On utilise, depuis le 19e siècle, l'expression de "cultes à mystères" pour qualifier un certain nombre de cultes antiques qui auraient des points communs entre eux et avec la religion chrétienne. Cette expression a été fabriquée en réalité par les Pères de l’Église pour regrouper dans une même catégorie des cultes qu'ils considéraient comme les principaux concurrents du christianisme.
Originaire de Perse, mais réinventé par les Romains, le dieu Mithra rencontre un succès fulgurant d'un bout à l'autre de l'Empire de Rome plus de trois siècles durant. Des hautes terres de l’Écosse au désert du Sahara, des plages de l'Atlantique aux rives de l'Euphrate, les fouilles archéologiques ne cessent de révéler, année après année, des témoignages de ce culte qui a attiré des dizaines de milliers d'adeptes entre les Ier et IVe siècles de notre ère.
Dans cette perspective, ce ne sont pas seulement les dieux ou les grands courants de pensées qu’il s’agit d’analyser, mais tout autant le monde des dévots, des serviteurs divins, et les réseaux qui se sont tissés d’un bout à l’autre de la Méditerranée et parfois bien au-delà. Des réseaux que la mise en série de documents similaires permet parfois de révéler de manière inattendue.
Chaque cité, chaque campagne est « pleine de dieux », comme disait justement Platon, et les rituels servent à construire des moments d’échange d’une particulière intensité au cours desquels le dieu est invité, par des invocations, des hymnes, la bonne odeur des sacrifices, à se « présentifier » au milieu de ses dévots, par l’intermédiaire de sa statue de culte, afin d’écouter, d’apprécier et de satisfaire leurs requêtes. Les hommes proposent, les dieux disposent…