Léonard Crot

Traditionnel pour une masse critique, commençons par remercier @Babelio et la maison @5 Sens Éditions pour cet ouvrage de @Léonard Crot.

Une très belle surprise même s'il faut bien admettre que la lecture est pour le moins déroutante, délicate, tant le style de l'auteur est singulier.

J'ai lu dans une autre critique que cette écriture, très hachée, pouvait faire obstacle au plaisir de la lecture. Et c'est vrai que ces phrases qui restent en suspens, ces passages d'un personnage à l'autre, parfois dans un même chapitre ou un même paragraphe sont assez déstabilisants. Et j'ai mis du temps à mener cette lecture à son terme.

Et pourtant, à chaque fois j'y suis revenu.

Parce que les personnages, parce que l'atmosphère, parce que ce temps qui passe, parce que ces mystères, les vides du titre peut-être, ne cessaient de m'attirer. Voir une saga familiale ne se dévoiler que par bribes, interpréter les non-dits, les manques qu'on suppose volontaires de l'auteur ...

J'ai donc beaucoup aimé cette lecture, tout autant que je l'ai trouvé difficile et parfois frustrante, ou décevante par instant, avec ce personnage de Louis dont on ne saura finalement que si peu de choses. En revanche, cette façon de révéler peu à peu les brisures du passé, qui d'à peine évoquées trouvent progressivement leur sens, ce regard porté sur un lieu qui semble hors du temps, avec le poids de ses traditions, ce poids qui interdit de sortir du cadre, qui étouffe toute velléité de s'échapper, d'échapper à son destin, d'autant plus quand on est un étranger ... C'est d'ailleurs peut-être pour ça que Louis finalement retourne d'où il vient, sans parvenir à infléchir le cours de son existence - mais le voulait-il vraiment ?

Une pirouette pour finir : à écrire ces quelques mots de critique, je m'aperçois à quel point mes sens ont été sollicité durant cette lecture. Entendre les sons du café, le bruit de la pluie, voir chacun des personnages, se les imaginer, sentir autant que ressentir les ressentiments, les non-dits ...

Aucun doute, j'espère à nouveau croiser la route de l'auteur. Direction la médiathèque !

Silences d'une ville, de Léonard Crot, est un recueil de nouvelles toutes reliées entre elles par la géographie de La Ville. Chaque nouvelle pointe le projecteur sur une poignée de personnes qui ne se rencontrent plus que par leurs souvenirs ou par leurs rêves.

Des passés, des présents et des projets en marge, sur un fond omniprésent d'urbanisation grandissante dans une atmosphère sombre, assez étouffante, dont seule la trompeuse insignifiance de ces vies permet au lecteur - et aux personnages - de s'échapper.

L'écriture de Léonard Crot est originale et permet au lecteur de goûter à une prose innovante sans être toutefois dérouté, une prose qui colle avec justesse aux histoires contées, car en vérité nous ne sommes pas loin du conte moderne, peut-être même écoutons-nous là la ville nous conter les souvenirs de ses tout premiers balbutiements.

Un livre à lire, un auteur à découvrir et l'attente de prochaines destinées, parenthèses ou, pourquoi pas, épopées à nous conter ...

Grace a Babelio j'ai découvert "silences d'une ville". étrange livre, un peu ovni qui au début de la lecture m'a laissé perplexe. Sa forme, tout d'abord, qui se découpe en nouvelles pour des récits qui se déroulent dans différents quartiers d'une même ville imaginaire, avec des personnages qui se croisent parfois. J'y vois plutôt un roman qu'une série de nouvelles. Abordant la première nouvelle, j'ai à nouveau achoppé sur une autre question formelle : Poésie plutôt que roman ? Entrainant la question du contenu car malgré la très belle écriture, les personnages, la narration me semblent flous, sans incarnation' : " La réalité attendra...Et ce grand-père tristement abstrait. Un sourire bien trop vaporeux pour octroyer a cet homme la moindre chance d'existence." Dans ce premier récit, effectivement on navigue dans une espèce de vapeur, de non-existence, d'abstraction des personnages, de la ville et de l'histoire provoquant la tentation de décrocher. Mon sérieux a fait son oeuvre, et le fil du récit a tissé son emprise. La langue toujours aussi belle s'incarne, emmène le lecteur dans une histoire plus palpitante, avec des personnages aux contours plus affirmés. Ce qui se confirme de pages en pages, de récits en récits. Leonard Crot a éveillé ma curiosité de lectrice. L'originalité de son univers à la fois prosaïque et fantastique me fascine. Je resterai donc attentive à la production littéraire de cet auteur.

"Silences d'une ville" est un recueil de nouvelles plus ou moins longues décrivant les pensées de certains de ses habitants à un moment donné. Ce recueil est assez déprimant mais il est aussi d'une grande beauté.

J'ai adoré le thème choisi, les pensées silencieuses de citadins, avec dans chaque nouvelle un élément qui rappelle au lecteur une précédente nouvelle. Les personnages se croisent mais ne se connaissent pas, ce qui décrit bien ce qui peut se passer dans une ville.

L'écriture est fluide, moderne. Le style est propre à l'auteur, notamment par l'utilisation de phrases sans verbes mais suffisamment guidées pour que le lecteur place le verbe de son choix.

Un très bel ouvrage dont je recommande vivement la lecture.