J'ai souvent pensé, au cours de ces derniers mois, lorsque je me promenais dans Paris ou que j'étais dans le métro ou le bus, que tu m'avais donné des yeux pour voir : je regardais les visages de celles et ceux que je croisais, et je voyais et ressentais tant de choses dans leur regard, je percevais des lueurs, des grimaces, des ombres, je percevais l'enfance, la vieillesse, la solitude, je percevais des gouffres, je percevais l'espièglerie, je percevais l'innocence, je voyais ce qu'auparavant, peut-être, je n'aurais pas vu, je voyais surtout combien chacun est unique et cela m'irradiait tout le corps, je trouvais que la vie était belle et vaste, extraordinairement multiple, et je me disais que c'était toi qui m'avais ouvert les yeux, je voyais plus grand désormais , je voyais plus vrai.
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