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Critiques de Lisa Fittko (4)
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Le chemin Walter Benjamin - Le présent du passé



Le philosophe, essayiste, critique d'art et traducteur allemand, Walter Benjamin, est mort comme son coreligionnaire autrichien, Stefan Zweig, 2 ans plus tard : ne voulant plus vivre dans un monde qui humainement n'était plus le leur.

Zweig avait 60 ans lorsqu'il s'est suicidé le 22 février 1942 à Petropolis au Brésil, Benjamin 48 seulement lorsqu'il s'est empoisonné le 26 septembre 1940 à Portbou en Espagne, à 37 kilomètres de Perpignan et de la France qu'il avait tant aimée et qu'il a souvent visité entre autres pour ses traductions de Baudelaire, Balzac et Proust en Allemand.



Walter Benjamin, né à Berlin en 1892, a été un esprit très lucide et un auteur prolifique. De lui j'ai lu son livre autobiographique "Enfance berlinoise vers 1900", mais il a écrit surtout des ouvrages relativement complexes comme "Le capitalisme comme religion", "Sur le concept d'histoire", "Philosophie du langage", "Paris, capitale du XIXe siècle", ...... et une biographie de Baudelaire.

Il a été un écrivain exceptionnellement ambitieux, mais la montée du nazisme a hélas empêché cet homme de finaliser maints projets.



Au lieu des écrits, ce sera l'exil, le camp de Vernuche près de Nevers et la fuite en Espagne, guidé par Lisa Fittko et son mari de Banyuls-sur-mer à Portbou en Espagne. Les à-peu-près 15 kilomètres à travers la haute montagne des Pyrénées que l'auteure a baptisé "Le Chemin Walter Benjamin" et qu'Edwy Plenel a parcouru à son tour, comme il en témoigne dans son introduction du livre.



Portbou pour le grand Benjamin a signifié cependant la fin. Il y a écrit son ultime message : "Dans une situation sans issue, je n'ai d'autre choix que d'en finir."



Dans la petite ville frontalière un mémorial a été érigé en 1994, nommé "Passage". La même année, son nom a été donné à une rue de Strasbourg.

Il y a aussi à Perpignan la malheureuse question très controversée politiquement de la réouverture du centre d'art Walter-Benjamin.



L'auteure est née Elizabeth Eckstein en 1909 à Uzhhorod à l'est de l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui en Ukraine), a déménagé, en 1922, avec sa famille à Berlin et est devenue rapidement une activiste antifasciste. C'est dans ce milieu qu'elle a rencontré le journaliste de gauche, Hans Fittko, avec qui elle a fui à Paris en 1938. Après un passage au camp de Gurs d'où elle s'est échappée, elle a vécu clandestinement à Marseille et à Banyuls-sur-mer, où le maire socialiste, Vincent Azéma, a aidé Lisa à des faux papiers.



De 1940 jusqu'à sa fuite à La Havane fin 1941, Lisa a rejoint l'équipe du jeune Américain, Varian Fry (1907-1967), qui de sa base à Marseille a aidé un nombre impressionnant de célébrités à s'évader à travers les Pyrénées vers des cieux plus cléments. Je me permets de rappeler ma critique de son ouvrage autobiographique "Livrer sur demande" du 5 juin 2017 dans laquelle j'ai mentionné le nom de toute une série d'écrivains et d'artistes notoires, qui ont eu la vie sauve grâce à lui.



À Cuba, Lisa et Hans Fittko se sont mariés en 1948 et se sont ensuite établis à Chicago aux États-Unis, où elle a écrit ses Mémoires "Mein Weg über die Pyrenäen" en 1985, traduit par Léa Marcou en 1987 sous le titre "Le Chemin des Pyrénées : Souvenirs 1940-1941". La présente édition, avec une introduction d'Edwy Plenel et un prologue par l'auteure, est parue chez l'éditeur Seuil en septembre 2020 et compte 369 pages.



La courageuse Lisa Fittko, qui a sauvé tant de vies au risque de sa propre vie,

est décédée en mars 2005, à l'âge respectable de 95 ans.

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Le chemin Walter Benjamin - Le présent du passé

En cette période de pandémie ultra droitière ce livre est une piqûre de rappel salutaire : l𠆚vènement d’Hitler n’était pas une fatalité.

Avant son accession au pouvoir beaucoup se sont battus pour que le pire n�vienne pas.

Leur défaite ne doit pas nous faire oublier leur courage, et leur clairvoyance et leur énergie doit nous servir de leçon.

C𠆞st bien le moins que nous puissions faire pour honorer leur mémoire.



Une autre chose que nous pourrions faire serait de rester vigilants et exigeants pour le maintien de nos libertés individuelles et collectives, à une période où l’état d𠆞xception devient la règle, et la limitation des prérogatives de chacun l’outil principal de traitement des problèmes sociaux.

Il ne faudrait pas qu’à la faveur d’un légitime soucis de sécurité sanitaire les médecins s𠆚ttachent à obtenir ce que ni la police ni l𠆚rmée n’étaient parvenues à obtenir : que chacun soit fiché et sous contrôle, que tous nous méfiions de nos voisins et les surveillions.
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Le chemin Walter Benjamin - Le présent du passé

Le morceau de papier qui confère une certaine protection



L’ouvrage de Lisa Fittko est précédé d’un beau texte, Le présent du passé, d’Edwy Plenel. Celui-ci explique sa « rencontre » avec l’autrice, les possibles de la marche, « Toute marche est une gamberge », les souvenirs « des exils d’hier et à l’actualité des réfugiés d’aujourd’hui », la chaine pyrénéenne hier et la mer Méditerranéenne aujourd’hui comme lieux des mort·es. Le passé au présent et l’actualité du passé.



Les réfugié·es catalan·es et républicain·es – plus de 450 000 personnes fuyant Franco et ses armées, les enfermements et les concentrations par la France dite républicaine dans des camps…



Edwy Plenel évoque l’« odyssée tragique » de Walter Benjamin, le chemin emprunté hier et aujourd’hui nommé « chemin Walter Benjamin », un itinéraire et une mémoire active « de la catastrophe européenne », d’autres réfugié·es – dont la majorité était des anti-fascistes – aussi enfermé·es dans des camps, les frontières, « les frontières sont faites pour être traversées… les exilés sont faits pour être accueillis »…



L’histoire de Lisa Fittko est à la fois celle des réfugié·es allemand·es et celle du passage de la frontière pyrénéenne, l’exil et la fuite organisée.



Edwy Plenel présente le livre et son édition, « Ce geste éditorial n’érige pas un monument ni ne commémore ou célèbre : c’est un acte d’engagement. Sa temporalité n’est pas celle d’un passé révolu, mais d’un passé plein d’à présent. Aussi convient-il de lire ce livre à la manière de Benjamin lui-même, chiffonnier intellectuel, flâneur et glaneur, en se laissant aller à toutes les résonances, lignes de fuite et images de pensée qui introduisent à une politique sensible. Soit le contraire de l’indifférence », le chemin et la trace, « Le Chemin de Walter Benjamin est ce souvenir qui nous sauve : de l’impuissance et du renoncement face aux haines qui rôdent et aux peurs qui ruinent »…



L’auteur introduit de propres éléments biographiques, la Martinique, André Breton et Aimé Césaire. Il revient sur certains éléments (que l’on retrouvera dans le livre) dont le réseau de Varian Fry, les « cécités volontaires – politiques, diplomatiques, médiatiques, intellectuelles – face au génocide qui était en cours », les routes d’exil et de fuite, la République de Weimar, l’armistice et ses conditions, les politiques de refus d’accueil et les rafles policières, l’hospitalité et l’inhospitalité, « Chacune de ces mentions fait penser aux hospitaliers français d’aujourd’hui, à ces quelques élus qui, à contre-courant des politiques étatiques, font le choix d’accueillir les migrants, à ces nombreux militants qui les secourent, à ces chaines de solidarité qui se sont constituées, notamment dans les vallées alpines par lesquelles tentent de passer les demandeurs de refuge venus d’Italie après avoir traversé la Méditerranée et nombre d’enfers terrestres », la frontière (il cite le bel ouvrage de Michel Warschawski, Elias Sanbar, Farouk Mardan Bey) et ses actualités…



Au temps du désastre, la politique de la Troisième République et le traitement en ennemis des anti-fascistes venant de l’Allemagne, Walter Benjamin et ses textes dont la force prophétique nous interpelle toujours, Portbou et « la conclusion d’une patiente lucidité », la nécessité de « brosser l’histoire à rebrousse-poil », le pire toujours possible, l’ange de Paul Klee, la barbarie « produit et visage de la civilisation elle-même », sans oublier « La Révolution entendue comme une interruption de la course à l’abîme » et ce chemin que « nous créons en marchant »…



« Je suis venue en France afin de vérifier pour ce livre les récits que, au bout de presque quarante ans, me dicte ma mémoire. Mais une fois sur place, je me suis aperçue que je recherchais également cette partie de moi-même que j’avais laissée en France ». En prologue, Lisa Fittko revient, entre autres, sur son enfermement « derrière des barbelés » comme sur celui de milliers d’autres émigrées, le camp de concentration de Gurs, le Berlin heureux de sa jeunesse et celui du chômage de masse, les hordes brunes et les assassinats des opposant·es politiques, les émigré·es à Prague, Hans son compagnon, « Lorsque la guerre éclata, nous étions en France. Et à la débâcle, comme des dizaines de milliers d’émigrés allemands nous fumes pris au piège »…



Je choisis de souligner subjectivement certains éléments de ce chemin de Walter Benjamin.



Paris en mai 1940, les étranger·es « ressortissant de pays ennemis » dont celles et ceux que le régime nazi avait privé de leur nationalité. L’autrice revient sur la guerre d’Espagne, « La guerre d’Espagne servait alors de répétition générale à la Seconde Guerre mondiale. Et, cette fois-là, les fascistes avaient remporté la victoire », l’absence de distinction entre nazis et antifascistes (les boches), des femmes et des hommes livrés « sans recours à la bureaucratie et à la psychose de guerre », l’enfermement des hommes au stade de Colombes, le travail et les certificats d’exemption, le « voyage » jusqu’au camp de Gurs…



Lisa Fittko discute de Gurs, de l’histoire de ce camp et de l’enfermement des républicains d’Espagne, de la vie dans un camp, des divisions et des barbelés, des interdictions, « Les hordes nazies progressaient, et on nous parquait dans les Pyrénées. L’Europe s’écroulait, et on nous coupait de tout », des listes, des discussions et des cours organisés par certaines, des convois, de ce que la raison refuse de croire et de l’inconcevable, de religieuses, de l’économie du savon et du marché noir, de l’îlot des indésirables, du Deuxième Bureau français et de l’internement « au régime spécial », des « grands noms de l’opposition au nazisme », d’angoisse et du quotidien, « Le monde s’était rétréci, recroquevillé à l’intérieur du camps de Gurs, et finissait à la clôture. Derrière commençait l’inconnu, une planète devenue étrangère », la nécessité de fuir le camp après l’entrée des troupes allemandes dans Paris, les préparatifs et les relations entre femmes, le « désarroi » des gardiens, le passage de la captivité à « une liberté toute conditionnelle », les formulaires et les certificats, « Notre première tâche consistait à présent à déceler où en était la progression des Allemands »…



La vie de réfugié·es aux papiers « insuffisants », les interactions avec la gendarmerie, les cars et les trains, les déplacements et leurs risques spécifiques, les incertitudes du lieu de celles et ceux que l’on cherche à joindre ou à rejoindre, les rencontres et les recherches, l’article 19 de la Convention d’Armistice prévoyant « de livrer sur demande tous les ressortissants allemands désignés par le gouvernement du Reich », Pontacq, Lourdes, retrouver ses proches, les raisons de soupirer, l’apathie ou l’agressivité des un·es, les comportements de personnes françaises, « Et le nouveau gouvernement a déployé un tel zèle qu’il allait au-devant des désirs des nazis », l’espoir de et l’objectif : Marseille…



Marseille, les lieux qui pourraient permettre de sortir de la nasse et de s’enfuir vers de possibles pays accueillants, le camp des Milles, Varian Fry, des retrouvailles, « La terre entière, semblait s’être donné rendez-vous à Marseille. La ville était bondée de réfugiés, dont des légions d’émigrés allemands. Le grand port incarnait l’espoir de se libérer du piège », des personnes « sans relations, sans papiers, sans argent », les « visa de transit » et les trafics, « il se trouve toujours quelqu’un pour tirer profit du désespoir des autres », les refoulé·es et celles et ceux qui furent expédié·es au camp de concentration de Figueras, le chemin de Casablanca, le Portugal, « il fallait mettre sur pied une filière pour passer la frontière », la « route Lister », un sentier de contrebandiers…



J’ai particulièrement été intéressé (et ému) par les passages sur Walter Benjamin, le vieux et sa politesse, sa serviette et le manuscrit qui doit être sauvé, le parcours à pied sur un sentier caillouteux, « Je ne peux supporter les conditions de vie du camp que si je suis obligé de mobiliser toutes mes forces intérieures pour les concentrer sur un effort important. Cet effort dans le cas présent, c’est cesser de fumer. Cela devient, par conséquent, ma bouée de sauvetage », la traversée, « Quel étrange personnage, pensai-je : une pensée d’une limpidité de cristal, une force intérieur indomptable, et avec tout ça empoté comme pas permis »…



L’autrice apprit la mort de Walter Benjamin, son suicide à Portbou quelques jours plus tard.



Une ère nouvelle, « les gouvernements de tous les pays semblaient passer leur temps à édicter ordres et directives, à les révoquer, à mettre en vigueur et à annuler des instructions » . Je souligne que les frontières ne furent pas ouvertes pour sauver de la mort ces réfugié·es ; les gouvernements ne voulaient ni de la « lie de la terre », ni des juifs et des juives, ni des antifascistes… Pour mémoire les mêmes ouvrirent largement les bras aux criminels nazis qu’ils recyclèrent après la seconde guerre mondiale. Sans oublier que les bombardements non centrés sur les industries de guerre participèrent de la volonté de terroriser la population civile allemande, mais ne touchèrent pas aux rails et aux trains qui menaient à Auschwitz-Birkenau ou aux autres camps de la mort…



Le livre se poursuit avec des extraits du journal de l’autrice, Banyuls-sur-Mer, « Quel bonheur : ici, qui n’est pas de la région est « étranger », qu’il soit français ou apatride », l’acquisition d’une existence légale, les voyages et les passages, l’ordre d’évacuation des étranger·es des zones frontalières, Cassis, « partout la peur panique », ceux et celles qui retournèrent dans l’Allemagne du Troisième Reich « Et ceux qui ne furent pas assassinés tout de suite prirent le chemin des camps de concentration », les « vingt-deux vieux juifs », les visas cubains, la préparation du départ et toujours les papiers (et l’argent). L’ouvrage se termine avec des extraits de carnets « Les quarante années suivantes »…



Des papiers, des réfugié·es, des rafles de police ou de gendarmerie au nom de la République française, des enfermements et des camps, des frontières fermées, la mort au bout ou sur le chemin. Le passé au présent et l’actualité du passé..


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Le chemin Walter Benjamin - Le présent du passé

« Farouchement en dehors, arpentant des chemins de traverse », Walter Benjamin, un éclaireur encore et toujours, l'initiateur d'un chemin de pensée généreuse et lucide, qui a lui-même donné son nom à un chemin bien réel, à travers la frontière pyrénéenne, chemin qui lui permit de quitter la France avant son suicide à Portbou, ultime manifestation de son désespoir face à l'état du monde d'alors… Dans «Le chemin Walter Benjamin, souvenirs, 1940-1941 », tout juste republié au Seuil, Lisa Fittko évoque la filière de passage de réfugiés, intellectuels, socialistes ou juifs, fuyant le nazisme et ses serviteurs français, vers l'Espagne, qu'elle a organisée avec son mari Hans, favorisant l'exil de nombreuses personnes pendant plusieurs mois, avant que le couple n'emprunte la même voie dans sa route vers l'Amérique. Née en 1909, Lisa Fittko était une juive autrichienne, installée avec sa famille en Allemagne. Jeune militante pacifiste et communiste, elle quitte le pays en 1933 pour Prague, où elle rencontre son mari, un journaliste de gauche berlinois, lui-même exilé. C'est le début d'une longue errance pour le couple, qui les mènera au moment de la seconde Guerre mondiale en France et, pour elle, à un internement au fameux Camp de Gurs, avant qu'elle ne réussisse à s'en extraire pour rejoindre Hans et créer avec lui ce couloir d'évasion vers l'Espagne… Drôle d'époque où l'on allait vers Franco pour fuir Hitler, on imagine avec quelle amertume pour nombre de ces migrants traqués ! Le récit qu'elle fait de cette aventure et des années qui ont suivi, l'évocation de ses rencontres avec toutes les personnes qu'elle a ainsi accompagnées (dont Walter Benjamin qui fut l'un des premiers à emprunter ce chemin et, sans doute la personnalité la plus emblématique à le faire, au point de donner son nom, pour la mémoire historique à cette voie), offrent des pages pleines de vie, un tableau de cette époque de ténèbres, de menaces et de doutes pour l'humanité et la culture. Et puis, bien sûr, le texte donne la saine envie d'aller un jour ou l'autre mettre ses pas sur ces sentiers de montagne, d'une quinzaine de kilomètres, d'un côté de la frontière à l'autre… Edwy Plenel, dans une longue préface, très justement intitulée « le présent du passé », illustrée de photos du chemin et du monument au penseur allemand, rend un hommage magnifique à Lisa Fittko, en même temps qu'il souligne l'urgence de relire Benjamin, l'extrême actualité de sa pensée dans un monde d'aujourd'hui où tant de frontières aussi physiques que spirituelles s'érigent chaque jour entre les hommes au lieu de s'estomper. Mais laissons-le mieux le dire que nous-mêmes (p.46-47) : « À l'instar d'une bouteille jetée à la mer, la force prophétique de l'oeuvre benjaminienne est d'avoir réussi à sauver l'espérance de cette débâcle. Intellectuel marginal, refusant de jouer le jeu institutionnel, marxiste radical mais communiste sans credo, farouchement en dehors, arpentant des chemins de traverse, il a réussi à penser l'impensable. C'est la magie de ses thèses « Sur le concept d'histoire », texte testamentaire qu'il ne cessera de travailler et de peaufiner, au point qu'il en existe plusieurs variantes. Appelant à « brosser l'histoire à rebrousse-poil », il y assène sa découverte essentielle qui rompt avec toute certitude et oblige à affronter l'improbable ; « Il n'est pas de témoignage de culture qui ne soit en m^me temps un témoignage de barbarie. » Puis il enfonce le clou : « La tradition des opprimés nous enseigne que l' « état d'exception » dans lequel nous vivons est la règle ». Nous, qui, en ce printemps 2020, vivons sous l'empire d'états d'urgence prolongés et banalisés, pouvons entendre l'alarme de Benjamin. L'origine, la nation, la culture, la civilisation, etc., ne protègent de rien. le pire est toujours possible si nous ne remettons pas en cause ce qui ne cesse de le produire et de le reproduire : la quête de la puissance, le besoin de vaincre, le désir de dominer, la soif de richesse, l'envie d'accumuler, la négation de l'égalité, la politique de la peur, le goût de l'immédiat, l'oubli de la nature, le rejet du différent… »
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