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Citation de Jenndrix


Je ne peux parler en mon nom, car de nom je n’en ai pas. Dire je serait déjà mentir, car ce je, noir sur blanc, sur cette page, dans le livre, n’est pas mon lieu. Longtemps pourtant tu t’es tenue dans le mensonge, et dans le langage, avant de comprendre que ces mots n’étaient pas les tiens. Qu’ils ne permettaient pas de te dire telle que tu es. Longtemps tu as dit je, comme si c’était seulement possible, te tenir seule, en toi. Le miroir s’est brisé et tu as volé en éclats. Tout était trop propre, trop simple, facile. C’est dégueulasse. Recoller les morceaux tu voudrais. Comme des fragments de toi. Mais toi qui es-tu ? Et as-tu le droit de parler, toi, en ton nom ? Et avec quels mots, et comment dire la dépossession ? Et la honte, et les caillots de sang dans la culotte, et le sang qui ne vient plus ? Et ce trou d’ombre ? Et la douleur du corps qui fait défaut, qui se terre, dans les recoins, les cavités, les cloaques de l’existence ? Et toi qui femme, n’es qu’un corps tout entier ?Mais tu recules devant le nous car, tu sais sa tyrannie, et qu’aucune douleur ne se partage, sauf à mentir et tu voudrais : sortir du mensonge. Ne pas le redoubler. Pourtant, il te semble que cette douleur qui te blesse n’est pas la tienne seule, que d’autres aussi l’ont éprouvée et qu’elle n’est pas de ta faute. Qu’elle est celle que le monde a forgée pour toi. Car à bien creuser le silence, à fouiller la merde, à remuer les invisibles, il te semble qu’il y a quelque chose qui vous lie. C’est, peut-être, cette façon particulière de n’être pas soi, d’être toujours déjà une image. D’être toujours déjà, d’abord, une femme.
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