Sans gêne, Mormo pousse Gabrielle et, en quelques clics, affiche des graphiques prévisionnels
- Cupidon a raison, regardez la courbe prophétique : VOS humains auraient été confinés pendant des mois et les conséquences auraient été désastreuses Sur leurs cerveaux atrophiés. Capacité exacerbée à s'entre-tuer pour un rouleau de papier toilette, manifestation pour avoir le droit de se serrer la main ou d'aller au bar. Refus de porter le masque. Un bon tiers d'entre eux aurait été occupé à se plaindre d'une restriction de liberté dont un virus se fiche éperdument, un autre aurait taclé leur gouvernement pour leur gestion nationale désastreuse de la crise pourtant mondiale, et le dernier se serait débattu pour garder la tête hors de l'eau, perdu entre des informations contradictoires, des non-dits et des envies de survie. En vérité, on leur a rendu un grand service en les zombifiant !
Aujourd’hui, mon mal-être intérieur prime sur mon confort. Peu importe que je ne puisse pas relever la tête sans me cogner à la pomme de douche. Peu importe que la puissance du jet m’exfolie la peau. Peu importe qu’un courant d’air me frigorifie.
Tant que je reste là, je n’ai pas à prendre de décision. Je peux garder mes œillères. Prétendre que je n’ai pas lâchement dormi sur le canapé, incapable d’affronter ma peur qu’Émilie me fiche dehors. Prétendre que je n’ai pas suivi le chemin de paillettes ni passé un des meilleurs moments de ma vie avec Alastair. Prétendre que notre conversation (son monologue dans un franglais à demi-incompréhensible, plutôt) ne m’a pas touché. Prétendre que son regard ne m’a pas fait rougir à de nombreuses reprises.
Je ne vois même pas pourquoi je rougis à cause d’un mec. Un mec !
— 𝐼𝑛𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝑞𝑢𝑒́𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑟, 𝐶𝑢𝑝𝑖𝑑𝑜𝑛, 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑛’𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑛𝑔𝑒́ 𝑑𝑒𝑝𝑢𝑖𝑠 𝑙’𝑎𝑛 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒́ : 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖, 𝑝𝑎𝑠 𝑑’𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟. 𝐸𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑒𝑥𝑒 𝑛𝑜𝑛 𝑝𝑙𝑢𝑠.