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Citation de Charybde2


Vers minuit. Les autres sont allés se coucher, Leo aussi est épuisée. Dans le salon, au milieu des odeurs de cuisine, de la vaisselle accumulée et des cadavres de bouteilles, ne restent que Juan et Jazmín. Lui, enfoncé dans le canapé, la tête droite et les yeux clos. Jazmín à ses pieds, la tête sur ses genoux. Leo se dirige vers le vestiaire, commence à enfiler son armure. Il fait – 49 °C dehors.
« Où vas- tu ? »
Est- ce qu’il a ouvert les yeux ? Il ressemble à un gros chat, ou au dragon sous la montagne, dont on ne peut jamais dire s’il dort.
« Chercher de l’eau pour le fondoir. Il en faudra demain. »
Il hoche la tête, pousse l’épaule de Jazmín, la force à se réveiller, à se lever. « Va l’aider », et Jazmín à peine réveillée marche jusqu’au vestiaire. Leo murmure : « C’est bon, je vais m’en sortir, ne t’en fais pas », et elle installe Jazmín sur un banc. La tête calée entre les vestes en laine polaire, Jazmín se
rendort très vite. Son arme est là, sur sa hanche, à portée de main, elle pourrait être utile. Leo se souvient alors des moqueries de Vassili à Juan. Que crains- tu ? Les voleurs ? La nuit ? Il n’y a ici ni l’un ni l’autre. Elle sort, la nuit est pourtant là, le ciel est mangé par les ombres, l’air lui mord cruellement le visage. Elle marche vite, la neige s’enroule en tourbillons entre ses jambes. Ne pas oublier : si elle tombe ou se coince quelque part, elle est morte. Voilà ce qu’elle racontera à Miguel et Anika quand elle reviendra. Je n’avais pas le droit de tomber, pour ne pas mourir.
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