Une entreprise comme l'amour se développe ou regresse, le sur-place est le trépas. Au boulot, comme au lit, il faut frimer en ondulant ; je le fais parfaitement dans mes slims moulants.
Nous vous accompagnerons toute votre vie à condition qu'elle soit réussie. Si ensemble nos désintéressés clients remettaient en cause la tarification qui leur est appliquée, ils ne pourraient en aucun cas y parvenir. Se révolter contre les banques a autant de chance d'aboutir que la démocratie en Chine ou le droit à l'avortement en Arabie saoudite. Je comprends votre hargne mais pauvre ou riche, vous ne pouvez pas vous passez de nous. Il n'est pas malin de casser nos vitrines, derrières nos murs fructifie votre argent. Les gouvernements se succèdent, les banques restent.
Je n'aime pas l'humilité, antinomique avec le pognon, mais j'en conviens, il n'est pas sorcier de vendre des services indispensables à des personnes soit terrorisées, soit gargarisées de réussite dont il suffit de flatter l'égo. Malgré les tracts syndicalistes appelant régulièrement à la révolution et dénonçant une pression commerciale essentiellement subie par les clients, personne n'a jamais fait grève, la banque est paisible, notre communauté séculaire nous rend socialement inertes.
A quoi servent les banques, qu'avons nous à vendre ? Des services. Des cartes, des téléphones, de l'assurance, de l'assistance. Si vous poussez la porte de mon commerce en imaginant l'or à foison, moi je pense facturation. Les temps sont durs, même les taux deviennent négatifs. Et les comptes davantage. Je commence ma journée par le traitement des débiteurs, le pire moment de la vôtre.
Posons le sujet : imaginez un monde sans banque, un monde où vous ne pourriez plus retirer d'espèces. Sans comptes, où iraient vos salaires ? Vous régleriez vos courses par quel biais ? Une économie de troc ? Des bitcoins sur Internet ? Vous le stockeriez où l'argent ? Dans le jardin de mémé ? Le voisin aurait-il la courtoisie de ne pas le déterrer ?
Sans nous, c'est le chaos, le far west. Pire que de manger du rat et des rutabagas. Pire que les tsunamis et le nucléaire. Rapidement la violence serait culminante, vous revivriez l'enfer d'un âge de pierre. Si les banques font faillite, le monde s'effondre. Vous nous vomissez mais nous sommes garants de votre sécurité : nous sommes civilisés.
J'accepte à l'occasion une invitation à une pendaison de crémaillère, vernissage ou bar-mitsvah. Car l'âme d'un banquier sait qu'il n'existe aucun vecteur relationnel plus fort que l'argent.
La mode et la publicité engendrent des dépressives payées à susciter des envies inaccessibles, la culture meurt sous la dictature du consumérisme. Tout se paie.
Si les banques font faillite, le monde s'effondre. Vous nous vomissez mais nous sommes garants de votre sécurité : nous sommes civilisés.
La créativité vous laissera seul, la recherche voys exilera, l'argent vous ruinera.