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Citations de Laurent de Coudenhove (1)


STILV, AU SECOURS !
— Lassa, ne bouge plus. Tiens bon. Je coupe le champ gravitationnel. Encore quelques secondes… C’est bon.
La jeune fille qui se retenait fermement, désespérément aussi il faut bien le dire au dernier barreau de la rambarde de sécurité, sentit ses jambes remonter et son corps s’aligner et flotter dans l’air.
Lassa poussa un soupir. Elle n'avait pas songé à cela. Elle aurait plutôt vu l'un des androïdes de Stilv la prendre par la main et la hisser sur la passerelle. Mais Stilv était allé au plus court. Il avait coupé la gravité, lui permettant de s'alléger de cette impression d’être attirée irrésistiblement par le sol qui se trouvait tout de même à plus de trente mètres au-dessous.
Lassa, qui avait appris à évoluer en apesanteur, attrapa une à une les différentes barres et se propulsa doucement pour ensuite flotter au-dessus de la passerelle. Celle-ci circulait sur toute la longueur de la soute. Elle enclencha à sa ceinture le compensateur et ses semelles semblant attirées par le treillis métallique qui composait le sol la plaquèrent doucement sur le plancher des vaches. Elle sourit à cette expression qu'elle avait apprise lors de l'une de ses leçons. « Le plancher des vaches, la terre. »
— C’est bon, Stilv… j’ai repris pied. Consciente d’être dans une situation inconfortable, elle rajouta : « Merci… »
— Écoute, Lassa, il y a neuf jours, dix heures et vingt-trois minutes, tu m’as demandé d’annuler la détection automatique de position qui me renseignait sur tes mouvements. Tu voulais, m’as-tu-dis, plus de liberté, plus d’indépendance. Cependant, si tu n’avais pas appelé…
— J’ai appelé, Stilv. J’étais assise sur la rambarde et j’ai glissé. Je suis désolée, je ne le referais plus.
Lassa n’avait pas peur du vide et contempler d’aussi haut cet espace immense rempli de containers et de modules d’exploration lui donnait la vue la plus étendue possible sur l’horizon confiné du vaisseau.
— Rentre maintenant. Je t’attends en salle d’imprégnation.
Lassa fit quelques pas avec l’impression de marcher dans de la terre saturée d’eau à cause de ses semelles plombées. Cela lui rappela les abords du marais artificiel dans la salle de l’écosphère. Elle coupa donc le compensateur, vérifia d’un petit bond que Stilv avait bien remis la pesanteur et se dirigea vers le sas au bout de la coursive.
Élancée, les cheveux noirs, longs, bordant un visage plutôt angulaire, le teint pale – par manque de soleil – et les yeux noisette, elle se trouvait plutôt pas mal. Elle n’avait pas beaucoup de repères, ni de regards évaluateurs, mais elle se basait sur son goût personnel.
En effet, si elle n’avait jamais vu une personne en vrai, ses imprégnations lui en avaient montré un certain nombre. « Disons que personne ne m’a jamais fait de compliments mais que cela ne m’empêche pas d’avoir un avis personnel. De plus, les goûts et les couleurs… » pensait-elle lorsqu’elle se regardait dans la glace.
Elle enfila les couloirs, prit les ascenseurs, et se retrouva deux cents mètres plus loin et deux ponts au-dessus dans la partie habitation. Elle connaissait les lieux par cœur pour y être née, il y a maintenant quatorze ans.
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