Derrière lui, Angèle s’étrangla dans un rire confirmant à Antoine qu’elle avait, elle aussi, déjà vidé son compte de gobelets.
— En tous cas t’as bien la tête d’un putain de prof ! fit Léon en versant à Antoine une rasade d’un liquide transparent. Tiens, voilà un verre pour te réchauffer. Tu vas pouvoir trinquer avec nous comme ça !
Malgré l’amertume des effluves de l’alcool bas de gamme, Antoine trempa les lèvres dans le verre sans grimacer.
— Vous fêtez quelque chose ? demanda-t-il après avoir péniblement dégluti.
— Oui ! fit Angèle en sautillant sur place. Armel va enfin parler !
— Parler ? Mais à qui ?
— À mes parents ! dit Armel, un sourire béat aux lèvres. Je vais tout leur dire ! Que je ne veux plus revenir habiter avec eux, que je veux vivre seul... Apprendre les arts et devenir peintre !
— Ses vieux sont de vraies pourritures, compléta Léon, tout en roulant une cigarette. Ils l’ont foutu dehors et le laissent seul ici sans même lui donner un rond pour bouffer.