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EAN : 9782956739258
286 pages
booknseries (19/08/2021)
4.33/5   3 notes
Résumé :
La forêt. Le domaine des promeneurs de chiens. Un vase clos où maître et animal se côtoient d’égal à égal. C’est dans cet univers aux codes étranges qu’Antoine, prof de philo misanthrope et phobique des chiens, plonge un soir d’automne, autant par hasard que par obligation. Une expérience désagréable qui va rapidement prendre l’allure d’un fantasme, avant de virer au cauchemar... L’action est-elle le seul moyen de voir au-delà des apparences ? C’est en faisant face ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre particulier, envoutant, nous emmène dans un voyage étrange à l'intérieur d'un homme et au fond d'une forêt à l'abri du bruit du monde.
Et si, ce faisant, il nous emmenait au bout de nous-même?
La femme d'Antoine, vétérinaire, décide un jour d'offrir un chien à Antoine. Mais Antoine n'aime pas les chiens. Antoine n'aime que son confort, sa routine, son sentiment de supériorité et sa petite vie qui lui permet de rêver tranquillement au jour où il sera un philosophe célèbre et reconnu.
Mais voilà, il est en panne d'inspiration et ça fait longtemps qu'il ne n'écrit plus vraiment.
Jack, son chien, qui vit au jour le jour et lui accorde immédiatement sa confiance, va le traîner en toute innocence au delà de lui-même et le visage qui se révélera alors à sa propre perception ne sera pas toujours flatteur pour lui. Antoine ne reconnaît plus celui qu'il devient ainsi.
Parviendra-t-il à dépasser aussi cette étape, à passer de l'autre côté de...
Nous comprenons vite que la forêt, omniprésente dans ce roman, source de peur, de solitude, de révélations, d'épiphanie mais aussi de malentendus et de pièges, est métaphore de liberté, de retour à l'archaïsme, nature profonde de l'homme, d'absolu.
Comment traverser sans se perdre ce parcours rempli d'embûches? Heureusement, Jack est là...
Ce roman m'a évoqué par moment L'arrangement de Kazan... Même recherche existentielle sans concession, mêmes interrogations parfois dérangeantes...
À quoi se réduit la vie quand on aspire aveuglément à "être" ?
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Les conséquences en série de l'arrivée d'un chien dans la vie bien tranquille d'un prof de philo

Franchement quelle idée d'offrir un chien à son mari, pour ses 50 ans surtout quand le mari en question, Antoine, est misanthrope, a la phobie des chiens et n'a pas très envie de bousculer sa routine bien ancrée pour sortir le quadrupède ?!
Pourtant à son corps défendant Antoine va aller promener le fameux chien, Jack, dans la forêt et y faire des rencontres qui vont bouleverser sa vie à un point qu'il ne peut imaginer.

En découvrant d'autres façons d'être au monde que la sienne, Antoine va dans un premier temps imaginer pouvoir changer de vie, de costume et de personnalité. Mais un vrai changement ne va pas sans une réflexion profonde et la réalité se cogne à l'immobilisme, aux préjugés tenaces qui empêche d'avancer.
Avec ce roman qui débute de façon anodine, Laure Lapegue nous plonge dans une histoire où le suspense va crescendo. Ce n'est pas un polar, ni un thriller au sens classique. Ici pas de violence si ce n'est celle de la société qui divise, délimite et enferme les individus dans des cases et qui est prompte à juger avant même de savoir. Pas de flic. Pourtant Antoine va tomber dans un piège, alors qu'il croyait être le maître du jeu ! Il n'accédera à une vraie liberté qu'en se dépouillant de ses préjugés, en allant au bout de ses peurs...

En fine observatrice du genre humain, Laure nous offre de beaux personnages, complexes, ambivalents. J'ai trouvé Antoine détestable autant qu'aimable ! L'histoire est bien construite (je me suis fait balader jusqu'au bout) elle fait la part belle à la nature, au rapport homme/animal, aux choix nécessaires pour mener une vie en accord avec ses aspirations profondes, choix que la philosophie peut éclairer.

Un roman intelligent qui fait réfléchir tout en passant un excellent moment. What else?
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Rencontrée il y a quelques années dans les allées du Salon du Livre de Paris grâce au site « Booknseries » dont elle est la fondatrice, c'est toujours avec plaisir et curiosité que je lis Laure Lapègue, ne sachant jamais dans quelle aventure elle s'apprête à m'embarquer… Et ce nouveau titre paru pour la rentrée littéraire n'échappe pas à la règle !

Partant d'un postulat somme toute assez banal, l'autrice nous entraîne pourtant bien plus loin qu'au coeur de la forêt pour une intrigue introspective bien plus inattendue et prenante que vous ne pouvez l'imaginer. Car si l'adorable Jack va bousculer la vie de son maître, ce n'est certainement pas de façon anodine et bien plus en profondeur qu'à l'accoutumée.
Car l'autrice est habile et nous propose une intrigue intelligente savamment orchestrée, à travers laquelle elle met son personnage principal face à ses propres contradictions, poussant dès lors son lecteur à prendre du recul sur sa propre existence par la même occasion. Et tandis que le suspense grimpe sans crier gare pour nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page tournée, l'autrice nous propose de belles réflexions philosophiques.
Dès lors c'est presque à une quête existentielle que l'on assiste ici, aux côtés de personnages finement construits, à commencer par notre héros qui semble s'être perdu en cours de vie sans oublier les autres qui ne sont pas en reste tout au long du récit.
Outre son approche philosophique tout à fait pertinente du genre humain, l'autrice nous offre également un bel hommage à la nature comme à nos amis les chiens avec cette histoire soutenue par une plume fluide, élégante et agréable, un style simple et entraînant, pour un moment de lecture tout à fait plaisant.

En bref, un roman à suspense original et intrigant mais aussi teinté de belles considérations philosophiques… Et un « Petit Prince des temps modernes » que j'aurais beaucoup aimé lire !

Lu en septembre 2021
Lien : https://deslivresetmoi7.fr/2..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Derrière lui, Angèle s’étrangla dans un rire confirmant à Antoine qu’elle avait, elle aussi, déjà vidé son compte de gobelets.
— En tous cas t’as bien la tête d’un putain de prof ! fit Léon en versant à Antoine une rasade d’un liquide transparent. Tiens, voilà un verre pour te réchauffer. Tu vas pouvoir trinquer avec nous comme ça !
Malgré l’amertume des effluves de l’alcool bas de gamme, Antoine trempa les lèvres dans le verre sans grimacer.
— Vous fêtez quelque chose ? demanda-t-il après avoir péniblement dégluti.
— Oui ! fit Angèle en sautillant sur place. Armel va enfin parler !
— Parler ? Mais à qui ?
— À mes parents ! dit Armel, un sourire béat aux lèvres. Je vais tout leur dire ! Que je ne veux plus revenir habiter avec eux, que je veux vivre seul... Apprendre les arts et devenir peintre !
— Ses vieux sont de vraies pourritures, compléta Léon, tout en roulant une cigarette. Ils l’ont foutu dehors et le laissent seul ici sans même lui donner un rond pour bouffer.
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Ils étaient là. Tous les trois, mains tendues vers les flammes. Le rire rocailleux du Barbu se fit entendre, suivi de celui d’Angèle. Arrêté derrière le tronc d’un chêne, Antoine hésita à crier ou à siffler pour s’annoncer. Qu’allaient-ils penser de sa présence ? Peut-être ne serait-il pas le bienvenu ? Après avoir échangé un regard avec Jack, il décida de l’envoyer en éclaireur. Une chose était certaine, ces gens-là ne feraient jamais de mal à un animal. En voyant le chien d’Antoine venir à leur rencontre, le trio tourna la tête en direction du coin d’ombre d’où il avait surgi. Au même moment, le grognement de Viktor s’éleva dans la nuit.
— Antoine ! Tu es là ? demanda Angèle.
— Hello ! fit Antoine en sortant lentement de l’obscurité.
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Mais, malgré ses efforts, la forêt été restée là, omniprésente. À moitié endormi, crevant de froid et de peur, Antoine avait passé la nuit dans un coma délirant, un cauchemar d’enfant vécu par un adulte. Mille fois au moins, il avait promis à un Dieu, pourtant renié, qu’il saurait être irréprochable et humble si seulement il lui permettait de rentrer chez lui, sur son canapé, au chaud. Mille fois il avait insulté Léon pour l’avoir convaincu de commettre cette folie. Mille fois il s’était traité de sinistre con pour l’avoir suivi sans discuter. Mi-grelottant, mi-sanglotant, morve au nez et larme à l’œil, il avait fini par s’effondrer au petit jour, chenille géante blottie contre son chien.
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Elle lui avait offert Jack pour ses cinquante ans : Tu verras, les bergers australiens sont une race très affectueuse et puis ça t’obligera à sortir de tes bouquins et à prendre l’air ! Tu parles ! Comme si cet anniversaire n’était déjà pas assez pénible comme ça ! Quelle mauvaise blague ! Et puis quel plaisir pouvait-on éprouver à enfiler un jogging pour aller transpirer derrière une bête au regard aussi vide que celui des élèves assis au dernier rang de son amphithéâtre ! Qui plus est, cette bête n’en faisait qu’à sa tête ! Béatrice lui avait recommandé de s’inscrire à des cours de dressage. Des cours de dressage ! Et pourquoi pas de cuisine tant qu’elle y était !
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Les élèves avaient besoin de lui pour apprendre à réfléchir au sens de la vie, à préserver leurs libertés bafouées et à éveiller leurs esprits endormis par le flux des réseaux sociaux. Lorsqu’il se trouvait face à sa classe, il savait qu’il était dans le vrai. Il devait continuer à parler et à écrire, à résister face à l’obscurantisme ambiant. Antoine était un professeur et une personne de conviction. Un homme qui, s’il en avait eu l’occasion, aurait certainement fait la révolution, plutôt que de se contenter de faire de la résistance. En tout cas, une chose était sûre, Antoine n’était pas fait pour promener un chien le long des trottoirs de sa ville.
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