AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


Un homme a penché la tête en arrière

Un homme a penché la tête en arrière : son âme accourt, monte embrasser la houle énorme.. Dieu vient reprendre son trésor dans sa caverne.. Et des écluses chantent, et le brasier noir de la vie charbonne...
Il y a si longtemps que son cœur frappait pour sortir! La mer s’est retirée des voûtes de sa tête. Le silence, à pas de loup, s’y installe. Mais nous seuls sommes morts, et tous les bruits sont morts, au bord de ses oreilles..

J’aime les cimetières des grandes villes où des têtes blanches et sans regard dépassent les murs, et les belles chapelles où des lampes brûlent en plein jour, et les allées de grands arbres où il bruine, et les lents chemins sablés d’or où les cyprès défilent comme des pleureuses...
J’aime les beaux cyprès tout vernissés de pluie. J’aime le vol lointain des cloches. « Tu t’en iras, chantaient les cloches dans les villes.. Tu partiras, criaient les trains dans les tranchées.. Tu t’en iras dans une autre lumière.. Tu partiras comme en voyage... »
Mais pour Toi — qui sais t’accouder sur la pierre, les morts fredonnent sous leur voûte. Les regards des aimés sont montés dans les fleurs où la pluie d’été brille encore... Le fleuve souterrain nous parle, engendre, encourage et rassure. Qu’as-tu dit? Les regards des aimés, aux fenêtres? Ils n’apparaîtraient plus jamais?..
Tu ne peux mourir, toi qui te demandes s’il est bien vrai que tu ne verras plus le ciel, et la lumière fiévreuse des hommes, et les regards des bien-aimés qu’on retrouve au fond d’une ville obscure après une journée de fatigue, et les corps adorables, et le visage inexplicable de l’Amour... Par toi sont immortels tes horizons choisis, tes villes mystérieuses, et les moins grands désirs, et les moins beaux visages. Tu viendras quand tu seras las de la course, de l’ennui tiède où tout s’éboule et rapetisse — et des fantômes du bonheur...
A l’horizon, par-delà les orages, derrière une grêle ligne végétale, au bord d’une route — un regard d’amour, cette chose immense et qui semble emplir le monde, n’est plus visible...
Commenter  J’apprécie          00









{* *}