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Citation de yannickrenard


Louis Destouches est revenu du front mutilé dans sa chair et dans son esprit et, comme tous les anciens combattants de la Grande Guerre, imprégné de l’idée du « plus jamais ça » et de l’espérance qu’il s’agissait bien de la « der des der ». C’est pour tenter d’éviter le retour de semblables horreurs que Céline a écrit Voyage au bout de la nuit, mais ce ne sont malheureusement pas les écrivains, si talentueux soient-ils, qui changeront le monde.
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Ça ne servait à rien de se révolter. C’est la première fois dans cette mélasse pleine d’obus qui passaient en sifflant que j’ai dormi, dans tout le bruit qu’on a voulu, sans tout à fait perdre conscience, c’est-à-dire dans l’horreur en somme. Sauf pendant les heures où on m’a opéré, j’ai plus jamais perdu tout à fait conscience. J’ai toujours dormi ainsi dans le bruit atroce depuis décembre 14. J’ai attrapé la guerre dans ma tête. Elle est enfermée dans ma tête.
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C’est des fatigues qui n’ont pas de nom, celles qu’on tient de l’angoisse. On sait bien ce qu’il faudrait faire dormir pour redevenir un homme comme les autres. On est trop fatigué aussi pour avoir l’élan de se tuer. Tout est fatigue.
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J’aurais pu refuser. J’ai pas refusé. Top, que j’ai dit, le vent souffle Ferdinand, pare ta galère, laisse les cons dans la merde, laisse-toi pousser, croye plus à rien. T’es cassé plus qu’aux deux tiers mais avec le bout qui reste tu vas encore bien te marrer, laisse-toi souffler debout par l’aquilon favorable. Dors ou dors pas, titube, trombone, chancelle, dégueule, écume, pustule, fébrile, écrase, trahis, ne te gêne guère, c’est une question de vent qui souffle, tu ne seras jamais aussi atroce et déconneur que le monde entier. Avance, c’est tout ce qu’on te demande, t’as la médaille, t’es beau. Dans la bataille des cons de la gueule t’es enfin en train de gagner très haut, t’as ta fanfare particulière dans la tête, t’as la gangrène qu’à moitié, t’es pourri c’est entendu, mais t’as vu les champs de bataille où qu’on décore pas la charogne et toi t’es décoré, ne l’oublie pas ou t’es que l’ingrat, le vomi déconfit, la raclure de cul baveux, tu vaux plus le papier qu’on te torche.
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