Louis Oury

Véritable roman historique retraçant un fait divers et des troubles sociaux dans les Pays de Loire au milieu du XIXème siècle. L'auteur a fait le choix de lier ces deux évènements : son raisonnement pour cela est assez alambiqué mais il s'en explique dans le détail dans la postface. Ça m'a semblé très bien documenté et on se sent parfaitement transporté dans l'époque, grâce notamment au vocabulaire employé par les personnages mais pas que. L'écriture est agréable et les scènes d'action sont souvent bien amenées et rythmées. On notera cependant un gros parti pris « politique » de l'auteur, tant dans la relation des troubles sociaux que dans celle du fait divers (l'affaire « Rouget le braconnier ») : ça manque beaucoup de nuance en la matière. De plus, on a parfois l'impression que notre braconnier est le fils caché de Zola Budd avec Bob Beamon ou Serguei Bubka : pour échapper aux gendarmes, il sprinte pendant des heures et des heures sans jamais s'arrêter dans les champs et les forêts, pieds nus (sabots dans ses mains), traversant d'un bond des rivières de plusieurs mètres de largeur ou sautant par-dessus (si si) des gendarmes qu'il trouve face à lui... On devine que ces « exploits » ont été transmis oralement au coin du feu durant plusieurs générations dans les Pays de Loire (un peu comme la vie de Mandrin), mais ce roman est construit principalement comme un drame social, et non pas comme une comédie burlesque ou un conte pour enfants, et ces exagérations répétées nuisent quelque peu à la crédibilité de l'ensemble.