Léon Ketcheyan

La variété des contenus […] retient l’attention et inscrit le lecteur dans le discours. Une belle et riche édition patrimoniale.
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L'avis de Ricochet

L’école des loisirs poursuit sa collection de contes du monde entier par un volume arménien. Collectés au XIX° par Tigrane A Navassardian, dans le grand mouvement européen de recueil de la tradition orale dont témoignent les frères Grimm, ils font revivre un univers disparu présenté de façon brève et éclairante dans l’introduction de Léon Ketcheyan. Quatre contes tous différents se partagent le recueil. Le premier joue sur le principe de répétition. « Le Renard, le Loup, l’Ours et l’Oiseau d’Emeraude » raconte l’histoire d’un jeune prince chasseur, oisif et célibataire expulsé par son père. Il vit seul en forêt du produit de sa chasse. Une grande famine s’abat sur le pays ; Renard est attiré par la viande. Sauvé, il déclare allégeance au Prince puis viennent le Loup, l’Ours, « désormais, ils sont 2,3,4 »…



Le deuxième conte de ce recueil, « Le poisson d’or », est un conte animalier, merveilleux et enlevé sur un mode joyeux ressemblant aux 1001 nuits. Un prince, chassé par son père pour ne pas avoir décapité le poisson d’or qui lui aurait rendu la vue, rencontre un jeune Arabe qui se met au défi de faire parler une princesse qui a perdu la parole. Par trois fois, ses récits énigmatiques suscitent le débat et la fille prend la parole ! Parole qui soigne, parole qui réconcilie, bonnes actions récompensées, les épreuves s’accumulent au fil d’un voyage initiatique où les héros prouvent leur vaillance.



Le troisième conte, « Les pommes de l’immortalité », est une odyssée. Au fil de multiples aventures, le fils cadet, trahi par ses aînés, parvient à la lumière après avoir vaincu la nuit. Amour et générosité sont les moteurs de son action chevaleresque où se croisent visiblement de multiples traditions.



Le dernier conte, « L’Ourson », est un conte burlesque : comment se débarrasser de quelqu’un qui vous surpasse ?



La variété des contenus est renforcée par la dimension orale : phrases rituelles du voyage, « il marcha peu ou prou, Dieu seul le sait » ; formules conclusives - « ils ont atteint leur but, puissiez-vous aussi, atteindre les vôtres ! ». Tout cela retient l’attention et inscrit le lecteur dans le discours. Une belle et riche édition patrimoniale.



Danielle Bertrand