AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Léo Figuères (1)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Octobre 1917, la révolution en débat

Mettre la révolution en débat pour Figuères c'est (sous titre) répondre à un " dilemme" : la révolution fut-elle "transition pacifique du pouvoir aux soviets ou insurrection" ?

On sait ce qu'il en fut... quoique, d'aucun diraient que cette insurrection ne fut en rien populaire. Mais un coup d'Etat, illégitime. Qu'on en juge :

« Le Comité militaire révolutionnaire décida le 22 octobre que toute unité militaire stationnées à Petrograd n’avait à obéir qu’à ses ordres et maintenir cette consigne malgré la demande d’annulation faite par Kerenski. Le Comité central bolchevik mit au point les dispositions pratiques pour que tous les points stratégiques de la capitale soient occupés par les « gardes rouges » », les soldats et les marins, aux ordres du Soviet. Ses membres étaient aiguillonnés par Lénine qui redoutait une initiative des unités militaires, fidèles au gouvernement. Le 24 octobre, les gardes rouges commencèrent à prendre le contrôle des ponts de Petrograd sans rencontrer de véritable résistance. Les autres objectifs furent occupés de la même façon et, au soir du 24 octobre (soit le 6 novembre selon notre calendrier qui avait 13 jours d(avance sur celui en avance sur celui en usage en Russie), la capitale se trouva partout placée sous le contrôle des forces du CMR. Kerenski avait quitté Petrograd mais son gouvernement siégeait toujours au palais d’Hiver. Après un échange de coups de feu et une canonade, à blanc, du croiseur « Aurore », il fut occupé par les soldats et les marins au petit matin du 25 octobre (7 novembre 1917).

Le second congrès des soviets de toute la Russie s’était réuni quelques heures plus tôt. Sur 633 délégués, 390 s’étaient déclarés bolcheviks et de nombreux autre socialistes-révolutionnaires de gauche. La présidence menchevique du premier congrès dut céder la place. Un nouveau bureau fut élu avec une large majorité de bolcheviks et de SR de gauche. Il en fut de même un peu plus tard pour le comité exécutif central à la tête duquel fut élu le bolchevik Sverdlov. La plupart des mencheviks et SR de droite quittèrent alors le congrès, en condamnant ce qu’ils tenaient pour un coup de force fomenté par les bolcheviks. Lénine parut au congrès et proposa d’adopter les deux mesures attendues par les masses russes : le décret sur la paix et celui sur la terre.

Le décret sur la paix se concrétisa par une demande aux gouvernements de tous les pays belligérants et à leurs peuples, de faire connaître quelles étaient les conditions d’une fin rapide de la guerre. Le décret sur la terre reprenait les termes du mandat adopté par le congrès des soviets paysans, il était favorable à une répartition égalitaire des terres appartenant à la Couronne, à l’Église et aux grands propriétaires fonciers.

Le 8 novembre, en confirmant la destitution du gouvernement provisoire de Kerenski, le congrès élit un « gouvernement provisoire ouvrier et paysan » avec la composition suivante : Président : Lénine – Intérieur : Rykov – Agriculture : Milioutine – Travail : Chlapnikov – Industrie : Noguine – Instruction : Lounatcharski – Finance : Stépanov – Affaires étrangères : Trotski – Justice : Lomov – Ravitaillement : Teodorovitch – Poste : Glébov – Nationalités : Staline. Le département de la guerre était dirigé par un comité de trois membres : Antonov-Ovcienko, Krylnko, Dybenko. La composition de ce premier gouvernement des soviets fut modifiée plusieurs fois durant les semaines qui suivirent.

Ce gouvernement qui, pour se différencier plus encore des gouvernements précédents, prit le nom de Conseil des commissaires du peuple, n’était composé que de bolcheviks, les tractations menées auprès des SR de gauche n’ayant pu aboutir à un accord.

Il n’est aucunement fondé, comme le font certains, de ramener la Révolution d’octobre à un simple coup de force à la manière des blanquistes, réalisé par un petit groupe plus ou moins isolé. A l’automne 1917, et selon des données incomplètes, car dans certaines régions l’organisation bolchevique n’était pas encore séparée des mencheviks, le parti de Lénine comptait 400 000 adhérents dont 50 000 à Petrograd et 20 000 à Moscou. 5 850 de ses adhérents agissaient dans les unités militaires de la capitale et 5 000 dans celles de Moscou. Le Parti publiait plusieurs dizaines de journaux tirés chaque semaine à plus de 2 millions d’exemplaires. Sa fédération de jeunes réunissait plus de 50 000 membres. Aux élections des doumas de grandes villes comme aux soviets, les bolcheviks étaient le premier parti. Ils avaient eu la majorité dans le congrès des comités d’usine représentant les grandes entreprises. Depuis septembre, l’influence bolchevique était prépondérante dans de nombreuses unités militaires. Au surplus, bien des études montrent qu’Octobre ne fut pas le résultat de la seule volonté bolchevique, mais celui de larges couches d’ouvriers et de soldats qui, toujours plus nombreux, voulaient voir les pouvoir passer aux soviets par l’élimination du gouvernement Kerenski. Les manifestations de juillet, auxquelles les bolcheviks n’avaient fait que se rallier, la mobilisation anti-Kornilov, la radicalisation des soviets, étaient l’expression de ce bouillonnement. Lénine fut l’un des rares dirigeants à en comprendre la portée, à s’inscrire dans ce courant jusqu’à en prendre la direction le moment opportun. »



Les bolchéviks répondirent, donc, sur le moment aux aspirations d’une très grande partie de la population de la Russie. Le problème est qu’en dissolvant la Constituante en janvier 1918, le Comité exécutif des soviets « contribua à terme à compromettre toute collaboration avec d’autres forces politiques. Elle donna prétexte à de nombreux soulèvements et à la formation dans leur sillage de gouvernements se réclamant de la Constituante dans diverses régions du pays ». Léo Figuères rappelle que pour Rosa Luxembourg cette dissolution était une grave atteinte à la démocratie révolutionnaire

La suite est connue : Rappelons les titres des chapitres pour se la remémorer rapidement : "1918-1921 Années terribles, guerre civile, interventions étrangères, espoirs déçus", "De la NEP à la mort de Lénine", "De la NEP au tournant de 1928", "Les premiers quinquennats, l’industrialisation et la collectivisation agraire (1928-1933) ", "De 1933 à la veille de la guerre", "L’URSS en guerre (1939-1945)", "La reconstruction, la Guerre froide, la mort de Staline", "La déstalinisation, le XXe congrès, le départ de Khrouchtchev", "D’un nouvel essor à la stagnation (1964-1982)", "Une refonte déviée de son sens", "De la disparition de l’URSS au désastre russe", "Bureaucratie et carriérisme".

Léo Figuères en tire la conclusion que « Lénine, Trotski, Staline et leurs compagnons s’étaient depuis longue date attachés à la cause de la transformation socialiste de la société et, sous l’impulsion décisive de Lénine, ils ne laissèrent pas passer l’occasion unique qui se présenta après la Révolution russe. Eurent-ils tort ou raison ? Ce qui est sûr c’est que la première expérience d’un gouvernement non capitaliste, malgré ses limites, ses déficiences et ses dérives eut durant plus de sept décennies des conséquences considérables sur la marche du monde au XXe siècle ».
Commenter  J’apprécie          31


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Léo Figuères (5)Voir plus

Quiz Voir plus

connaissez vous vraiment l'histoire des misérables?

Pour quelle faute commise, Jean Valjean est-il envoyé aux Galères ?

il a tué sa soeur
il a volé une bouchée de pain pour sauver son neveu
il a violé une femme
il a commis un délit de fuite après avoir renversé un cycliste

16 questions
47 lecteurs ont répondu
Thème : Les Misérables de Victor HugoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}