It seems no one can help me now
I'm in too deep
There's no way out
This time I have really led myself away
Soul Asylum - Runaway Train
Pénétrer l'Univers de
Léa Silhol par la bonne porte d'entrée, celle de le Dit de Frontier est un billet aller simple. Pas moyen de sortir de ses profondeurs. Ma tentative de passer le seuil de la Trame par la porte Vertigen et le roman
la Sève et le Givre a échouée, je n'avais alors pas toutes les clefs en main.
Musiques de la Frontière - le Dit de Frontier 1 est le passe-partout. Ce recueil des nouvelles Runaway Train - Il ne neige pas à Frontier - Arcane 1 / le Magicien - Faire Surface - Comme une Balle - Encordés à la Nuit - La Ballade des Égarés - A Bout de Course - L'Encre, le Sang - Vado Mori - Voix de Sève - Comme marchent les Ombres, compile certes ces chroniques - dont il ne s'agit pas de leur première publication pour certaines - dans un désordre temporel comme les bribes d'un rêve, mais met l'Ami Lecteur sur la bonne voie, le mène sur ce chemin à sens unique, trop loin pour permettre à ceux qui croient aux fays de Faire Surface sans peine.
I straight
I won't crack
On my way
And I can't turn back
I'm okay
I'm on track
On my way
And I can't turn back
I stayed
On this track
Gone too far
And I can't come back
I stayed
On this track
Lost my way
Can't come back
NIN – Even deeper - morceau introductif de Il ne neige pas à Frontier.
Frontier, cité utopique du bord du monde des USA, offre « une vision d'une beauté presque douloureuse […] de ce qui pourrait être un monde idéal », est en ce XXIème siècle la Terre Promise des fays qui ne s'enfoncent pas Comme une Balle dans l'hiver froid et amer des affres de la persécution. Il ne neige pas à Frontier.
Ce refuge s'appellerait dans un autre univers L'Institut Xavier, sauf qu'ici il ne s'agit pas d'une école mais d'une cité. Shade, meneur de la révolte des enfants fays, ces changelins qui grandissent mystérieusement au sein de familles humaines, ne fait pas pâle figure face au Professeur. Les pouvoirs des fays peuvent être tout aussi terrifiants que des griffes rétractiles, qu'une vision à énergie cinétique, ou autres contrôles du métal et des pensées. Les bads fays, autrement appelées coucous, effraient et mènent ce même combat pour leur acceptation, leur liberté d'être et de vivre, dans les rues, Encordés à la Nuit, guns gravés de runes à la ceinture.
Look
If you had
One shot
Or one opportunity
To seize everything you ever wanted
In one moment
Would you capture it
Or just let it slip ?
Eminem – Lose yourself, morceau qui résonne Comme une Balle dans cette nouvelle.
Les fays ont su saisir leur chance. Prêts à tous les sacrifices, qui prennent des airs de Vado Mori ou de Ballade des Egarés, ils font couler L'Encre, le Sang, dans et sur leur peau, pour A Bout de Course sortir de la noirceur de ce monde conformiste et trouver la paix à Frontier.
Léa Silhol nous conte une utopie enchanteresse qui fait du bien, regorgeant de personnages inoubliables et d'idées époustouflantes. Son Univers bastonne, est sombre et mélancolique, empreint d'onirisme, de magie, de poésie, empli d'espoir… et de Musiques. Les morceaux qui ont accompagné l'auteur dans son écriture ont sonné sans fausse note à mon oreille, les Voix de Sève de
David Bowie, de Trent Reznor (dans un Juke Box!) ou encore d'Amy Lee ont fait l'effet d'un baume sur mon âme écorchée par ce monde intolérant et intolérable.
Un seul regret, celui de ne pas avoir pu imprégner plus profondément ma lecture avec la bande son composée par PFR, qui complète une édition "fission" limitée. Un autre membre du gang des éditions l'Oxymore est présent dans cette édition,
Natacha Giordano signe une postface remarquable qui donne les clefs du vaste Univers, et permet d'apprécier l'ampleur du travail et le talent immense de l'auteur, le Magicien.
Léa Silhol et les siens signent désormais leur travail sous le label Nitchevo Factory, dont le grand chantier est la réédition des ouvrages de l'auteur. Une qualité de fabrication à la hauteur de l'ampleur de la tâche, titanesque, avec des couvertures signées Dorian Machecourt de toute beauté.
A voler trop Près des Nids de Coucous (titre de la postface) on finit Comme Marchent les Ombres par demeurer à jamais sur le Seuil de la porte de l'Univers exceptionnel d'une véritable Fay. Je vais poursuivre mon chemin avec le tome 2, le roman
Possession Point, et retrouver les douloureux amants Jay et Anis. Dans l'attente du troisième opus, Burn, en cours d'écriture, je vais quitter les USA pour le Japon et poursuivre la piste de fays, celles-ci, mangaka/samouraïs, dans le cycle de 4 tomes Seppenko Monogatari. Je prendrai des chemins de Traverses mais je m'en reviendrai toujours à cette symphonie littéraire qui brûle désormais dans mes veines.