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Critiques de Loïc Le Doeuff (2)
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Un couple ordinaire an 2000

Que dire d’un livre de Loïc Le Doeuff, sinon qu’on aborde en rivage inconnu et qu’on doit accepter de se laisser porter par une musique des mots quelquefois discordante.

Phil et Gilles vivent en couple ou du moins en donnent-ils l’impression et veulent-ils y croire. Phil fait tout pour s’attacher Gilles tout en montrant le plus heureux des visages et en croyant à sa chance. Quand la maladie frappe, les cartes sont rebattues et la réalité redonne de nouveaux rôles.

Après une longue interrogation liée au style très personnel de l’auteur, j’ai poursuivi ma lecture car je le connais et les poèmes dédiés à son frère, précédemment chroniqués, m’avaient particulièrement émue. Mais comment ne pas se perdre dans des paragraphes où l’on aurait envie de mettre les mots dans ce qui nous semblerait être le bon ordre. Mais il faut s’en empêcher car l’ambiance créée correspond sûrement à ce que le narrateur veut exprimer : la vie en couple des deux personnages dans laquelle la relation physique compte énormément.

Mais il y a aussi l’entraide, la solidarité, l’engagement qui s’expriment. Ce n’est pas parce que c’est brut que ce n’est pas poésie des sens et des âmes. On sent le vrai derrière les situations, et si l’on ne comprend pas tout on retrouve des liens d’amour ou des inimitiés des familles bien identifiables.

Je vous engage à bien lire la quatrième de couverture, elle vous en dit beaucoup. Le visuel aussi. Si vous aimez sortir des sentiers battus pour vos lectures, foncez.

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Un couple ordinaire an 2000

Philippe et Gilles. Un couple comme tant d’autres. Leur rencontre se fait dans les années 90, et à première vue c’est une rencontre improbable entre le Breton de naissance quoique pas tellement de cœur, Philippe ne se sentant pas d’attache hormis familiale avec sa région d’origine, et l’Aquitain dans son Sud-Ouest natal. Ils s’aiment, ils s’installent ensemble. Philippe, Phil’, Philou, filou par intermittence quand certains besoins se font sentir, n’exerce pas vraiment de métier. Il a eu de vagues occupations professionnelles en Bretagne, dans le temps, et se trouve vaguement en liquidation judiciaire controversée depuis ce temps-là, percevant de vagues loyers de temps à autres. À côté de ça, il écrit. Vaguement. Et Gilles, Gillou, lui, le taiseux, le pas-explicite, le peine-à-exprimer-ses-sentiments, a un vrai boulot, non pas davantage spécifié, et semble si ce n’est pas aisé, tout du moins confortable, financièrement. Si confortable qu’il peut plus au moins entretenir son bien-aimé. Les deux ne font pas de vagues, ça ne jase pas dans leur entourage, leurs familles les acceptent et les intègrent, ils partent en voyage de temps en temps. Un long fleuve tranquille, quoi.



Puis, ça se délite, petit à petit. Gillou commence à sentir les prémices, puis les premiers vrais signes d’une saleté de maladie (une sclérose en plaque, en l’occurrence), mais on n’en parle pas ouvertement, on s’obstine à faire l’autruche. Les deux hommes s’éloignent l’un de l’autre, non pas à cause de la maladie, non pas à cause des infidélités sans gravité de Phil’, mais à cause de la vie et de ses aléas. Et un jour, un autre apparaît – la Chose, comme le surnomme Philippe. Il est là un beau jour, sans crier gare, s’insinue dans leur vie de couple qui n’en est plus un depuis belle lurette, quand on veut être honnête, et à la surprise générale, il fait son apparition non pas aux côtés de Philou le filou intermittent, mais de Gilles. Et tout semble partir à vau l’eau à partir de ce moment-là…



Un couple ordinaire, pourrait-on penser. Une belle histoire d’amour qui se finit en eau de boudin comme il y en a tant, sur cette terre. Mais le livre est bien plus que ça. Il est vrai que les personnages sont uniques, leurs parcours particuliers, leur trajet commun aussi. Puis, Loïc Le Doeuff, l’auteur, ne conte pas cette histoire de façon linéaire, mais en cercle. Il commence donc par la fin (surprise, ce n’est pas celle que vous croyez), puis fait tourner l’aiguille dans le sens de la montre, ou dans l’autre sens, qui peut savoir, le temps et la temporalité étant des phénomènes étranges. Et il veille à ce que la boucle se boucle, à l’arrivée.



Étrange écrivain que ce Loïc Le Doeuff, d’ailleurs. Ceci est le premier roman de sa plume que j’ai lu (après l’avoir découverte – la plume – à travers les nouvelles que j’ai eu l’honneur de lire et de publier dans le dernier numéro de L’Autre Rive, voir l’article consacré à cette sortie). Et j’ai été très déconcerté au début. Je me suis même demandé si j’allais arriver au bout de ce court récit tellement je manquais de repères, de cadre. C’est que ce livre vit de par son écriture – et je crois pouvoir dire qu’il plaira (à certains) et déplaira sûrement (à d’autres) de par et à cause de cette même écriture. Du linéaire, du 100% clair ? N’y pensez pas. Les premiers paragraphes lus, on se dit, ça part dans tous les sens, les phrases et les paragraphes démarrent pour rester en suspens, pour apparemment jamais se finir ou alors se finir de façon différente à celle attendue. Écriture particulière que celle de l’auteur, une écriture toute en raccourcis par-ci, insertions d’adverbes ou groupes adverbiaux par-là, souvent à des endroits où l’on ne les mettrait pas, habituellement. Et surtout, écriture elliptique et en suspensions…



En outre, si j’avais voulu distribuer des virgules, j’aurais pu m’y donner à cœur joie, en insérant l’équivalent d’une année entière, de ces petits signes d’une coupure, d’une hésitation, d’une respiration… Mais à vrai dire, je ne suis même pas sûr, moi, l’obsédé des virgules, de souhaiter en ajouter réellement. Car j’ai compris rapidement. Il ne faut pas s’accrocher à chaque phrase, chaque tournure, chaque mot ; il faut non pas en survoler certains mais, comme quand on rencontre un obstacle à vélo, prendre de l’élan pour passer outre. Et quand on s’y attèle, le livre se livre, l’histoire prend tout son sens, l’écriture s’éclaircit. Et d’un seul coup, j’ai « dévoré » ce roman en un rien de temps. Et j’ai eu l’étrange impression, à travers le livre, l’histoire, l’écriture, de sentir la vie – celle de Philippe et Gilles – s’écouler, pulser ici, ralentir là, s’accélérer ensuite.



Bon, le procédé d’écriture de Loïc Le Doeuff comporte, bien sûr, un petit inconvénient, un danger immanent. Quand on écrit de cette façon, on doit faire en sorte (ou le faire comprendre à son éditeur/correcteur) de ne point pêcher au niveau grammatical ou orthographique. Et malheureusement, j’ai repéré quelques fautes, qui ternissent un peu le ressenti final.



Quoi qu’il en soit, et même si je pense que ce roman ne sera pas la tasse de thé pour tout le monde, je crois également qu’il faudrait lui donner sa chance, le prendre à bras le corps, se laisser envoûter, car c’est une expérience fort enrichissante. Donc, un livre que je recommande de tout cœur.
Lien : http://livresgay.fr/un-coupl..
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