Le Conseil municipal délibéra et, suivant sa Commission, décida, le 6 février 1851, que M. Boudin, Eugène-Louis, était autorisé à aller étudier, pendant trois ans, la peinture à Paris aux frais de la ville du Havre. Il adoptait le chiffre de 1,200 francs proposé par la commission et invitait M. Boudin à envoyer chaque année au Havre un ou plusieurs tableaux destinés à prendre place au musée, s'ils en étaient jugés dignes. Enfin, le maire était autorisé à suspendre l'allocation s'il venait à lui être démontré que le titulaire n'apportait pas à ses travaux le zèle et la persistance qu'on était en droit d'attendre de lui.
Ainsi, les pays lointains entrent dans la littérature, embellis par l'imagination des premiers voyageurs. Ainsi, de tout temps, coexistent ceux qui partent et ceux qui restent, les errants et les sédentaires, les premiers que la curiosité de voir pousse vers les terres lointaines, hommes actifs et aventureux, les seconds que le désir de savoir incite à interroger les voyageurs et que satisfait le récit verbal ou écrit des courses accomplies.
L'année 1850 devait être capitale pour Boudin. Cette année-là, en effet, il envoie plusieurs oeuvres à l'exposition des Amis des Arts de la ville du Havre. La Société ne se borne pas à acheter deux études au jeune peintre; elle s'adresse au maire et au Conseil municipal de la ville. Elle leur signale que son attention a été particulièrement appelée par les toiles de Boudin:« Sa composition facile, son coloris brillant et vrai donnent les plus belles espérances et nous pensons ne pas nous tromper en disant que Boudin est une de ces organisations privilégiées qui doivent se faire un nom dans l'histoire de l'art.
L'homme primitif, riche seulement d'instincts, dépourvu de traditions ancestrales, pauvre de moyens et déjà tourmenté par un infini de désirs, ne connaît pas encore l'art de remédier par la culture, le commerce et l'industrie, autrement dit, par la volonté de l'expérience acquise, à l'épuisement rapide du sol qui le nourrit, à la rigueur de l'atmosphère.