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Critiques de Louis Pinto (1)
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2012 : les sociologues s'invitent dans le débat

Ni incantation ni capitulation



« il s’agit de favoriser sur des points précis la formulation de principes d’action en deçà desquels une gauche digne de ce nom ne pourrait que se déjuger : non pas placer la barre très haut, la placer plutôt au minimum, un minimum qui pourrait aussi être l’essentiel, bref, qui ne saurait être escamoté. » Pour Louis Pinto être radical « c’est après avoir pris connaissance des questions posées, chercher des réponses qui pourraient être à la hauteur de ces questions ». L’auteur souligne de plus « une action progressiste n’a de sens qu’en relation avec les classes populaires dont elle vise à améliorer le sort à la fois objectivement (conditions matérielles d’existence) et subjectivement (sentiment de dignité, espoir dans l’avenir) ». J’aurais ajouté : qui vise à créer les conditions de l’auto-organisation des classes populaires.



Je souligne souvent le jargon des sociologues, pour ne pas dire d’entrée, que ce livre ne souffre pas de ce défaut.



Mes connaissances ne me permettent pas d’aller en profondeur sur les articles sur l’université et la recherche. L’article sur l’école me semble en retrait par rapport aux analyses du GRDS Propositions pour une refonte du système éducatif (Editions La dispute 2012)



Plusieurs ”entrées” manquent, notamment sur la réduction radicale du temps de travail, sur l’énergie (plus généralement sur la crise globale de notre relation à l’environnement) et sur l’armée (cette grande muette qui coûte si cher et qui est au centre des guerres menées, souvent contre les droits des peuples).



Reste aussi un silence pesant. Une fois de plus, une fois encore, les auteur-e-s semblent majoritairement contourner les rapports sociaux sexués et la racialisation des individu-e-s, leurs effets bien réels et faire comme si les actrices et les acteurs, les salarié-e-s appartenaient à un genre neutre qui n’existe pas.



Au delà de ces limites, les articles sont de grande qualité, tant du point de vue des analyses que des propositions. Ils représentent des éléments forts d’une base d’unité, pour une alternative majoritaire crédible. Je n’en évoque que certaines parties.



Plan de l’ouvrage :



Aller à l’essentiel (Louis Pinto)



Sortir du capitalisme financier, étape nécessaire, mais non suffisante d’une alternative globale (Frédéric Lebaron). « il convient aussi de travailler à l’élaboration d’une alternative économique et sociale cohérente face aux logiques du capitalisme financier, qui rende crédible la perspective d’une ”autre dynamique” ». L’auteur traite de la domination du capitalisme financier, de l’ordre et du désordre néolibéraux et de la difficulté à rendre visibles « les causes structurelles profondes inhérentes aux structures sociales de l’accumulation dans le contexte du capitalisme financier ». Les réponses proposées ne peuvent être qu’un « guide général d’action » et sont déclinées autour de la réduction forte et structurelle des inégalités de revenus et de patrimoines, l’anéantissement de la spéculation financière, un nouveau système bancaire et le développement de solidarités, « il s’agit d’inverser des logiques systémiques et d’en mettre en place de nouvelles, plus cohérentes, ambitieuses et efficaces ».



Remobiliser électoralement les milieux populaires (Céline Braconnier). L’auteure nous rappelle judicieusement que les électorats « n’existent qu’au travers des entreprises de mobilisation qui les produisent » et que « la gauche a manqué son ‘rendez-vous’ avec la génération des enfants de l’immigration ». Elle suggère, entre autres, une réforme de l’inscription sur les listes électorales et l’abaissement de l’âge de la citoyenneté électorale à 16 ans.



Une démocratie sociale apportant plus de pouvoir aux salariés (Sophie Béroud et Karel Yon) reviennent sur la modification de la hiérarchie des normes « atteinte au principe de l’ordre social » et sur « une accentuation de l’autonomie conférée à la négociation d’entreprise ». Les interventions des pouvoirs publics accentuent « l’inégalité de fait liée au rapport salarial » et cède « à la fiction de partenaires jouant sur un pied d’égalité dans le monde travail », sans oublier l’évacuation complète de la « notion de conflit ». Les auteur-e-s soulignent que « le cadre juridique de l’entreprise correspond de moins en moins à une réalité pertinente à l’heure du capitalisme financier et de l’entreprise en réseau ».



Elle et il n’oublient pas de traiter de l’institutionnalisation des équipes syndicales « Aujourd’hui l’agenda syndical dans les entreprises est davantage dicté par les injonctions de l’État à négocier et les revendications patronales que par les préoccupations des salariés ». En conclusion, Sophie Béroud et Karel Yon insistent « faire primer l’utilité sociale sur la recherche du profit revient à remettre en cause le pouvoir discrétionnaire des directions d’entreprise et des actionnaires » , autrement dit, il est nécessaire de faire des « incursions » dans le droit de propriété.



Pour une réappropriation collective de la démocratie locale (Michel Koebel). Si l’expérience du budget participatif de Porto Alegre, qui n’a rien à voir avec les propositions du parti socialiste, n’est pas évoquée, l’auteur indique cependant qu’il est nécessaire de « replacer la démocratie locale sous le signe de la décision collective ». Il ajoute « Avant tout, il paraît nécessaire de réaffirmer un principe que l’on a tendance à oublier : chaque citoyen est capable de prendre des responsabilités politiques et de les assumer ».



La désocialisation de la santé (Frédéric Pierru) : le tableau dressé est particulièrement édifiant. Parmi des propositions clairement expliquées, celles pour l’équilibre de la sécurité sociale (l’auteur entérine la CSG et ne dit rien sur les exonérations de cotisations sociales).



« Délinquance zéro » (Gérard Mauger). L’auteur commence par rappeler que « la défense des intérêts d’une minorité – bourgeoisie, classes dominantes ou ”élites” – ne peut que tenter de se présenter comme celles des intérêts de tous » et qu’en présentant certain-e-s comme privilégié-e-s et d’autres comme assisté-e-s, « les porte-paroles politiques et médiatiques des classes dominantes entravent toute possibilité d’unification des classes populaires ». Il analyse la sociogenèse de la délinquance et la totale inadaptation des politiques menées.



Une autre justice (Laurent Willemez) ou la multiplication des lois et la mise sous tutelle du pouvoir judiciaire (son affaiblissement).



Remettre les droits des étrangers au centre des politiques d’immigration (EmmanuelBlanchard et Alexis Spire). Les auteurs soulignent que le bouclage des frontières est contradictoire à l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme. Sur ce sujet on pourra se reporter à la récente brochure de la Cimade : Migrations : État des lieux 2012

Ils proposent de défendre le droit à quitter son pays et construire une politique de l’hospitalité.



Un chômage contre les chômeurs ? (Emmanuel Pierru). Faut-il le répéter les chômeuses et les chômeurs ne sont pas des ”parasites sociaux”, l’assurance chômage (il ne s’agit pas en fait d’une assurance mais bien d’un salaire socialisé) « assure de moins en moins ». La création de Pôle emploi a encore dégradé la situation, et les radiations administratives se multiplient ; sans oublier la mise à l ’écart des chômeuses, des chômeurs et de leurs organisations, dans les discutions entre gouvernement, patronat et syndicats.



L’école pour tous, enfin ! (Bertrand Geay)



Université : contre la bureaucratie de marché (Bertrand Geay, Samuel Bouron et Pierre Clément)



Une recherche résolument publique et vraiment autonome (Louis Pinto)



Transformer les médias (Henri Maler)



Affranchir les sondages politiques de l’emprise du marché (Rémy Caveng)



Une réelle invitation au débat autour de propositions à la fois crédibles et de rupture avec l’ordre/désordre établi.
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