Nous ne parlerons point de Jean Bellegambe, né à Douai en 1470, mort en 1532, que ses contemporains appelaient le maître des couleurs, ses tableaux sont très connus ; nous avons eu longtemps sous les yeux la Fontaine de sang, le Tryptique du musée Bernard, à Lyon, plusieurs tableaux du musée de Douai, où nous avons pu admirer la délicatesse de son dessin, la souplesse de son pinceau, la beauté de son coloris qui ne le cède en rien au talent de Bourdichon ; le Poluptique d'Anchin est là pour célébrer sa gloire si longtemps laissée en oubli, et nous espérons pouvoir lui rendre une oeuvre plus importante encore que tout le monde admire sans en connaître l'auteur, ce sera l'objet d'un autre travail.
Lorsque nous allons au palais de Versailles, nous laissons les nombreux visiteurs admirer, bouche béante, les lambris dorés et les pompeuses allégories des appartements pour nous diriger vers des salles solitaires, ignorées du public, perdues sous les combles qui, dans cette royale demeure, se nomment les attiques. C'est là que se trouve la collection la plus précieuse des portraits français du XVIe siècle qui soit au monde.
Le style français fut abandonné par nos artistes sous l'influence de Raphaël et des grands maîtres italiens, qu'ils commencèrent à imiter vers 1540; mais, mal guidés par le Rosso et le Primatice, engagés par la volonté royale et par la mode, non moins exigeante, à suivre une voie qui était tout à fait contraire à leurs traditions et au génie national.