Elle a tourné le regard vers le matelas de Gift et elle l'a vu, couché en chien de fusil, ses yeux la fixant dans le noir, immenses. Elle a entendu, par dessus la respiration tranquille des filles du fermier et les bruits de vaisselle entrechoquée (bruit de glaçons ?) les voix de leurs hôtes. Sa voix à elle, irritée "Appeler la police... sans doute une fugue... parents" sa voix à lui, lasse ou indifférente : "Pas nos affaires... juste pour cette nuit".
Elle a fait signe à Gift, ils se sont glissés dehors par la fenêtre à guillotine. Quand parlent les glaçons, ils ont toujours le dernier mot. Ceux qui entendent quelque chose à ces choses savent qu'il ne faut pas leur laisser le temps d'être croqués, crissants, sous les dents des adultes. Ou de fondre dissous, rendus au néant. Comme l'amour.