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4.18/5 (sur 13 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Saint-Alexis-de-Montcalm , le 22/09/1931
Mort(e) à : Trois-Rivières , le 04/01/2021
Biographie :

Laurent Mailhot (Saint-Alexis-de-Montcalm, le 22 septembre 1931) est un écrivain et historien de la littérature québécoise.

Il a longtemps enseigné à l'Université de Montréal au département d'études françaises.

Source : Wikipédia
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
LA CHANSON DE MARIE
(de Pierre Perrault)

Au bout de ce grand bout de terre
de peine et de misère
dis-moi
Marie
pourquoi le silence s'agrandit
est-ce parce qu'on vieillit
ne dirait-on pas qu'il n'est plus temps

et le temps de tant d'enfance
où nous allions sous les branches
me revient comme un présent

parce que c'est de vivre pourtant qu'on meurt

après ce beau bout de pommier
au bout de ce grand bout de mer
bout de chemin bout de misère
dis-moi
Marie
est-ce parce qu'on vieillit

tout ce qui nous a surpris
ne nous arrivera plus guère
au bout de ce grand bout de mer

parce que c'est de vivre pourtant qu'on meurt

j'ai régné sur les saisons
- le temps nous dure à peine -
étions-nous faits pour la chanson
avant d'avoir filé la laine

dis-moi Marie
Marie de mes jardins
puisqu'on parle de la vie

puisque le temps petit à petit
prend la place des murs

puisque l'amour ne vaut pas plus
ni moins que ce qu'il dure
dis-moi Marie
Marie de toute la terre
dis-moi si tu te rappelles

de la neige qui neige sur la neige
et qui nous a tant éblouis
presque trop presqu'autant
et même plus que le plus beau
de la branche à l'oiseau

parce que c'est de vivre pourtant qu'on meurt

la pomme rouge et la gelée blanche
puisqu'on parle de la vie
tourmentent le même jour
le pommier doux

dis Marie
mon grand pays
au bout de ce grand bout de neige
dis ce que tu penses de la terre

de la terre qui reprendra nos visages
pour en faire des feuillages
aux branches du coudrier

et rien ne nous arrivera plus
de la vie que nous avons vécue
pour que le temps passe

(Poème extrait du recueil "Chouennes", 1967) - pp. 284 à 286
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ne demande pas au silence
de découvrir ce que cachent les mots
si tu ne retournes en toi-même
des pierres qu’attentives tes mains
couvaient ne demande qu’un peu
d’eau qu’un peu de feuilles fraîches
maintenant dans les corridors on tresse
le chaume un peu plus tard l’air
s’enfumera d’une odeur de pin
tu tendras l’oreille au bruit qui pèle

(Michel Beaulieu)
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Poids d’angoisse

La terre s’ouvre mon poids d’angoisse
elle tremble sous moi elle a montré
son ventre rugissant et sa nuit noire
et je vois s’enliser les peupliers
Je ne puis supporter que la lumière
s’éteigne et m’abandonne à mourir
qu’elle ne lacère plus le chemin
qu’elle ne distingue plus la maison
où j’avais mis des fleurs où j’avais des chambres
des cerceaux d,enfants suspendus partout
des seaux qui grinçaient remplis d’eau de pluie
J’écoute battre en moi un cœur étrange
qui me frappe au cœur mille fois trop fort
toute chair chancelle et l’âme elle-même
est ce ravin fou qui gronde et qui roule
dans le sein des fleuves désespérés
Vous aviez un nom, même vote songe
traçait des anneaux des dessins parfaits
des cris familiers jaillissaient du monde
et vous habitiez le temps des mourons
La terre sous moi se creuse une tombe
-ses effrois géants brisent le silence-
vous chasse à longs cris, cède sous vos pas
elle vous reprend au fond de son ventre
vous berce et vous tord, vous arrache à l’herbe
aux hortensias aux pluies et aux femmes
au sommeil léger des veilles l’automne
quand on craint pour soi les voleurs de pommes
La terre trahit les noms et les formes
vous changez de chair et tournerez cendres
sans m’avoir laissé le temps d’oublier
la face inconnue qu’elle et vous trompiez.

(Suzanne Paradis)
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À ceux-là

Et que tremble au moins la main
quand le coup part

ils ne sont pas de ceux
qui prennent le monde par la taille

ils ne sont pas de ceux qui donnent
leur nom à des villes
leur nom à des rues

ils courent tout comme jadis
mais comme des hommes sans mains
treblinka oswiecim lauzon coaticook
c’est toujours la même voix qui se plaint
c’est toujours la même tendre peau humaine qu’on déchire
c’est toujours les mêmes yeux qui se baissent

nul bruit de cristal en eux
nul reflet de miroirs
nul mystère dans leur regard
quelques mensonges et c’est tout

nul indien nul nuage nul andin
je ricane parmi les miens
ils sourient tous au bourreau
ils tremblent de peur aussi

nulle course nulle bravoure nuls cris
ils se taisent quelquefois
ils croisent quelquefois l’amour
et lui-même ne les reconnaît pas

(Gérald Godin)
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Émotion

Je tourne mes regards vers l’espace là-bas,
Je songe à ces beautés que je ne verrai pas.
Que de brûlants midis étendus sur les plaines,
Ruisselants de rayons comme l’eau des fontaines,
Que d’enivrants bonheurs, répandus à foison
Qui viendraient, s’assoiraient au seuil de ma maison!
Je n’aurais pas besoin d’aller jusqu’à ma porte,
Le jour prodiguerait une chaleur si forte,
Le soleil danserait dans de si clairs rayons,
Animant les jardins, mûrissant les brugnons,
Qu’il entrerait ainsi, par mes fenêtres closes,
Un long frisson de vie, un murmure de roses.
Le soir s’embaumerait aux fleurs des résédas,
Et serait bruissant comme du taffetas.
Avec tant de lenteur, viendrait le crépuscule,
Qu’on croirait entrevoir l’infini qui recule
Et se recueille, avant de presser dans ses bras,
L’horizon qui s’émeut, s’approchant, pas à pas.
Que d’appels oppressés, de frissons, de musique,
Éperdus, haletants comme un plaisir physique,
Quelle épuisante extase et quel troublant émoi,
Dans les soirs accablés, monteraient jusqu’à moi!…
Mais j’irais, me cachant dans la nuit, sous ses voiles,
Dérober le repos immortel des étoiles,
Et je ne serait plus qu’un doux astre qui luit,
Quand elles pâliraient de langueur dans la nuit…

(Éva Senécal)
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L’en-dessous du sommeil

Chaque soir ma tête s’enfonce
comme l’âme d’une épine dans l’espace
tout ce qui cède alors
ressemble au passage archaïque de la lune
sur l’écaille unanime des cils
déjà la terre s’émiette entre mes jambes
sauf son amour
sous l’aisselle bleue des glaces
je repars dans le cerveau de la nuit
pour voir tourner la terre en mon absence.

(Michel Leclerc)
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Soir

Les ténèbres se mêlent à la rue,
Couvrent d’une taie de noir
L’ouvrage que le soleil complice
T’avait laissé former avec le ciel
Et les façades. La ville t’entoure
Et se disperse du même mouvement
Que la terre roule sur son corps
Ample et bleu; mais elle subsiste
En toi, paradis d’artifices
Que n’interdit nulle épée de feu.

(Robert Mélançon)
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il n’y a rien au monde pas même cet obstacle
perdu au loin dans la prairie l’éloignement
l’isolement coulé dans les veines
je n’ai encore rien vu qui ressemble à l’absence
sauf ici naissance à telle page
d’un côté la forêt de l’autre la terre travaillée
en pratique la forêt n’est plus qu’une terre à travailler
plus tard mais rendue à son vrai souffle
qui lui couvrira la chair
ici ou là
j’entre en toi (passer le seuil)
calme dur clair distant
sur le contour de nos présences l’air ne pèse plus
lentement avancés reculs points de contacts
comme si c’était moi qui t’avais faite
spontanée familière amusante aisée dans le va-et-vient des choses
dominant la matière (la mettre à son service)
la réaction s’avive aux besoins du désir
c’est plutôt glisser en toi qui m’affecte
comme nous pénétrons ensemble la terre dans ses reflets
ses représentations tendues
comme nous touchons le corps étranger

(François Charron)
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Avec un livre on cherche et trouve au fond de l’ombre
La lumière et la vie; et le passé qui sombre,
Qui pâlit, qui s’en va, rit et vient resplendir
Au-dessus de la page, inconscient nadir,
Qui devant le zénith fait l’horizon plus tendre
Et le regard plus clair; qui, contemplant la cendre
Grise d’un souvenir, refait l’astre vermeil
Du rêve de l’amour, du cœur et du sommeil.
Ô les humbles feuillets, qui sourdissent dans l’âme,
Le tourment des douleurs, sublime épithalame,
De l’idée à l’amour, du rêve à la raison,
Du soleil à la lune et de l’arbre au gazon!
Vous chantez dans mes mains cette longue romance
De la vie à la mort, du petit à l’immense;
Vos strophes dans mon cœur me chantent qu’ici-bas
Vous êtes le seul bien des hommes de combat,
Des hommes de prière et des hommes de charge,
Car tout homme peut faire un rêve en votre marge.

(Henry Desjardins)
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le temps ne connaît pas ses proies
elles tombent d’un mauvais voyage
l’année courante a broyé les os les idées noires
les oiseaux accrochés au vent armé
aux édifices de lumière
immatériels
le temps n’aime pas ses victimes
les rejette à la grande noirceur
d’une survie lunaire
les dévisage dans le courant d’air
d’une éternité prosaïque sans densité
tandis que les nerfs méli-mélodisent
le destin se tourne dans son lit
en déploiement de faiblesse
en état de grâce érotique ou savante
les proies s’échappent et reviennent
parmi les arbres les passions mobiles
les appartements néantisés par la hâte
(soleil en cage les oiseaux en repartent
leur blancheur assouvie)
au fil du corps plus ou moins sûr de ses limites
à l’esthétique maturité
de ses faits et gestes
que le temps n’emporte pas
en paradis

(Pierre Nepveu)
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