Au Temps
Temps ! par ton aile arbitraire, les heures
Changeantes doivent languir ou voler ;
Ton hiver lent, ton fugace printemps
Ne nous poussent ou traînent qu'à la mort :
Salut à toi ! qui à mon aube offris
Ces dons connus de ceux qui te connaissent ;
D'autant mieux je soutiens ton faix
Qu'en porte à présent le poids seul.
Qu'un tendre cœur ne doive partager
Les âpres moments que tu dispensas ;
Et pardon à toi qui pus ménager
À ceux que j'aimais, la paix ou le ciel.
Pour peu qu'ils aient joie ou repos, sur moi
Tes futures rigueurs resteront vaines ;
Je ne te dois que des années,
Dette déjà payée en peine.
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