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Citation de cocomilady


"Deux hommes sombrement vêtus couraient à toute vitesse
entre les arbres d’une forêt. Sous l’orage battant leur cape
noire et leurs cheveux trempés, ils poursuivaient une paysanne
dont les haillons étaient maculés de fange et de pluie.
La femme s’écorcha les mains à l’écorce d’un arbre en effectuant
un virage précipité et dut se pencher vers l’avant afin
d’éviter la branche énorme d’un conifère. Elle parcourait constamment
l’horizon ténébreux de ses yeux, cherchant désespérément
un endroit où se cacher, mais ses deux poursuivants
n’étaient plus qu’à quelques mètres d’elle ; elle entendait leurs pas
se rapprocher, voire le sifflement de leur expiration accélérée. Elle
fuyait depuis ce qui lui semblait plusieurs minutes ; sa respiration
saccadée se changeait lentement en un râle profond, ses jambes
devenaient molles et sa détresse lui montait de plus en plus à la
gorge.
Elle enjamba dans sa course ce qu’elle crut être le cadavre
d’une autre personne. Une autre femme. Un simple regard à l’arrière
vers la dépouille suffit à la faire trébucher sur une racine et
tomber genoux premiers dans les feuilles mortes. Elle tenta de se
relever, mais son corps lui semblait trop lourd. À peine avait-elle commencé à se redresser qu’un des deux hommes, dans un élan
brutal, la plaqua contre terre et l’immobilisa de tout son poids.
Des cris résonnaient dans toute la forêt ; elle n’était pas la
seule qui cherchait à s’enfuir… ou à s’être fait rattraper. Il était
possible d’apercevoir, entre la dense végétation, des hommes et
des femmes courir dans tous les sens.
La paysanne comprit que tous ses efforts pour se défaire de
l’emprise étouffante étaient inutiles et il ne fallut que quelques
secondes avant qu’elle ne cesse de se débattre et s’avoue vaincue,
n’offrant plus la moindre résistance.
L’homme qui l’avait rattrapée, un jeune à l’allure fière, se
releva victorieusement. Il coiffa sa chevelure de ses doigts, puis
invita son complice à prendre le relais. Le second, plus frêle et
d’apparence plus âgée, tenait d’une main son épaule ensanglantée
et scrutait les alentours en haletant.
— Où sont les enfants ? demanda-t-il sèchement à la victime
en lui relevant le menton sanguinolent de sa botte.
Un silence vibrant lui rendit la réplique.
— OÙ SONT LES ENFANTS ? tonna-t-il en empoignant sauvagement
les cheveux de son allocutaire, qui se mit à gémir.
Le vieil homme se pencha alors sur sa proie :
— Croyez-vous vraiment nous échapper en cachant des
bâtards dans des grottes ?
Il tira les cheveux de la femme de plus belle, si bien que son
visage en sueur ne fut plus qu’à quelques centimètres du sien.
— Je jure de retrouver chacun d’eux, ajouta-t-il d’une voix
enragée. De les tuer. Un par un.
Le plus jeune, qui était demeuré silencieux jusqu’alors,
s’avança lentement, tout en retirant de sa gaine une dague
étincelante.
— Bonne nuit, chère, murmura-t-il sans le moindre entrain."
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