Car c’est la première fois qu’une personne capable de voir l’avenir donne naissance à un enfant présentant les mêmes symptômes. S’il s’avérait que cette faculté intellectuelle se transmette de génération en génération, une révolution serait en cours. Une nouvelle espèce d’humains capable d’utiliser son subconscient pourrait émerger et se répandre comme une traînée de poudre. Homo Sapiens franchirait un cap, non pas individuel, mais collectif. Il retrouverait sa position dominante, supplantant les CSS et la robotique transhumaniste. La supériorité de la science sur l’Homme toucherait à sa fin. La nature collective reprendrait les rênes des destinées individuelles. Un véritable point de rupture marquerait alors l’Histoire et une nouvelle Humanité serait en passe d’être consacrée.
La métaphore du verre à moitié plein ou à moitié vide, vous connaissez ? Elle décrit qu’il y aura toujours des pessimistes, des gens regrettant que le verre se tarisse, et les autres, ceux qui préfèrent voir le bon côté des choses et se considèrent chanceux d’avoir une moitié bien remplie. Si en France nous voyons systématiquement le verre vide, ou pas assez plein - la faute à notre alcoolisme latent ? - au pays des kangourous, le positivisme prime.
— Désolée de ne pas avoir été à la hauteur, s’attriste-t-elle en agrippant Mathéo.
— Cramponne-toi bien ! lui rappelle Léon. Tu es à la hauteur, tu es la digne fille de ton père, il aurait été fier de toi… Il sera fier de toi si nous le retrouvons un jour, n’abandonne pas !
Le manque profond de son fils et la peur qui lui ronge l’estomac à l’idée qu’il puisse lui être arrivé malheur tendent à s’amenuiser grâce à Phil. Il est son protecteur, un ange gardien au cœur des ténèbres dans lesquelles elle se consume, impuissante.