Sans doute la pièce la plus connue de son auteur, créée à la Comédie-Italienne en 1721. Nous sommes bien au siècle des Lumières, où les philosophes s'interrogent sur les normes sociales, portent un regard sur les autres cultures qui ne sont plus uniquement envisagées comme inférieures, ridicules ou barbares, et traquent l'universel partout. Le sauvage, qui n'est pas atteint par la corruption de la civilisation, peut avoir un regard qui oblige à se questionner sur la société telle qu'elle est et la remettre en question. On peut évidemment questionner cette notion du sauvage en dehors de la civilisation. Parce que l'homme est par définition un animal social depuis que l'espèce existe, et donc toujours tributaire d'une culture définie par le groupe dans lequel il vit. Simplement, ces cultures n'en semblait pas être aux yeux des Européens du XVIIIe siècle. Mais c'était quand même le départ d'une démarche moins ethnocentrique et une reconnaissance de l'autre malgré son altérité.
Dans la pièce, Lelio, suite à un naufrage, ramène en Europe, Arlequin, un sauvage qu'il a recueilli dans ses voyages. Ce qui donne lieu à des scènes comico-philosophiques, lorsque Arlequin confronté à certaines spécificité de la vie "civilisée" contrevient aux usages ou les questionne. Et donne quelques leçons de bon sens à son protecteur et ses amis. Le tout agrémenté de l'inévitable intrigue amoureuse.
J'ai vraiment trouvé cette pièce intéressante, un mélange entre comédie et réflexion qui sait ne pas être trop lourde. Ce n'est pas aussi abouti que Marivaux, à qui le Théâtre-Italien et le personnage d'Arlequin font forcément penser, mais c'est une pièce qui a,à mon avis, un intérêt non seulement historique. Même si l'opposition culture-nature, telle qu'elle est posée, date et semble un peu naïve.
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