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Citations de Léonel Houssam (11)


Pas étonnant que l’anarchisme ait fleuri en France avec un état aussi autoritaire, centralisé, coercitif et paternaliste... s'il y a un peuple dans ce pays, j’en appelle à son insurrection pour détruire cet état maton, mafieux, propriété exclusive d’une élite méprisable. La Révolution de 1789 n’a pas eu lieu.
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Il faut le dire : le peuple est une variable d’ajustement pour des myriades de groupes politiques, religieux et/ou économiques plus ou moins importants se comportant comme des élites à l’avant-garde de la « vérité » et du « système idéal ». L’individu, dans ce cadre, n’a qu’une emprise limitée sur son existence et son histoire propre. Les mots « liberté » et « bien » sont employés telle une carotte pour faire marcher un âne. Chacun s’empresse de choisir d’appartenir à tel ou tel groupe avec une marge d’erreur minimum. Pour ces groupes, les plus fervents, les plus intégristes/radicaux/fondamentalistes sont des ennemis à abattre, tandis que la grande majorité, « le peuple », dans le langage commun, est la matière à modeler pour accéder au pouvoir...
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Mon père sortit de la 4L et marcha tout droit. D’abord, je le suivis du regard. Dans la lumière presque aveuglante de la Lune, sa silhouette massive se dessinait, ses épaules avachies lui donnaient une apparence fourbue. Un buisson roula derrière lui, taillant la clairière en une seconde et disparaissant derrière un rocher. Ce vent tirait sa gabardine vers la gauche. Il avança encore puis se figea, les bras soulevés. Discrètement, je sortis. Je fus immédiatement bousculé par une bourrasque. En le rejoignant, je m’aperçus qu’il surplombait le vide. C’était magnifique. Son visage que je finis par voir de profil, était désaxé par un sourire dément. « Tu vois, là devant nous, c’est le monde de la nuit où Il trône. Il est là, planqué dans la forêt, et Il nous regarde avec beaucoup de clémence et de bienveillance ». Je ne bougeai plus. J’avais le vertige. Mon foie, mes intestins, ou quelque chose de ces viandes-là, me faisaient mal, m’obligeant à m’accroupir afin de réfréner une diarrhée foudroyante. Je me dis sérieusement que son Dieu était en train de me terrasser parce que je n’avais pas cru ce que me disait mon père.
« J’ai pas toujours été tendre avec toi. Avec ta mère non plus, avec personne. J’ai toujours voulu le meilleur, mais je n’ai fait que tout gâcher. Tu sais pas mais on n’apprend pas à être papa. Les médias disent qu’il faut faire ci, ça, qu’on est ingrat si on ne câline pas, si on met une raclée. Je sais pas si ils disent vrai, mais je sais aussi qu’ils sont que des voix dans la télé, des lettres dans le journal et que c’est pas eux qui savent remplir un frigo sans niveau d’instruction ».
Je tentai de me relever mais je sentis que j’allais faire sur moi et là, en quelques secondes, le monde-viande, mon monde fut secoué par le séisme.
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Léonel Houssam
Un auteur qui, par ses textes, creuse la réalité crue.
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Je m’endormis à dix ans, me réveillai à quinze ans.


Ce fut la dernière fois que je fus l’enfant sage, que je regardai le flux cathodique… La cage thoracique perpétuellement étreinte par des crispations nerveuses (Et l’aorte sans doute tapée par l’angoisse). Les danseuses sexy disparurent dans le voile trempé qui se forma entre mes paupières mi-closes…
… jusqu’à ce que mon oreille saisisse une conversation entre tonton et Lionel. Ce dernier possédait une maison à l’extrémité de l’impasse. D’abord la sienne, puis celle de mes parents et enfin celle de ma tante et de mon oncle. Ils avaient trop bu. Bien qu’à l’école primaire, j’avais un esprit très mûr, une capacité de compréhension hors norme. J’entendais distinctement Lionel, ivre, ayant zappé ma présence :
« Ils n’auraient pas du être là… C’est d’leur faute. Y devaient pas être là…
- Je sais, dit mon oncle, alors, on a eu de la chance qu’aucun n’a survécu… »
Papa me disait que j’avais le droit d’aller voir la famille, mes petits cousins, parce qu’ils étaient ma famille « et que les histoires de grands ne te concernent pas ». Mais il me répétait que pour lui, jamais, plus jamais il n’irait saluer « les salauds ». Quand la tension fut trop forte, il confia à ma mère qu’il voulait partir. Elle lui rétorqua, avec sa voix douce mais ferme : « Mon chéri, on ne pliera pas devant ces rustres. Ils veulent notre maison, notre terrain et nos purs-sangs ? Qu’ils nous passent sur le corps ».
La musique ringarde et criarde diffusée à la télé avait été submergée par les « chut, ta gueule, il risque d’entendre », de ma tante… Tiens, tante, j’avais pourtant tout entendu. Me levai, les saluai. Ils étaient éberlués, les visages rougeauds, les fronts jaunisse et les mains moites, ils me regardèrent m’éloigner. « Bonne année mes pépés ». Je ne trouvai rien d’autre à dire jusqu’à mon endormissement…
Et je me réveillai cinq années plus tard, tordu par des hormones de désir et une haine considérable, une moustache naissante et une spécialité pour l’onanisme frénétique. Dans ce long cauchemar, je me rappelais avoir vaguement battu des camarades de classe, bu de l’alcool, sniffé de la colle et volé des culottes, des cigarettes, des bouteilles d’alcool, des meubles et de la hi-fi dans des maisons et des voitures… J’avais joué avec des armes aussi, j’avais usé quelques frocs à coups de triques. J’entendais que l’on m’appelait la racaille, et ça me plaisait bien… Les nerfs… mes paupières s’ouvrirent et des flammes léchèrent le plafond, des langues de feu géantes éclairèrent ma petite chambre, avant de disparaître, en un instant.
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Corinne gémissait quelque chose pendant que je parlais sans reprendre mon souffle. Mais je n’y prêtai qu’une attention relative. Il était plus important que je finisse : « Des rêves mauvais, j’en ai fait, mon esprit cloîtré dans ce qu’on voulait faire de moi. Elle avait les yeux fermés, et ne m’en veux pas, je l’ai prise comme ça, pendant qu’elle roupillait. J’ai déchiré tout ce que j’ai pu, toutes ses fringues. Je lui disais des choses qu’on n’a pas l’habitude d’entendre et ça l’a réveillée d’un coup. J’étais l’défibrillateur de son cœur, j’crois qu’elle est redevenue un moment une femme avant de replonger dans sa cascade junkie. J’ai jamais eu de fascination pour les décadents, les délinquants, les paumés, ceux-là qui passent leurs vies à se détruire, à détruire tout ce qui bouge autour d’eux. Je préfère les ouvrir avec une immense lame et mater dans le garde-manger de leur bide, hein ?! »
J’en disais trop, une truelle molle dans la bouche, je n’avais plus qu’à me taire. Ce que je ne fis pas. Elle fuyant encore, me laissa finir. Cette pauvre vieille me faisait penser à un mouchoir en tissu tassé au fond d’une poche.
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Sa peau aurait pu rissoler sous le soleil à cet instant-là. On peut mélanger des personnes dans sa mémoire, on peut les reconstituer comme le gâteau qui s’est écrasé par terre, que l’on remodèle avec les mains fébriles. Un drôle de sourire sur les lèvres, et on peut aussi mélanger des têtes de proches avec des factures, des garanties, on peut aussi faire des collages avec les membres des uns, des autres, des flash-back de soirées Loto de papy quand je faisais moi-même le tirage des numéros. Corinne ne disait rien. Je me disais - d’aucun dirait que je m’auto-persuadais – qu’elle devait tout savoir en détail, cette nuit qui m’avait poussé à basculer.
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J’avais besoin d’observer, de loin, pas de près, mais de loin. La caravane du prince déboula dans la ville. Le ministre en gros carrosse Citroën fendait Val d’Idiots avec sa nuée d’autres grosses berlines aux vitres fumées… Mais avant même qu’il bifurque vers la rue Saint-Jean menant sur la place de la Mairie, une détonation extraordinaire à en chatouiller le bas-ventre, à en déchiqueter les tympans, déglingua la ville, la foule, les arbres et les murs… J’en eus les larmes aux yeux. C’était terrible… épouvantable… J’avais les larmes aux yeux, si lourdes, débordant sur l’iris… les lèvres tremblantes, les biceps fondus… Je me résolus à courir vers la voiture et à me planter contre le volant pendant que les sirènes hurlaient, que le cortège ministériel s’en allait en catastrophe. J’étais humilié, tapi dans la honte et la frustration. Je chialais tel un gosse dans les jupons de sa mère… Une honte, une humiliation, je pourrais le répéter en boucle, sans fin. Je rejouais en boucle la honte, l’humiliation, je récidivais, je refaisais toute l’Histoire, tiens, j’ai commencé comme ça à fulminer, monter, assis sur mon trône, les yeux effilochés par la fureur. Il m’était impossible de retourner chez moi, de reprendre ma brosse à dent, mon lit bordé, ma couette chaude, les œufs sur le plat devant un jeu télévisé. Impossible. J’arrivai péniblement à démarrer ma voiture. « Je vais où ? J’y retourne ? Je tourne le dos ? »
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Danger pour les jours à venir.

Risque majeur ce jour.

Se tenir près de son poste de télé, fenêtres fermées... Danger pour les jours à venir. Laissez la radio allumée... Vous serez informés...

Attention, l’avenir paraît bien sombre, nous n’avions jamais connu un événement aussi terrible depuis la Seconde Guerre Mondiale. Protégez-vous, attention aux pickpockets, votre sac est à la merci des voleurs. Ne vous penchez pas au-dessus du vide, épargnez en prévision des prochaines crises... Ne mangez pas ci, ne buvez pas ça. L’épidémie de... se répand comme une traînée de poudre. Prière de présenter vos papiers, pouvez-vous prouver que vous êtes bien de cette nationalité ?
Ne portez plus tel vêtement, vous tomberiez sous le coup de la loi. L’Etat est là pour vous protéger, ses missions régaliennes régaleront les plus angoissés d’entre vous.
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Voici un texte onirique, politique, sarcastique bâti sur le principe du cut-up vérolé. Durant onze ans, j'ai monté ce puzzle de mots, un assemblage autant hasardeux que spontané que travaillé que démonté. Au fil des mois, j'ai réuni quelques-uns de mes 35 000 statuts publiés sur les différents réseaux dits sociaux depuis 2005 jusqu'en juin 2016. Reprendre bien sûr la technique du grand William S. Burroughs mais la détourner, en faire une tronçonneuse littéraire en y intégrant la lessiveuse cérébrale mondiale qu'est le web. Dix ans de fureur sans freins ajournant le principe d'écriture classique, reprenant l'esprit expressionniste, surréaliste, situationniste à la sauce firmament de l'Occident dit postindustriel, sous la lumière crépusculaire des temps nouveaux. Il n'y a jamais eu d'époque bénie, tout juste nos cerveaux défaillants, calfeutrés dans un bordel quantique, nous offrent parfois le don de fabuler nos vies, nos sociétés, peut-être même l'esprit de nos animaux de compagnie... Ce texte n'est pas à la portée de tous, il est plutôt une grenade que je dépose dans la main de mon voisin, une boule d'acier en capacité de dissoudre celui qui la transporte. Il ne pouvait donc se suffire à lui-même. Sans concession, libre, sonique, j'ai choisi d'en faire un eBook circulant entre les DATACENTERS. Il est l'occasion pour moi de marquer une étape, celle de mes trente années d'écriture dont plus de la moitié passée sous le nom du valeureux crevard : Andy Vérol. Trente ans et pourtant une énergie débordante quand il s'agit de gratter des mots. Ce Cut-Up vérolé, je vous l'offre, n'en prenez pas soin mais citez-le, refourguez-le, effacez-le de vos disques durs et de vos chairs molles si cela vous est tellement insupportable ou tout simplement si vous le trouvez imbuvable. Il y a de l'alcool frelaté, il y a de la viande faisandée, il y a des pensées nauséabondes, alors disons qu'ici, vous voici venu dans un OLNI (objet littéraire non-identifié) qui vous livre une littérature alternative qu'aucune intelligence artificielle ne pourra concurrencer à l'avenir ! Crimina Jacta Est.
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Revenir des morts était l'expression qui résumait parfaitement ma vie. Puis la mécanique simple et puissante de frustration/récompense... Donner la mort pour recevoir les fumerolles enivrantes d'une âme qui s'évade vers d'autres univers...
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