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Citation de mimo26


Maxime Vial monte en hâte les marches qui conduisent à la régie technique de la salle de conférences. Il est en retard, comme souvent. C’est une sorte de maladie chronique chez lui. Il n’y a rien à faire. Il a beau se préparer à l’avance, même la veille parfois, il est incapable de s’organiser pour être ponctuel, ce qui n’est pas sans poser de problèmes, surtout professionnellement. Son assistant ne manque pas une occasion de le lui rappeler. Il est repassé à son bureau dans la précipitation très tôt ce matin, car il avait oublié de copier le document PowerPoint qu’il va utiliser. Il a exécuté la manoeuvre rapidement, dans une urgence désordonnée devenue un mode de fonctionnement presque pavlovien en raison de l’excitation que cela génère chez lui. Pourtant, il n’aime pas agir ainsi, mais là il n’avait pas le choix. Il ne peut même pas recourir à sa plaisanterie habituelle selon laquelle il est en avance sur le retard prévu.
Il pousse la porte de la régie et entre dans une sorte de couloir occupé par une multitude d’écrans, de pupitres, de tableaux, et où s’activent les techniciens audiovisuels du centre de conférence. Il aperçoit une porte donnant sur les cabines d’interprétation. Dans l’une d’elles, deux interprètes lui tournent le dos, sans doute concentrés sur la préparation de la conférence.
L’un des techniciens s’approche et lui indique un ordinateur portable installé près de la console du son.
« Bonjour monsieur, vous êtes ?
— Vial, Maxime Vial : je passe en second ; j’ai ma présentation
sur une clef, je vous la donne ? »
Le technicien tend la main sans répondre, habitué aux orateurs stressés parce que convaincus que sans leur présentation le monde va s’écrouler et la conférence sera un désastre. Il prend la clef USB, l’introduit dans le port de l’ordinateur.
« Le nom du dossier ?
— CISSI, il y a un fichier intitulé PrézCISSI1. Vous en avez pour longtemps ?
— Non, quelques instants ; c’est gros ?
— Pas vraiment : une trentaine de diapos. »
L’un des interprètes entre dans la régie et s’adresse au technicien sans regarder Maxime.
« Tu me l’envoies dans la cabine ? C’est toujours bon à prendre. Ça ne vous gêne pas, monsieur ? On les efface juste après, de toute manière. »
Maxime comprend que l’interprète lui a parlé sans le regarder.
Il se sent indésirable dans ce lieu réservé à une catégorie de personnel des congrès que les participants ne croisent généralement pas ; au mieux, ils les entendent.
Le technicien répond à l’interprète sans lever les yeux de l’ordinateur :
« Je te la balance sur le poste que vous avez en cabine, le fichier n’est pas lourd. Tu n’as pas besoin de le charger sur ton ordi. C’est le dossier CISSI.
— Est-ce indispensable ? demande Maxime brusquement inquiet, sans pouvoir se l’expliquer.
— Vous n’avez rien à craindre, monsieur, lui lance l’interprète qui est reparti dans sa cabine, nous sommes habilités Secret Défense et nous avons signé des accords de confidentialité.
Les techniciens effacent le fichier immédiatement après votre passage au pupitre. Le dossier reste sur le système du centre congrès, nous ne faisons pas de copie. »
L’assurance de l’interprète agace Maxime. Il se sent démuni. Ces gens manipulent le dossier sans qu’il puisse véritablement vérifier ce qu’ils font. Si seulement il était arrivé à l’heure, il n’en serait pas là, à poireauter devant un technicien aux allures de chanteur rasta et un interprète cravaté qui lui
parle sans le regarder. Il se demande si c’est une déformation professionnelle.
Le technicien retire la clef de l’ordinateur, la tend à Maxime et lui adresse un sourire rassurant.
« Voilà, c’est tout bon. C’est vous qui commanderez le passage des diapos depuis le pupitre. On a encore quelques minutes pour faire un test son, si vous voulez. Adrien, t’as des questions pour monsieur ? »
L’interprète répond de la cabine sans se retourner.
« Non, c’est bon. Je vais jeter un oeil au dossier ; si je note quelque chose, je viendrai vous voir. Have fun ! »
Maxime récupère sa clef et quitte la régie sans même dire au revoir, pressé de se retrouver parmi les membres de sa tribu. Il dévale les escaliers, longe la salle de conférences et entre dans la pièce réservée aux orateurs où il va pouvoir souffler, boire un café. Le président de session, bien connu
dans le monde du consulting informatique, l’aperçoit, lui fait signe d’approcher. Au passage, Maxime note la présence d’une hôtesse accorte dont la fonction semble plus proche de celle de la potiche accueillante que de l’employée utile.
« Maxime, à la bonne heure, te voilà ! Viens, je vais te présenter aux autres orateurs. »
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