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EAN : 9782892950069
642 pages
L'Hexagone (24/11/1992)
4.46/5   12 notes
Résumé :
Une nouvelle édition entièrement revue et mise à jour de l’anthologie parue en 1981 : près d’une centaine de pages de nouveaux poèmes, des choix plus rigoureux, une présentation et une bibliographie étoffées. Cet ouvrage offre aux lecteurs un panorama complet et diversifié de la poésie québécoise, depuis le XVIIème siècle jusqu’au milieu des années 1980.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voyage outre-Atlantique vers la poésie québécoise, au travers d'une anthologie remarquable signée par Laurent Mailhot et Pierre Nepveu.

Au fil du temps, d"'À-Dieu à la Nouvelle-France" de Marc Lescarbot écrit au XVII ème siècle jusqu'aux poèmes en Autoportrait de Marie Uguay écrits en 1982, les deux auteurs font le récit critique et éclairé de toute l'histoire de la poésie québécoise, son avènement, son classicisme, le romantisme politique qui rimait alors avec liberté, peuple, patrie (1837-1838, c'est la rébellion des Patriotes qui combattent les troupes et les milices britanniques), le naturalisme qui s'impose ensuite (le poète se fait ici observateur attentif, discret et pudique, avec la nature, le village et ses habitants, avec les légendes et les récits populaires.

Au XIX ème siècle, un jeune prodige émerge qui va marquer la littérature québécoise, c'est Emile Nelligan. Avec lui, c'est la valorisation de la forme, des sonorités, des correspondances entre les signes et les mots pour eux-mêmes qui s'impose.

Plus tard encore, c'est une autre grande figure de la poésie qui se fait connaître, Hector de Saint-Denys Garneau incarne lui la figure du poète maudit, incompris, il témoigne d'une prise de conscience des difficultés et du rôle du poète moderne. À partir de lui, le rôle du poète dans et hors de la société se précise, de définit. Il ouvre le chemin d'une avant-garde de la recherche intellectuelle qui fera émerger des Anne Hébert, Rina Lasnier ou encore Alain Grandbois.

Avec la révolution surréaliste tardive des années 50, s'opère l'effondrement de la prosodie classique. le champ poétique s'ouvre à l'usage du prosaïsme, au discours familier. L'importance est alors donnée aux rythmes, aux intonations du discours et de la parole.
C'est ici que se fait connaître un autre très grand poète du Québec: Gaston Miron. Fondateur des célèbres Éditions de l'Hexagone qui deviendront le foyer d'animation sans précédent créant de nouveaux lieux de rencontres et d'échanges, ouvrant la tendance à l'organisation de festivals, d'animations, de nouveaux cercles littéraires, à la création de nouvelles maisons d'édition qui font encore aujourd'hui une part très belle à la poésie.

Outre cette longue histoire de la poésie au Québec, les deux auteurs présentent un choix très large de textes de nombreux auteurs. Au fil des pages, le lien entre le contexte historique et les textes présentés se resserre et fait sens.
Une notice présente chacun des auteurs (connus et moins connus) présentés, chacun avec son style, ses influences, ses engagements. On aimerait en savoir un peu plus sur le parcours de l'un, découvrir un peu plus sur l'oeuvre de l'autre…

La lecture de cette très belle anthologie se termine avec le sentiment heureux de pouvoir découvrir encore beaucoup de la poésie québécoise, de ses auteurs et de leur oeuvre. Elle est comme une précieuse invitation à nous rapprocher un peu plus de ce beau pays, de cette belle terre qui s'étend au-delà de l'océan et touche tout notre imaginaire.
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"La poésie québécoise" est une excellente anthologie, employée aux programmes de littérature françaises dans toutes les universités anglophones au Canada, qui donne une image ttrès fidèle de l'histoire de la poésie Québécoise. Son seul défaut, c'est qu'elle est une calvaire à lire. Carrément trop loin, elle a trop de poèmes de poètes médiocres. Ce n'est pas grave, car elle est un outil pédagogique. le professeurs choisit seulement un petit nombre à faire lire à leurs étudiants. Pourtant il ne faut pas penser que "La poésie québécoise" est une anthologie comme celle de Pompidou que l'on peut lire pour le plaisir.
"La poésie québécoise" est incestueuse. On comprend quand on lit les petites introductions aux auteurs, que les deux éditeurs ont connu personnellement lesauteurs des poèmes qui remplissait aux moins les deux-tiers des pages du livre. Même, il y a trois poèmes, assez bons d'ailleurs d'un des éditeurs, à savoir Pierre Nepveu.
Le problème de base est peut-être que la poésie québécoise à commencé à se développer au moment où la poésie française était à la veille de sa décadence terminale. Dans sa courte histoire, la poésie Québécoise a été dominé par le modernisme qui rejette la rime, le rythme et la beauté de langue comme des normes de la poésie. . Fini les allusions à Virgile, Pindare et Homère. On cite Roland Barthes, Antonin Artaud et Mao Zedong. Pour un vieux dinosaure comme moi qui adore la poésie de Ronsard, Racine, de Bellay et d'Hugo, la poésie québécoise est une dure pilule à avaler.
Mailhot et Nepveu semblent penser que les années cinquante constituent l'âge d'or de la poésie. A cette époque les poètes des Éditions de l'Hexagone dominaient la scène de façon absolue. Ils écrivaient dans la tradition surréaliste et préféraient le marxisme au Catholicisme. Ainsi, Mailhot et Nepveu, consacrent beaucoup de pages à Gaston Miron, Roland Giguère, Claude Gauvreau et Paul-Marie Lapointe.
Gauvreau et Miron ont été aussi des signataires du célèbre manifeste "Le Refus Global" qui promouvait le surréalisme. Parmi les signataires il y avait des représentants des mondes de la peinture, de la sculpture, de la gravure, le dessin et le théâtre. "Le Refus Global" a déclenché une véritable révolution culturelle du Québec. À mon avis, les meilleurs résultats sont finalement venue des domaines du roman, de la chanson, de la danse contemporaine, du théâtre et du cinéma. Même si je les aime très peu, je dois reconnaitre que les poètes de l'Hexagone ont joué un role clé dans ce renouveau de la culture québécoise.
"La poésie québécoise" enseigne des leçons importantes mais elle offre très peu de moments de joie aux lecteurs et lectrices qui aiment les beaux vers.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
LA CHANSON DE MARIE
(de Pierre Perrault)

Au bout de ce grand bout de terre
de peine et de misère
dis-moi
Marie
pourquoi le silence s'agrandit
est-ce parce qu'on vieillit
ne dirait-on pas qu'il n'est plus temps

et le temps de tant d'enfance
où nous allions sous les branches
me revient comme un présent

parce que c'est de vivre pourtant qu'on meurt

après ce beau bout de pommier
au bout de ce grand bout de mer
bout de chemin bout de misère
dis-moi
Marie
est-ce parce qu'on vieillit

tout ce qui nous a surpris
ne nous arrivera plus guère
au bout de ce grand bout de mer

parce que c'est de vivre pourtant qu'on meurt

j'ai régné sur les saisons
- le temps nous dure à peine -
étions-nous faits pour la chanson
avant d'avoir filé la laine

dis-moi Marie
Marie de mes jardins
puisqu'on parle de la vie

puisque le temps petit à petit
prend la place des murs

puisque l'amour ne vaut pas plus
ni moins que ce qu'il dure
dis-moi Marie
Marie de toute la terre
dis-moi si tu te rappelles

de la neige qui neige sur la neige
et qui nous a tant éblouis
presque trop presqu'autant
et même plus que le plus beau
de la branche à l'oiseau

parce que c'est de vivre pourtant qu'on meurt

la pomme rouge et la gelée blanche
puisqu'on parle de la vie
tourmentent le même jour
le pommier doux

dis Marie
mon grand pays
au bout de ce grand bout de neige
dis ce que tu penses de la terre

de la terre qui reprendra nos visages
pour en faire des feuillages
aux branches du coudrier

et rien ne nous arrivera plus
de la vie que nous avons vécue
pour que le temps passe

(Poème extrait du recueil "Chouennes", 1967) - pp. 284 à 286
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Poids d’angoisse

La terre s’ouvre mon poids d’angoisse
elle tremble sous moi elle a montré
son ventre rugissant et sa nuit noire
et je vois s’enliser les peupliers
Je ne puis supporter que la lumière
s’éteigne et m’abandonne à mourir
qu’elle ne lacère plus le chemin
qu’elle ne distingue plus la maison
où j’avais mis des fleurs où j’avais des chambres
des cerceaux d,enfants suspendus partout
des seaux qui grinçaient remplis d’eau de pluie
J’écoute battre en moi un cœur étrange
qui me frappe au cœur mille fois trop fort
toute chair chancelle et l’âme elle-même
est ce ravin fou qui gronde et qui roule
dans le sein des fleuves désespérés
Vous aviez un nom, même vote songe
traçait des anneaux des dessins parfaits
des cris familiers jaillissaient du monde
et vous habitiez le temps des mourons
La terre sous moi se creuse une tombe
-ses effrois géants brisent le silence-
vous chasse à longs cris, cède sous vos pas
elle vous reprend au fond de son ventre
vous berce et vous tord, vous arrache à l’herbe
aux hortensias aux pluies et aux femmes
au sommeil léger des veilles l’automne
quand on craint pour soi les voleurs de pommes
La terre trahit les noms et les formes
vous changez de chair et tournerez cendres
sans m’avoir laissé le temps d’oublier
la face inconnue qu’elle et vous trompiez.

(Suzanne Paradis)
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Émotion

Je tourne mes regards vers l’espace là-bas,
Je songe à ces beautés que je ne verrai pas.
Que de brûlants midis étendus sur les plaines,
Ruisselants de rayons comme l’eau des fontaines,
Que d’enivrants bonheurs, répandus à foison
Qui viendraient, s’assoiraient au seuil de ma maison!
Je n’aurais pas besoin d’aller jusqu’à ma porte,
Le jour prodiguerait une chaleur si forte,
Le soleil danserait dans de si clairs rayons,
Animant les jardins, mûrissant les brugnons,
Qu’il entrerait ainsi, par mes fenêtres closes,
Un long frisson de vie, un murmure de roses.
Le soir s’embaumerait aux fleurs des résédas,
Et serait bruissant comme du taffetas.
Avec tant de lenteur, viendrait le crépuscule,
Qu’on croirait entrevoir l’infini qui recule
Et se recueille, avant de presser dans ses bras,
L’horizon qui s’émeut, s’approchant, pas à pas.
Que d’appels oppressés, de frissons, de musique,
Éperdus, haletants comme un plaisir physique,
Quelle épuisante extase et quel troublant émoi,
Dans les soirs accablés, monteraient jusqu’à moi!…
Mais j’irais, me cachant dans la nuit, sous ses voiles,
Dérober le repos immortel des étoiles,
Et je ne serait plus qu’un doux astre qui luit,
Quand elles pâliraient de langueur dans la nuit…

(Éva Senécal)
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À ceux-là

Et que tremble au moins la main
quand le coup part

ils ne sont pas de ceux
qui prennent le monde par la taille

ils ne sont pas de ceux qui donnent
leur nom à des villes
leur nom à des rues

ils courent tout comme jadis
mais comme des hommes sans mains
treblinka oswiecim lauzon coaticook
c’est toujours la même voix qui se plaint
c’est toujours la même tendre peau humaine qu’on déchire
c’est toujours les mêmes yeux qui se baissent

nul bruit de cristal en eux
nul reflet de miroirs
nul mystère dans leur regard
quelques mensonges et c’est tout

nul indien nul nuage nul andin
je ricane parmi les miens
ils sourient tous au bourreau
ils tremblent de peur aussi

nulle course nulle bravoure nuls cris
ils se taisent quelquefois
ils croisent quelquefois l’amour
et lui-même ne les reconnaît pas

(Gérald Godin)
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il n’y a rien au monde pas même cet obstacle
perdu au loin dans la prairie l’éloignement
l’isolement coulé dans les veines
je n’ai encore rien vu qui ressemble à l’absence
sauf ici naissance à telle page
d’un côté la forêt de l’autre la terre travaillée
en pratique la forêt n’est plus qu’une terre à travailler
plus tard mais rendue à son vrai souffle
qui lui couvrira la chair
ici ou là
j’entre en toi (passer le seuil)
calme dur clair distant
sur le contour de nos présences l’air ne pèse plus
lentement avancés reculs points de contacts
comme si c’était moi qui t’avais faite
spontanée familière amusante aisée dans le va-et-vient des choses
dominant la matière (la mettre à son service)
la réaction s’avive aux besoins du désir
c’est plutôt glisser en toi qui m’affecte
comme nous pénétrons ensemble la terre dans ses reflets
ses représentations tendues
comme nous touchons le corps étranger

(François Charron)
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