Léon Revel

Dire qu'il n'y a rien dans les phénomènes religieux qu'un jeu magique qui consiste à identifier Dieu avec l'inconscience pure et simple, c'est dénier tout rapport entre l'homme et Dieu, et c'est émettre une proposition renfermant une contradiction.

Dans l'histoire de la philosophie, nous assistons à ce fait étrange que le philosophe qui a le plus contribué à montrer la grandeur d'âme, le génie et l'influence des mystiques, tant dans les lettres que dans les sciences, est celui-là même qui s'est élevé avec le plus de violence contre les doctrines mystiques, notamment contre l'extase qui est le point culminant de la mysticité.
Victor Cousin! est ce philosophe. Pour lui, que le mysticisme provienne des chrétiens; des Alexandrins, des. Hindous, des alchimistes, des Swedenbprgiens, des Martinistes ou autres, il est chimérique; le mystique, qui veut connaitre Dieu face à face et sans un intermédiaire par un élan d'amour, par l'entier et aveugle abandon de soi-même, fait un effort surhumain qui conduit fatalement à la folie.

La première question qui se pose est évidemment celle de la définition du mystique, mais l'idée à exprimer présente une réalité tellement complexe, et des éléments si difficiles à concilier, qu'une simple définition sera toujours théoriquement insuffisante.