Vers quatorze-quinze ans j'appris les horreurs commises en 1916 et en 1917 ; je priai pour ne jamais être mobilisé un jour. J'avais, certes, peur de la mort au combat comme tout le monde. Mais l'idée d'abattre un soldat avant tout un homme, me terrifiait tout autant que celle de ma propre mort. C'était déjà en moi. Je ne pouvais pas tuer. Je n'aurais jamais su le faire, fût-ce sur un champ de bataille. Je n'aurais pu être président de la République avec un code pénal qui permît de décapiter un être au petit matin.