Il avait choisi ce métier sans conviction. Il n’était pas passionné, mais on le disait fiable et rigoureux. Dès qu’il arrivait à Saint-Pierre, il oubliait ses obligations, retrouvait une certaine spontanéité, une part enfouie de sa personnalité. Les brides se relâchaient. La sauvagerie de la presqu’île le fouettait. Au point, parfois, de réveiller une sexualité dont la brutalité le surprenait. Fanchon, il est vrai, n’y était pas pour rien. Chaque fois qu’il croisait cette femme de pêcheur au village et qu’elle lui adressait la parole avec une attention à laquelle il n’avait jamais été habitué, il se sentait troublé. Il émanait de cette femme, un peu trop forte et familière, une sensualité réelle. Elle aimait l’amour, Cédric en était certain. Il se demandait si tous les hommes pensaient comme lui.