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Citation de michelekastner


Quand Marthe s'assit, droite et sévère, près de la cheminée, Guérin s'installa à ses pieds sur un tabouret.
" Madame, murmura-t-il d'un ton déférent, permettez-moi de vous dire quelle a été ma joie lorsque, au cours de ma visite dans son cabinet, votre mari m'a accordé le privilège de voir les cahiers manuscrits de son frère que j'admire tant. "
Et, comme la dame l'écoutait sans répondre avec un sourire figé, il insista :
" Vous devez posséder une immense quantité de manuscrits, de lettres, de papiers de votre beau-frère. Comme cela doit être passionnant ! "
La voix nasillarde, presque stridente, de Marthe s'éleva au-dessus du bourdonnement du salon :
" Ne m'en parlez pas, cher monsieur ! Nous sommes envahis de papiers en tout genre. Mais mon mari et moi sommes en train de mettre un peu d'ordre dans ce fatras de lettres, de cahiers, de billets...Nous brûlons...nous brûlons tout ! "
Sur ce, satisfaite d'elle-même, un sourire froid aux lèvres, elle se tut.
Bouleversé par les paroles de Marthe, Jacques eut l'impression que les flammes qui s'échappaient de la cheminée près de laquelle il était assis étaient celles qui avaient réduit à néant les souvenirs et les témoignages d'un génie. Il quitta la pièce troublé et effaré, se disant qu'il n'était nul besoin de guerres ou de révolutions pour faire oeuvre de destruction. Les héritiers, les familles, songea-t-il inconsolable, s'arrogeaient eux-mêmes le droit d'effacer des traces et des témoignages précieux.
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