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Citation de MadChickpea


La colonisation européenne eut bien un volet religieux, puisqu'elle consista à évangéliser des peuples ayant alors leurs propres croyances et relation avec le divin. C'est au nom d'un dieu plus vrai, dont le message se voulait universel, que les Subsahariens furent débarrassés de leurs objets culturels - que l'on conserva néanmoins. Le dieu véritable est désormais oublié dans la France qui continue à mettre en scène, dans ses musées, des artefacts jadis considérés comme sataniques. Ce n'est pas seulement le dieu chrétien qui est de nos jours mis au rebut, mais une bonne partie des valeurs, du mode de vie qui l'accompagnaient. La France de notre temps, qui se veut meilleure que celle de ses pères, en particulier par son progressisme - on reprendra le mot sans chercher à le définir tant sa signification est la plupart du temps insaisissable -, semble différente de celle qui s'abattit sur les Subsahariens, les forçant à un remodelage sans lequel ils se seraient condamnés à mort. Aujourd'hui, il faut réapprendre à faire partie du vivant, renoncer à c qui était présenté comme le sommet de la modernité, retrouver frugalité et naturel. Il convient désormais de combattre la forme de patriarcat que l'on imposa aux Subsahariens et qui sapa le pouvoir des sociétés de femmes. L'exposition par les femmes de leurs corps est dorénavant un acte de liberté, l'affirmation d'une souveraineté, quand celles de nos aïeules qui vivaient poitrine nue furent perçues comme sauvages. On informe les Subsahariens que les races n'existent pas, que la faute est imputable à l'ignorance des prédécesseurs, mais puisque cela ne modifie en rien leur quotidien, ils entendent conserver la race qui leur fut attribuée. On leur explique qu'il faut accepter toutes formes de sexualité quand beaucoup parmi eux le faisaient autrefois et qu'on leur apprit alors que le dieu véritable voyait en cela une abomination.
Et tandis que ce discours est tenu, ce que l'on ne mesure pas, c'est la violence réitérée. D'abord, on piétine les croyances de gens au nom des siennes propres qu'on amène à adopter. Puis, on explique que ce en quoi on disait avoir foi n'était que fadaises obscurantistes et qu'il s'agit maintenant de se montrer rationnel. Ce "Dieu Tout-Puissant" qui fut invoqué dans les premières lignes de l'Acte général de la conférence de Berlin, laquelle scella en 1885 le partage de l'Afrique entre Européens de l'Ouest, n'était-il qu'une mauvaise plaisanterie? Que furent alors ceux qui acceptèrent le christianisme et le transmirent à leur descendance? Qu'on le dise clairement, c'est le moment. Car ceux des Subsahariens qui s'en réclament sont nombreux et n'envisagent pas de le répudier. Ce que la blanchité voudrait à présent transformer chez les Subsahariens, c'est ce qu'elle leur apporta jadis comme vecteur de civilisation voire d'humanisation. A combien de mutations identitaires peut-on soumettre les autres, à quel rythme et au nom de quoi exactement, si ce n'est la supériorité de l'occidentalité? Ce que
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