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Citation de Partemps


Dans la rue qui monte au soleil morne…

Dans la rue qui monte au soleil morne et grand ouvert, des voix conseillent qu’on s’accoude aux fenêtres, pour voir passer les trains de luxe, au bord du ciel, à droite, par-dessus les arbustes du jardin de la gare. Un train écume et se rendort. Des musiques diffuses rôdent. La vie antérieure émerge et chuchote..
Villes de songe, lorsqu’on pense à vos noms plaintifs, on prête l’oreille.. Il semble que des voix longues vous hèlent par-dessus les barrières et les chants des âges, et que des odeurs, comme des veilleuses, et que des fougères d’étoiles s’allument.. Il semble que vos ruines tremblent sous leur châle de lune, et que l’horizon bouge, au plus profond des nuits repues de silence, d’une lente pluie de larmes...
Mais j’en sais bien plus de cette pauvre ville.. Vous venez comme moi, sans doute, sur une place, y chercher le spectre d’un vieil amour? Dans les Forges couchées à l’Est, aux corps de femmes nues et rousses, des formes se hâtent avec une sûreté ancienne. Les Hauts Fourneaux de Bieulles flambent. — Depuis le canal d’or où l’écluse trempe solidement dans l’émail chaud, jusqu’à l’horizon lourd, barré des sourcils des stratus, où se terrent d’autres songes, l’allée de peupliers rame sans frisson, comme à la parade et d’un geste infini...
Passe le pont. Des porteurs encombrent la rue.. J’allais la dire. L’œil cerné d’un quinquet tourne là sa rousseur.. Les beaux regards et les bras nus de Carmen et de Juliette glissent aux fenêtres.. Celles qui battent leur quart sous les hangars détournent les partants de leur voyage.. De vieux murs tournent le dos à ces gaietés..
Tu passes sous une voûte brillante de salpêtre. Tu trouves des cyprès bien grands et noirs sur une place vaste et vide que le couchant touche d’ors calmes.. Elle est ceinte d’escaliers rouges, comme l’âtre du crépuscule.. Ils exhaussent des boutiques touchantes aux modes désuètes, et d’autres, aux jupes de femmes pauvres, et d’autres fermées, étroites et grises d’usure, qui ressemblent à des signets de vieux livres..
Plus tard, il semble que les rues s’enfoncent au-devant du soir comme un orphelinat qui rentre.. Un piano pense avec lenteur.. Alors, au fond de vieilles impasses, béantes comme des muets qui voudraient parler, bat l’étrange lumière des cœurs humbles et troubles.. Et tout était doré et mort dans la vitrine de l’horloger pauvre...
Mais dans une rue qui a un nom d’oiseau triste, demeure et sourit, jour et nuit, l’éternelle Myrtis au clair visage.
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