Lou Duval

C'est à cet instant que je prends ma décision. S'il ne se souvient plus de moi, tant pis. Il est tombé amoureux une fois, il retombera amoureux une seconde fois. Il m'a couru après la première fois ? C'est moi qui vais lui courir après, à présent.

Il se retourne brièvement et m’envoie un nouveau « je t’aime » muet. Puis il prend son élan et se dirige en courant vers le centre du terrain où l’attend le reste de l’équipe.

Il revient vers moi et pose ses deux mains immenses sur mes bras qui me semblent soudain tous petits. Que cet homme est beau ! Son maillot de rugby bardé de sponsors moule son torse immense et impressionnant. Il est tellement sexy, un vrai rêve.
 
Et il est à moi. À moi toute seule. Notre début de relation est idyllique. Je n’ai jamais été aussi bien. Tout est tellement… parfait… il est attentionné, aux petits soins. Il me surprend chaque jour. Une attention, un cadeau, simplement un câlin ou un massage, un grand restaurant ou un plateau-repas devant un film nul, tous les deux sur mon canapé, dans mon petit appart sous la couette.

- Voilà ce que je te propose : si tu parviens à m'affirmer sans ciller en me regardant au fond des yeux que tu ne penses pas à moi constamment. Que si je ne suis pas dans l'enceinte de ce stade, ce sera pour toi comme si je n'existais pas... Alors je m'en vais.

- Qu'est-ce que tu as ma puce ?
- Je suis amoureuse.
- Oui, ce n'est pas une nouvelle. Et c'est à cause de ça que tu fais la tête ?
Elle opine du chef.
- Tu sais, normalement, ça rend plutôt les gens heureux ?
- Mais il me manque ! C'est terriblement désagréable de ne pouvoir se séparer une seule seconde de quelqu'un sans devenir dépressive.

mieux vaut etre ligote au fond d'un cachot que de s'ennuyer sur le canape

Je me réveille en sursaut. Encore le même cauchemar. Ou plutôt la même tourmente qui chaque nuit me replonge dans le pire moment de ma vie : assister au mariage de Scott Smith, l’entendre jurer de partager le reste de sa vie avec Fiorella puis me faire jeter par la sécurité comme une malpropre.
 
Il est quatre heures du matin, je suis réveillée et je sais pertinemment que mon stress va m’empêcher de me rendormir