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Citation de Berthelivre


Werner s’était collé au garde-à-vous contre le mur. Le Général s’arrêta.
Un temps.
- Voilà un robuste gaillard, dit-il. Il le toisa des pieds à la tête. Werner ne broncha pas.
- C’est le cuisinier de l’hôpital... un des cuisiniers, mon Général, expliqua M. l’Econome. On nous l’a prêté pour notre petite réunion.
- Un Alsacien, dit Nabucet.
- Tiens, tiens, dit le Général en se grattant le menton. Mais, mon garçon, pourquoi ne vous êtes-vous pas engagé ? Vous venez du camp des prisonniers civils ?
- Oui, mon Général.
- Vous avez des parents en France ?
- Non, mon Général.
- Et... faisiez-vous partie d’une société française quelconque ?
- Aucune, mon Général.
- Est-ce que vos parents étaient français avant 1870 ?
- Oui, mon Général.
- Est-il en mesure de le prouver ?
- Mon Général, dit Bacchiochi, la question s’est posée déjà plusieurs fois. Il a même été convoqué à la Préfecture spécialement à cet effet et son dossier a été examiné.
- Je veux bien le croire, mais dans tout ceci je ne vois pas la raison qui empêcherait ce garçon de rejoindre la Légion Etrangère. Qu’en pensez-vous ? dit-il en s’adressant à Werner.
Werner n’avait pas bougé d’une ligne.
- J’ai deux frères mobilisés en Allemagne, mon Général.
- Ah ! Ah ! Et ils se battent ?
- Oui, mon Général.
- Sur quel front ?
- Je l’ignore, mon Général.
- Bien, bien. Vos scrupules sont respectables. Mais en fin de compte, vos frères sont alsaciens, comme vous. Pourquoi se battent-ils contre nous ? Oui, je sais, la question est très délicate, mais à mon avis, puisque vos frères se battent, jeune homme, je ne vois pas pourquoi vous n’en feriez pas autant. N’est-ce pas évident ? demanda le Général en se tournant vers l’assistance.
Ils opinèrent tous, les uns de la voix, les autres du bonnet seulement.
- Permettez, mon Général, j’ai encore mon père et ma mère.
- Oh ! A votre âge, voyons, vous êtes bien assez grand pour vous passer de leur avis.
Il se décida à reprendre la montée. Werner salua et descendit.
- On ne surveille pas assez ces cas particuliers, conclut le Général. Il faudra suivre cette affaire-là...
« Foutu » pensa Werner.
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