV qui sauva de l’humidité les toiles rassemblées à Fontainebleau par François Ier dans son Cabinet des Bains : le roi poursuivait déjà ce que l’on peut appeler une « politique patrimoniale » avant l’heure. La période du règne de Louis XIV est tout aussi importante. Léonard fut un peu relégué au second plan, alors que Raphaël devenait le parangon de l’artiste « inspiré » de la Renaissance italienne. On oublia jusqu’à la « patte » de Léonard pour lui attribuer des oeuvres assez improbables... Ces dernières sont toutes reproduites et expliquées dans cet ouvrage très bien illustré et composé qui, à travers le cas de Léonard, soulève une question brûlante en histoire de l’art : celle des rapports tumultueux de la France et de l’Italie, de leurs influences réciproques et de leurs liens inextricables.



Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 559, septembre 2019
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