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Citations de Lorenza Foschini (15)


Introduction

En fouillant davantage j'ai découvert que la période napolitaine du noble révolutionnaire [Bakounine] avait été l'une des plus heureuses et des plus fécondes de sa vie turbulente et impécunieuse, et que cela n'était peut-être pas sans lien avec une certaine Zoé Obolenskaîa, arrivée à Naples peu de temps après lui. Une drôle d'amitié naquit alors entre ces deux Russes, aristocrates, rebelles et exilés, au cours de l'une des périodes les plus fascinantes de l'histoire européenne.
En creusant encore un peu, je me suis aperçue que la vie aventureuse de la princesse, avant qu'elle ne tombe dans l'oubli, avait aussi inspiré de grands écrivains. De Henri James, avec son personnage de la -Princesse Casamassima- , à Joseph Conrad qui en fit un portrait féroce à travers Madame S. dans -Sous les yeux de l'Occident-, en passant par Léon Tolstoï, qui la prit comme l'un des modèles, sinon le modèle principal , d'Anna karénine. (p.11-12)
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J'avais vingt ans lorsque Proust est entré dans ma vie. Je séjournais à Naples dans une grande maison du quartier Monte di Dio, aux occupants aimables mais peu habitués à lire. Je couchais à l'étage supérieur, dans une chambre qui donnait sur une terrasse avec vue sur la mer.
C'était l'été je n'arrivais pas à m'endormir. Soudain parmi les objets qui se trouvaient sur une étagère proche du lit, j'ai aperçu un livre de poche qu'un invité précédent avait dû oublier. Son titre était engageant : "Un amour de Swann".
Je me suis assise dans un fauteuil, à côté de la fenêtre grande ouverte, et je me suis plongée dans cette lecture. Quand je l'ai achevée, le jour s'était levé. Malgré le manque de sommeil, j'étais en proie à l'excitation qu'on éprouve lors d'une grande découverte, ainsi qu'au besoin pressant d'acheter "Du côté de chez Swann" dès l'ouverture des librairies, puis de reprendre le roman depuis le début.
Jean Genet a bien décrit ce genre d'expérience, ou plutôt de révélation. Proust vint à lui, non dans une merveilleuse maison au bord de la mer, mais au cours de ses innombrables séjours à la prison de la Santé, en 1940 : " On était dans la cour de la prison et on échangeait des livres en douce. C'était pendant la guerre et comme je n'étais pas tellement préoccupé par les livres, je suis un des derniers et on me dit : "Tiens, toi, tu prends ça." Et je vois Marcel Proust. Et je me dis :"Mais ça doit être emmerdant." [...] J'ai lu la première phrase d' A l'ombre des jeunes filles en fleurs [...] Et quand j'ai fini la phrase, j'ai fermé le livre et je me suis dit :"Maintenant je suis tranquille, je sais que vais aller de merveille en merveille."* (p. 9)

(* Jean Genet, L'ennemi déclaré, Paris, Gallimard, 1991, p. 166)

Avant-Propos - 1, Monte di Dio, Naples été 1970
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Deux garçons se regardent, se scrutent dans la serre de Madeleine Lemaire ; l'un, beau, vigoureux, issu d'un monde lointain, qui a voyagé dans l'Europe entière, qui connaît et parle parfaitement quatre langues, qui a déjà goûté à la satisfaction et au poids du succès ; l'autre, marqué par une santé fragile, rarement sorti de son pays, qui ne parle que le français et qui est encore à la recherche de son avenir. Tous deux sont juifs, du côté maternel dans le cas de Marcel, du côté paternel pour Reynaldo. Tous deux sont homosexuels. Deux aspects fondamentaux de leur formation, indissolubles et déterminants pour leurs existences, comme pour leurs arts : dans la société de l'époque, on les ressent déjà comme une double condamnation.
Deux garçons de vingt ans qui n'imaginent pas qu'en ce soir de printemps vient de naître quelque chose qui remplira pour toujours leurs vies (p. 42 - 43).

Chapitre 6
31, rue de Monceau
Dans la serre
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Quand Marthe s'assit, droite et sévère, près de la cheminée, Guérin s'installa à ses pieds sur un tabouret.
" Madame, murmura-t-il d'un ton déférent, permettez-moi de vous dire quelle a été ma joie lorsque, au cours de ma visite dans son cabinet, votre mari m'a accordé le privilège de voir les cahiers manuscrits de son frère que j'admire tant. "
Et, comme la dame l'écoutait sans répondre avec un sourire figé, il insista :
" Vous devez posséder une immense quantité de manuscrits, de lettres, de papiers de votre beau-frère. Comme cela doit être passionnant ! "
La voix nasillarde, presque stridente, de Marthe s'éleva au-dessus du bourdonnement du salon :
" Ne m'en parlez pas, cher monsieur ! Nous sommes envahis de papiers en tout genre. Mais mon mari et moi sommes en train de mettre un peu d'ordre dans ce fatras de lettres, de cahiers, de billets...Nous brûlons...nous brûlons tout ! "
Sur ce, satisfaite d'elle-même, un sourire froid aux lèvres, elle se tut.
Bouleversé par les paroles de Marthe, Jacques eut l'impression que les flammes qui s'échappaient de la cheminée près de laquelle il était assis étaient celles qui avaient réduit à néant les souvenirs et les témoignages d'un génie. Il quitta la pièce troublé et effaré, se disant qu'il n'était nul besoin de guerres ou de révolutions pour faire oeuvre de destruction. Les héritiers, les familles, songea-t-il inconsolable, s'arrogeaient eux-mêmes le droit d'effacer des traces et des témoignages précieux.
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Au loin se détachent les cimes pointues et dépouillées de l’Epomeo, du mont Rotaro, de l’aiguille de Saint-Nicolas tandis que sur la droite s’ouvre la vallée, jalonnée de maisons entre les vignes et les oliveraies qui descendent vers Lacco Ameno. Par une nuit claire et étoilée, on aperçoit la petite plage, le ressac blanc des vagues et, au milieu de l’eau, « Il Fungo », cet étrange bloc de tuf vert érodé par la mer qui, au fil des siècles, lui a donné une forme de champignon.
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C’est à cette occasion que Bakounine énoncera publiquement les principes de l’anarchisme : « je veux l’organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut, par la voie de la libre association, et non du haut en bas par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste ! »

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« Je déteste le communisme, » proclame-t-il solennellement à Berne le 21 septembre 1868 lors du deuxième congrès de ka ligue de la paix et de la liberté, « parce qu’il est la négation de la liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l’Etat, parce qu’il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l’Etat, tandis que ce que je veux, c’est l’abolition de l’Etat, l’extirpation radicale de ce principe de l’autorité et de la tutelle de l’Etat qui, sous le prétexte de moraliser et de civiliser les hommes, les a jusqu’à ce jour asservis, opprimés, exploités et dépravés. »
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Herzen, piqué au vif, use dans une lettre à Ogarev de paroles enflammées : « Aucune nouvelle de Bakounine, sauf que son pantalon a perdu son dernier bouton et ne tient que par la force de l’habitude et d’une attirance sympathique. »
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Bakounine : « Je suis un amant féroce de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au sein duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des hommes. »
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Son activité, sa paresse, son appétit et tout le reste, telles ses proportions gigantesques et son éternelle transpiration, tout était à une échelle surhumaine, comme lui-même, géant à tête de lion, à crinière hirsute.
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"Princesse, depuis que j’ai conscience de moi-même, je suis révolutionnaire." (en français dans le texte)
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L’un comme l’autre sont rebelles, transfuges, exilés ; deux personnages que leurs compatriotes tiennent pour fous et extravagants: un révolutionnaire jugé violent et dangereux, déjà condamné à mort, fugitif et recherché par la plupart des polices européennes, et une grande dame de l’aristocratie élevée au milieu des ors et des stucs des palais moscovites et saint-pétersbourgeois, que son milieu regarde comme un esprit exalté. Et cependant, ils ont beaucoup en commun.
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Le parfumeur touche délicatement le manteau, effleure les boutonnières et les boutons, qui ont été déplacés pour mettre le manteau croisé à la mesure du corps plus jeune et plus mince du brocanteur. Les noeuds de fil épais de l'ancien boutonnage sont encore visibles. Sa main glisse jusqu'à l'ourlet décousu, attaqué par l'eau de la Marne, puis il défait les boutons et tâte la fourrure de loutre noire, fanée à présent, et dont les poils clairsemés laissent voir l'envers du tissu en laine. En serrant entre ses doigts ces bouts d'étoffe râpée, il éprouve peut-être la même émotion qu'en feuilletant les pages d'un livre rare ou les papiers froissés d'un manuscrit miraculé. Quelque chose qui ne devait pas disparaître est venu à lui.
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Pour les passionnes de Proust - du bonbon!
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... A quelques pas de l'éclatante sépulture en marbre de Marcel, Reynaldo gît ainsi qu'il a toujours vécu, dans une atmosphère d'un autre temps, désuète et poignante.
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