Poème à mon père
Extrait 2
aujourd’hui
nous lui portons une croix neuve que nous avons fait faire pour lui. »
Tu es étendu de ton long sous la terre de mon pays ; elle est lourde de
tourterelles vers ton cou – tes poches sont pleines de pépins
Tu as les pieds nus comme les mendiants qui venaient chercher le pain
que ma mère leur gardait au fond d’un vieux buffet luisant
et qui psalmodiaient leur remerciement d’une voix douce et peureuse en se
courbant.
Mes frères parfois s’arrêtent, mes sœurs font couler de leurs cheveux du
soleil à l’endroit de la terre où elles pensent qu’est ton visage terreux
La route devant serpente avec sa plainte d’essieux
L’église est proche, on entend grommeler le sacristain contre les pigeons
qui fientent sur le parvis.
…